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Alimentation animale/Législation
Dans la perspective de l´interdiction du monensin début 2006, les probiotiques vont se développer

L´utilisation du monensin sera interdite en Europe à compter du 1er janvier prochain. Les probiotiques, notamment sous forme de levure, pourront constituer un palliatif face à cette évolution de la réglementation.


Pour les agriculteurs français, l´année 2006 va d´abord correspondre à la première année de mise en place effective du découplage des aides. Mais cette date va également se traduire par des modifications réglementaires dans la législation relative à l´alimentation animale. Pour les producteurs européens de bovins viande, le premier janvier 2006 signifiera la fin de la possibilité d´utilisation des additifs antibiotiques et tout particulièrement du monensin, un facteur de croissance pouvant être utilisé dans les rations destinées aux bovins, et tout particulièrement aux bovins en cours d´engraissement.
Le Rumensin était déjà très peu utilisé en France
Toutefois, cette modification réglementaire ne va en aucun cas constituer un énorme chamboulement tant pour les éleveurs que pour le secteur français de l´alimentation animale. En effet, après avoir connu ses heures de gloire voici déjà plusieurs années dans notre pays, l´utilisation du monensin, plus connu sous son nom commercial de Rumensin, a déjà été mise en veilleuse.
« C´est un produit qui a été largement utilisé avec satisfaction à une certaine époque, mais cela commence à dater. Son arrêt ne va pas constituer une révolution. En France, depuis plusieurs années déjà, beaucoup d´éleveurs nous demandent des aliments polyvalents, susceptibles d´être distribués à différentes catégories d´animaux. Le Rumensin a été peu à peu éliminé car il est interdit par les cahiers des charges de la plupart des démarches qualité. Si l´agriculteur a choisi de n´avoir qu´une seule catégorie d´aliments pour l´ensemble de son élevage, il n´y aura par définition pas de Rumensin. Pour nous, en tant que fournisseurs de prémix, on ne peut pas dire que son interdiction n´aura aucun impact, mais presque », explique Bruno Martin, ingénieur ruminants pour la firme service Inzo, plus particulièrement spécialisé sur le secteur bovins/viande. Des propos tenus à l´occasion d´une journée organisée par la société Lallemand, productrice de levures, bactéries et autres ingrédients reliés à ces micro-organismes ou à leurs marchés.
Cette interdiction d´utilisation aura certainement de toutes autres conséquences dans d´autres pays européens où ce produit est toujours largement utilisé.
L´intérêt de l´utilisation des levures dans les rations semble s´accroître lorsque leur concentration énergétique augmente et qu´elles deviennent de ce fait plus acidogènes. ©F. d´Alteroche

L´engraissement espagnol va devoir revoir ses pratiques
« C´est notamment le cas de l´Espagne où les ateliers d´engraissement sont depuis longtemps presque historiquement dépendants du monensin », expliquait Domènec Esteva Planell, responsable commercial de Lallemand en Espagne.
« Jusqu´à ces trois dernières années, 99 % des bovins viande à l´engrais en Espagne avaient du monensin dans l´alimentation. » Une pratique très liée au type de ration utilisé.
« En Espagne, la production d´ensilage de maïs n´est pas suffisamment importante en volume pour pouvoir en faire bénéficier à la fois les taurillons et génisses à l´engrais et les vaches laitières. Le maïs est réservé aux laitières. La ration type en finition que l´on rencontre dans la quasi-totalité des élevages se compose de concentrés disponibles à volonté associés à de la paille destinée à faire ruminer les animaux, mais qui n´est associée à aucun autre fourrage. »

