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Ce que l'on sait sur la dermatose nodulaire contagieuse

La dermatose nodulaire contagieuse conduit à des pertes économiques importantes. Le point sur les connaissances scientifiques sur cette maladie qui se caractérise par une forte contagiosité, une longue période d’incubation, des formes asymptomatiques et une virémie transitoire. 

Dermatose nodulaire contagieuse
En cas de dermatose nodulaire contagieuse, la souffrance des animaux est importante. Jusqu'à 45 % des animaux d'un troupeau peuvent être atteints.
© ministère de l'Agriculture

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale des bovins caractérisée par l’apparition de nodules sur la peau et les muqueuses internes. Elle affecte les bovins, les zébus et les buffles d’eau. Les ovins et les caprins ne sont pas concernés, et aucune preuve de sensibilité ou de portage n’est documentée sur la faune sauvage européenne.

Lire aussi : Dermatose nodulaire contagieuse bovine : 47 cas confirmés en Savoie et en Haute-Savoie

Cette maladie est due au virus DNCV qui appartient au même genre que ceux des varioles ovine et caprine. Elle se transmet principalement par des piqûres d’insectes hématophages que sont les stomoxes (mouches piqueuses) et les taons (tabanidés). Ces insectes transportent le virus sur leurs pièces buccales mais ne le multiplient pas et restent porteurs du virus entre 12 et 24 heures après leur repas. