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Fièvre catarrhale ovine
Course poursuite entre le virus et le vaccin

Cet été aura été marqué par une course poursuite entre le virus de la FCO et la vaccination qui s’avère efficace pour protéger les animaux mais a pris du retard.

© L’ALLIER AGRICOLE/RÉUSSIR

Le compteur s’est déclenché début juillet. Il n’en finit pas d’égrener le nombre de foyers de fièvre catarrhale ovine liés à la circulation virale 2008. Le 27 août, le ministère de l’Agriculture annonçait 8 261 cas de FCO à sérotype 8 et 100 cas à sérotype 1. Une véritable explosion de la maladie à laquelle tous les spécialistes s’attendaient, mais pas aussi tôt. Le virus s’est réveillé avec un bon mois d’avance par rapport à l’an dernier.

Et c’est bien là le problème, car tous les animaux n’avaient pas eu le temps d’être protégés. L’épizootie a redémarré en périphérie des zones où elle s’était arrêtée en 2007, notamment dans le centre de la France et dans l’Ouest (Sarthe). « Il n’y a quasiment plus de foyers dans les départements du Nord-Est. Une partie des animaux se sont auto-immunisés, et pour les autres, le vaccin les a protégés », note Joëlle Dop, de la FNGDS. Des voix s’élèvent d’ailleurs, à l’instar d’un rapport du Sénat, pour regretter que le ministère n’ait pas suivi les préconisations de l’Afssa lorsqu’il a arrêté les priorités de vaccination. À savoir démarrer par les zones limitrophes de celles où la maladie avait sévi l’an dernier et d’où elle devait repartir, comme le prévoyaient les scientifiques. Det d’y rendre la vaccination obligatoire, afin de bloquer son avancée. Le 22 août, l’Allier, un des départementsles plus touchés cet été, comptait à lui seul près du quart des foyers répertoriés. Et les deux tiers d’animaux malades étaient des ovins pour la simple raison que le vaccin destiné aux petits ruminants n’est arrivé que le 25 juin alors que les bovins avaient pu être protégés dès le mois de mai.

LA VACCINATION EST EFFICACE

Ce qui prouve, et c’est un constat unanime qui remonte du terrain, que la vaccination est efficace pour protéger les animaux. « En exploitation bovine, les foyers concernent très majoritairement soit des animaux de moins de 18 mois qui n’ont pas été vaccinés parce qu’il ne faisaient pas partie du protocole de vaccination, soit des animaux qui ont été vaccinés mais dont l’immunité n’a pas encore eu le temps de s’installer », indique Marc Rouméas, directeur du GDS de l’Allier. Fin août, le développement de la maladie était en train de « s’estomper ». « À ce jour, on peut estimer qu’au moins un tiers des cheptels bovins non-vaccinés ont eu une confirmation de fièvre catarrhale avec un taux moyen d’animaux malades de 15 %. Par contre, seulement sept élevages vaccinés (soit moins de 0,5 % des cheptels sous protection immunitaire conférée par la vaccination) ont été concernés avec quelques animaux par troupeau présentant des symptômes limités », précise de son côté le GDS de la Creuse.

LES LAITIERS MIEUX QUE LES ALLAITANTS

Si, dans l’Allier, 85 % des cheptels bovins ont reçu les deux injections, rares sont les départements à pouvoir afficher une aussi bonne couverture. Une première enquête réalisée fin juillet par le ministère, montrait que, dans la majorité des départements, le taux de cheptels bovins vaccinés se situait entre 30 et 60 %. Mais, indique Joëlle Dop : « Les laitiers, avec plus de 80 % des cheptels vaccinés, ont mieux répondu que les allaitants. » Ces derniers ont parfois été confrontés à des problèmes de contention parce que les vaccins sont arrivés alors que les animaux étaient déjà à l’herbe. Ou ils ont pensé que le danger n’était pas imminent et que la vaccination pouvait attendre la prophylaxie obligatoire à l’automne prochain. Lorsque le virus a montré toute sa virulence, beaucoup d’éleveurs se sont précipités chez leurs vétérinaires pour réclamer la vaccination.