Les risques liés à la météorisation et à l´acidose sont donc importants. Ils tendent à s´accroître encore davantage si des problèmes de dominance s´instaurent au sein des lots, avec un accès insuffisant ou irrégulier à l´auge ou au râtelier. La supplémentation de l´alimentation en monensin a donc été, et est toujours, quasi généralisée pour sa faculté à atténuer les risques d´acidose dans des ateliers de taille souvent importante où la surveillance au quotidien n´est pas chose aisée. En effet l´aliment concentré est le plus souvent à disposition dans des nourrisseurs en libre-service. Comment va s´adapter le secteur de l´engraissement en Espagne à compter du premier janvier prochain dans la mesure où les constituants de base de la ration vont rester identiques ?
Certaines grosses entreprises espagnoles travaillant dans les secteurs de l´alimentation animale auraient déjà supprimé l´incorporation de monensin dans les prémix, anticipant ainsi de quelques mois la réglementation et profitent de l´été en cours et de l´automne à venir pour écouler les derniers stocks. Les solutions palliatives sont actuellement à l´étude.
« Les principales entreprises travaillant dans le secteur de l´alimentation animale font en ce moment des comparatifs afin de juger quelle peut être l´alternative permettant d´obtenir les meilleurs résultats », soulignait Domènec Esteva Planell. Différents types de levures sont donc à l´essai, de même que l´incorporation d´huiles essentielles.

Une croissance améliorée de 7 à 15 % avec les levures...
Pour la France, l´interdiction du monensin ouvrira-t-elle une voie royale aux probiotiques incorporés sous forme de levures dans l´alimentation des bovins ? Les performances autorisées grâce à ces produits constituent des données a priori séduisantes d´après les essais comparatifs réalisés à l´initiative des entreprises fournissant les levures. Pour des jeunes bovins à l´engrais, la société Lallemand met ainsi en avant des performances améliorées de 7 à 15 % pour la croissance et de 4 à 5 % pour la quantité de matière sèche ingérée avec des rations où est incorporée le Levucell SC, une levure qu´elle commercialise. Reste que c´est bien entendu à l´éleveur qu´appartient la décision finale d´utiliser ou non ces produits dans l´alimentation de ses animaux. Quoi qu´il en soit, pour Bruno Martin les évolutions prévisibles du mode de fonctionnement des ateliers français d´engraissement vont aussi être un élément à prendre en compte dans les facteurs qui pourraient permettre aux éleveurs de pencher en faveur de l´utilisation de ces produits. Tout particulièrement en ce qui concerne la production de jeunes bovins.
« A notre idée, nous allons en France vers un rajeunissement de la production de jeunes bovins. C´est une demande de plus en plus forte de la part des abattoirs qui souhaitent des carcasses moins lourdes. Mais il y a aussi le besoin de rentabilité. A compter du premier janvier prochain, les primes de la Pac seront figées. Il va y avoir un regain d´intérêt pour la technique. C´est elle qui fera la différence de revenu et de marge chez les producteurs. Cela nous amène à penser que l´on va vers une intensification des systèmes de production. »
Pour sécuriser une ration de plus en plus complémentée
Les rations à base d´ensilage de maïs seraient tout particulièrement concernées par cette intensification avec alors un accroissement du niveau de la complémentation de façon à élever leur densité énergétique. « Or qui dit ration plus riche en concentrés signifie ration qui a besoin d´être sécurisée. C´est là que les probiotiques sont des opportunités comme élément de sécurisation et peuvent permettre au levucell de trouver sa place. »
Le découplage de la PSBM devrait aussi amener les producteurs de jeunes bovins à analyser différemment les chiffres économiques de leur atelier.

« La rentabilité a longtemps été évaluée par tête avec une marge à l´animal. Le nombre de primes bloqué, il fallait optimiser les résultats pour les 90 jeunes bovins. Cette notion va devenir dépassée. La rentabilité sera davantage une marge calculée à la journée de présence ou à la place dans l´atelier avec des rotations d´animaux globalement plus rapides. Nous commençons à voir apparaître les notions d´indice de consommation. Plutôt que de raisonner sur le critère marge par animal, le message que nous essayons de faire passer est qu´il nous faut davantage raisonner en terme de marge à la journée, à la place, ou à l´heure de main-d´oeuvre. Cela amène à avoir des animaux plus productifs et une alimentation sécurisée », soulignait Bruno Martin.
Autant de facteurs qui peuvent inciter les éleveurs à analyser l´opportunité que peut représenter une supplémentation en levures dans la ration d´engraissement de leurs jeunes bovins.

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