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Ce qui est possible pour maîtriser le coût d’engraissement des bovins viande

L’Institut de l’Elevage fait le point sur les leviers dont disposent les éleveurs de bovins viande pour éviter un dérapage des coûts alimentaires.

© F.Alteroche - archives

« Des changements brutaux de régimes alimentaires ou des restrictions alimentaires sévères en cours d’engraissement sont à éviter, mais des marges de manœuvre existent pour limiter le recours aux concentrés » expliquent Jérémy Douhay et Bertrand Deroche de l’Institut de l’Elevage, qui ont rassemblé tous les éléments techniques disponibles permettant à chacun de faire le point sur ce qui est possible pour maîtriser le coût alimentaire pour les bovins viande en engraissement.

Pour les rations d’engraissement à base d’ensilage de maïs, le levier prioritaire est de tirer le meilleur de la valeur alimentaire de ce fourrage : stade de récolte, finesse de hachage, confection du silo et avancement du front d’attaque sont à soigner.

Il est possible de réduire l’apport de concentrés. « Pour des rations maïs ensilage complémentées à hauteur de 2,5 à 5 kg de concentré par jour, la réduction de 1 kg/j de blé économise entre 225 et 280 kg de blé par jeune bovin pour un poids de carcasse identique. En revanche, le bilan alimentaire augmentera de 280 à 370 kg MS/JB pour l’ensilage de maïs et de 17 à 60 kg/JB de tourteau de soja pour équilibrer la ration en protéines. Le niveau de croissance moyen sera diminué d’environ 20 à 45 g/j, allongeant ainsi la durée d’engraissement d’une quinzaine de jours. »

Le niveau d’apport protéique mérite d'être vérifié. Pendant l’engraissement, il est recommandé d’apporter entre 100 et 105 g de PDI/UF pour les jeunes bovins de races allaitantes et entre 90 et 100 g de PDI/UF pour les femelles en finition. « Au-delà de ces ratios, le complémentaire azoté est gaspillé, puisque les croissances ne sont pas améliorées. »

L'opportunité de remplacer du blé et du tourteau de soja ou de colza par d’autres concentrés est à étudier. « Cette substitution partielle ou totale se raisonne selon les disponibilités de ces aliments, leur coût et leur teneur en énergie (UFV) ou en protéines (PDIN). »

Une autre voie consiste à retarder le sevrage des veaux nés à l’automne. « Pour les veaux nés à l’automne, un sevrage en juin plutôt qu’en mars permet au veau de profiter du lait de sa mère plus longtemps, notamment du second pic de lactation lié à la mise à l’herbe, mais aussi de la pousse de l’herbe printanière quantitative et qualitative » expliquent Jérémy Douhay et Bertrand Deroche.

Intégrer de l’herbe dans des rations d’engraissement à l’auge s'envisage dans de nombreuses situations, pour des femelles et des jeunes bovins. « Dans une ration d’engraissement, l’utilisation d’herbe conservée peut nécessiter l’ajout d’un complément énergétique selon la valeur alimentaire de cette herbe, les objectifs de croissance et la catégorie animale. Néanmoins, la quantité de complément azoté pour équilibrer la ration est souvent réduite. » 

 

Pour les jeunes bovins, dans le cas de rations à base d’ensilage de maïs, les croissances sont réduites de 130 g/j avec l’ajout de 35 % d’herbe et de 50 g/j avec 20 % d’herbe. "Dans les deux cas, l’atelier dépend davantage des céréales, mais moins du tourteau."  Avec des rations sèches, l’ajout d’herbe jusqu’à 35 % est une solution avantageuse, car elle réduit le concentré énergétique (-200 kg) et protéique (-330 kg) sans affecter les croissances. 
"Quel que soit le système, l’ajout d’herbe nécessite d’augmenter sa sole dans l’élevage de 2 à 3 ha pour 30 jeunes bovins engraissés/an au détriment d’une autre culture (maïs, céréales)."

 

Conduire l’engraissement des femelles en deux phases - un pré-engraissement où elles reçoivent une ration fibreuse et une finition avec une ration dense en énergie – peut aussi être envisagé. « Ce levier réduit la croissance pendant la 1ère phase, allongeant ainsi la durée de finition. La dépendance envers le correcteur azoté est réduite, mais le besoin en concentré énergétique est augmenté. »

Une restriction peut être envisagée sur tout ou partie de la finition de vaches de réforme en cas de stocks de fourrages et/ou de concentrés limités. « Il faut cependant conserver des densités énergétiques et protéiques habituellement utilisées en finition (0,85 UFV/kg MS ; 90 à 95 g PDI/UF). Pour une ration à base d’ensilage de maïs, une réduction de 35 % en moyenne des quantités totales offertes allonge de 16 jours l’engraissement pour atteindre un même gain de poids vif. L’économie par vache est de l’ordre de 200 kg MS d’ensilage de maïs, 29 kg MS de tourteau de soja et 23 kg MS de blé. »

Finir les femelles au pâturage est une piste d'intérêt. "Un pâturage précoce au printemps jusqu’au stade « épi à 10 cm », puis de repousses feuillues de moins de 6 semaines assurent une croissance de 1000 g/j ou plus en vaches de réforme et génisses à l’engrais, sans ajout de concentré." Toutefois, selon la qualité et quantité d’herbe à disposition et les performances visées, un faible apport en concentrés ou en fourrages peut être envisagé.

"D’après des essais en cours aux Etablières, un engraissement estival avec 100 % d’herbe est possible, en prévoyant une durée de finition supérieure à un engraissement au printemps (+90 jours), qui bénéficie de la productivité et qualité de l’herbe."

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