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Choisir le sexe du veau offre de nombreuses possibilités

L’IA avec des semences sexées est en train de séduire. Sécuriser les vêlages, maîtriser le sexe ratio, réduire à l’extrême les UGB improductifs, accélérer le progrès génétique, augmenter en interne l’effectif du troupeau, produire des types d’animaux mieux adaptés aux marchés…, le champ des possibles est très large.

À chaque élevage sa stratégie d’utilisation de l’IA sexée.
À chaque élevage sa stratégie d’utilisation de l’IA sexée.
© S. Bourgeois

L'utilisation des semences sexées représentent une véritable opportunité technique en élevage allaitant. Si elles sont utilisées aujourd’hui par les éleveurs qui pratiquent déjà l’insémination, elles peuvent aussi donner envie aux autres de l'essayer. Elles apportent en effet une réponse à diverses préoccupations fort répandues, qui ont été listées dans le cadre de l’étude Ecosexia(1). Les semences sexées sont d’abord à l’évidence utiles pour orienter la stratégie de sélection. Elles permettent d’obtenir un mâle à partir d’une des meilleures souches du troupeau dans le but d’élever un taureau reproducteur. Et la semence sexée femelle est le moyen de multiplier les reproductrices d’une lignée d’intérêt. Les semences sexées peuvent aussi être mises en œuvre sur une grande partie, voire sur l’ensemble des reproductrices, avec des semences femelles uniquement sur les meilleures souches du troupeau, et des semences mâles sur toutes les autres. L’éleveur est ainsi sûr de disposer de femelles de qualité et en effectif suffisant pour le renouvellement du troupeau et oriente vers la vente bien davantage de mâles que dans le cas d’une conduite classique. Tout le fonctionnement économique du troupeau est alors optimisé (voir simulations plus loin). « Il y a moins d’UGB improductifs et les animaux à vendre sont à la fois plus nombreux et mieux ciblés par rapport aux besoins de la filière », résume Olivier Leudet de l’Institut de l’élevage. Cette pratique permet aussi par la même occasion d’accélérer le progrès génétique car le renouvellement n’est plus subi, mais choisi. Cette stratégie d’utilisation massive de l’IA sexée est très rarement mise en œuvre pour l’instant, mais prometteuse. Elle trouve toute sa logique en races rustiques conduites en croisement, mais son intérêt économique est plausible aussi en race pure.

« Outre ces deux approches – création génétique et optimisation économique globale - les semences sexées constituent une solution à bien d’autres aspects plus ponctuels de la gestion du troupeau », explique Philippe Doradoux d’Évolution. L’emploi de semence femelle sur génisses participe avantageusement à la sécurisation des vêlages grâce à des veaux femelles plus petits qui naissent plus facilement. On peut aussi améliorer la vitesse du progrès génétique en combinant vêlage à 2 ans et semence femelle de taureaux à facilité de naissance. Pour les génisses qui vêlent à 2 ans et lorsque le veau est vendu précocément (pour épargner la mère), il peut au contraire être préféré de la semence mâle (de taureaux à facilité de naissance) pour une meilleure valorisation en viande du produit. Il peut aussi être intéressant d’utiliser de la semence mâle sur les reproductrices qui vêlent tardivement par rapport à la période de vêlages objectif pour la recadrer, ou bien dans la perspective de la vente d’un couple « mère veau », ou encore pour stopper une lignée indésirable.

Intérêt renforcé avec la génomique

L’IA sexée est d’autre part d’un grand secours dans le cas de l’augmentation d’effectif du troupeau. Elle permet d’aller deux fois plus vite pour monter l’effectif de reproductrices, tout en choisissant les souches à conserver, et sans prendre les risques sanitaires liés à l’achat de femelles à l’extérieur.

« L’IA sexée peut permettre de répondre plus facilement aux demandes d’un marché donné », explique aussi Ghislain Aminot de la Sica Domaine Rouge des Prés. Ce pourrait être le cas de l’AOP Maine-Anjou ou de la filière Parthenaise, qui recherchent des femelles en effectif plus important que des mâles, avec un gabarit et une qualité de viande donnée. De la semence femelle de taureaux aux qualités bouchères - ce qui n’est pas pour le moment proposé par les entreprises de sélection - trouverait probablement des amateurs. La semence sexée revêt également un grand intérêt pour les éleveurs qui recherchent les animaux porteurs du gène sans cornes.

Pour l’instant, l’offre en semences sexées est suffisante pour des utilisations partielles ou ciblées en élevage allaitant. L’offre accompagne la diffusion progressive de la technique auprès des éleveurs, mais se heurte aussi à des limites techniques pour le traitement des semences. Gageons cependant que cette technique a un bel avenir devant elle avec l’arrivée de la génomique. « Elle permet de détecter les qualités d’élevage des taureaux très tôt dans leur carrière et de sécuriser ainsi le choix de la part de l’entreprise de sélection de lancer la production de semence sexée », explique Mathieu Bobineau de Gènes Diffusion.

A noter

Un simulateur pour évaluer l’intérêt de l’IA sexée

Un outil d’aide à la décision est disponible depuis cet automne auprès des conseillers viande bovine en région Pays de la Loire et de ceux des entreprises de sélection ayant participé à l’étude Ecosexia. L’emploi de semence sexée représente un surcoût d’environ 30 euros par paillette, dont il convient de bien évaluer le retour sur investissement. Il modifie aussi les effectifs d’animaux par catégorie, les besoins en bâtiment et en ressources fourragères, qu’il est intéressant de bien visualiser. Quatorze scénarios différents d’utilisation de l’IA sexée ont été inventoriés.

Combiner génomique et IA sexée

Avec la génomique, l’orientation d’une génisse vers la reproduction ou la réforme peut se faire deux ans plus tôt que classiquement. A l’âge de 9 mois, au moment du sevrage, la génisse peut être génotypée et disposer d’indicateurs génomiques « qualités maternelles ». Il est donc possible soit de l’orienter dès ce stade vers un circuit viande, soit si les résultats sont favorables, de l’inséminer à l’âge de 21 mois avec de la semence sexée femelle d’un taureau améliorateur, choisi en fonction du résultat du génotypage. Ainsi le premier veau de cette génisse sera une femelle de haute valeur génétique potentielle. Dans le cas d’une conduite classique, l’indexation « qualités maternelles » validée sur descendance n’est connue qu’après la naissance du premier veau, quand la génisse atteint l’âge de 30 mois. Et ce n’est que pour son deuxième veau que l’éleveur peut orienter ses choix génétiques.

 

(1) conduite en région Pays de la Loire par l’Institut de l’élevage, les chambres d’agriculture, Bovins Croissance, avec Évolution, Apis Diffusion et la Sica Domaine des Rues.

Pour en savoir plus

Voir dossier Réussir Bovins Viande d'octobre 2015. RBV n°230, p. 22 à 35.

Au sommaire :

. p. 24 - Le gain de productivité du troupeau compense le surcoût de l'IA sexée. Etude Ecosexia

. p. 28 - IA sexée femelle et génotypage pour un progrès génétique à grande vitesse. Chez Vincent Wibaux dans le Calvados

. p. 30 - Les génisses inséminéesen semence mâle pour alimenter l'atelier JB. Chez Patrick Giraudet en Vendée

. p. 32 - Au Gaec Paté, un taux de réussite jugé indifférent. Chez Cédric Paté, dans les Ardennes

. p. 34 - Plus de croisements en élevage laitier. Utilisation de la semence sexée

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