RETARD DE LIVRAISON DES VACCINS

Dans les départements de l’Ouest et du Sud, le problème est tout autre. Éleveurs et vétérinaires sont sur le pied de guerre pour vacciner mais les doses n’arrivaient qu’au compte goutte suite à un retard de livraison par le laboratoire Intervet. « En Ille-et-Vilaine, au 13 août, nous avions reçu un tiers des doses prévues pour les bovins reproducteurs, alors que nous aurions dû les recevoir vers le 20 juillet. Un complément est prévu d’ici la fin du mois d’août, et le reste doit arriver en septembre ; ce qui fait un retard de près de deux mois. La demande en vaccin est importante. Nous l’évaluons à près de 80 % des élevages aujourd’hui », exposait le GDS. « Nous avons un décalage de deux à trois semaines, reconnaissait Intervet. Le développement de ce vaccin en moins de deux ans est une prouesse, et jusqu’à fin juillet, le timing a été respecté. Puis, nous avons eu un moins bon rendement sur un des lots. Mais nous avons quand même déjà mis à disposition un peu plus de 21 millions de doses, sur les 27 millions de doses minimum de l’appel d’offre. La France a passé très tôt son appel d’offre et a donc été bien servie par rapport aux autres pays qui connaissent des pénuries de vaccins » [Intervet livre aussi des vaccins au Royaume- Uni et aux Pays-Bas].

Normalement, miseptembre tous les départements devraient avoir reçu les doses prévues, le laboratoire Fort Dodge ayant été appelé à la rescousse. Des doses inutilisées dans d’autres départements ont également été rapatriées vers l’Ouest pour commencer la vaccination. Pas suffisant cependant pour empêcher le virus de poursuivre sa course vers l’Ouest et le Sud. La carte du ministère de l’Agriculture n’a pas fini de se couvrir de rouge

 

AVIS DE L’AFSSA

La progression du sérotype 1 n’est pas endiguée Fin août, l’Afssa a rendu un avis à la demande du ministère de l’Agriculture sur la progression du sérotype 1. Si le rapport n’a pas été rendu public, les premières informations qui ont été divulguées indiquent que l’agence sanitaire se montre « très pessimiste sur l’évolution de la situation : elle n’apparaît plus contrôlée ». La progression de la FCO de sérotype 1 serait de l’ordre de 50 kilomètres par semaine et n’est donc pas endiguée malgré la vaccination, obligatoire, qui eu lieu ces derniers mois dans neuf départements. Le ministère a décidé d’étendre la vaccination dans un premier temps à six autres départements du Sud-Ouest (Ariège, Aude, Haute-Garonne, Pyrénées-Orientales, Tarn et Tarn-et-Garonne) puis au Lot, à l’Hérault et à une partie de l’Aveyron. Un nouvel appel d’offre devrait également être lancé pour disposer d’un contingent suffisant de doses en vue d’établir un bouclier vaccinal. Le ministère a également arrêté des mesures de restriction de circulation des animaux en provenance de la zone 1-8, qui devront être « valablement vaccinés » pour en sortir. Ce qui ne va pas simplifier le commerce des broutards cet automne compte tenu des délais d’attente après vaccination.


 

Point de vue : Marc Rouméas, directeur du GDS de l’Allier

« Nous attendons les directives de l’État pour la vaccination obligatoire »

« Dans le département de l’Allier, aussi bien éleveurs que vétérinaires, DDSV, GDS, tout le monde a été réactif. C’est une grande réussite malgré les effets négatifs de la FCO. Maintenant nous nous interrogeons pour la suite. Le ministère nous a annoncé la vaccination obligatoire, mais, malheureusement, nous n’avons aucun retour sur cette organisation. L’urgence est toujours d’actualité, mais il est temps de s’organiser pour mettre en oeuvre une campagne structurée, avec les outils mis en place par de nombreux GDS. Il faut notamment pouvoir utiliser les DAP (documents d'accompagnement des prélèvements) comprenant les animaux vaccinés contre la FCO afin de gérer efficacement la prochaine campagne de vaccination. Dans notre département, nous démarrons la prophylaxie dès le début du mois d’octobre. Il reste un mois pour réagir, ça ne va pas être de trop. Mais je crains qu’on se réveille en décembre pour nous dire : ‘voilà ce qu’il faut appliquer’. Ce n’est pas au printemps prochain qu’il faudra que la vaccination obligatoire se mette en place. »

 

 

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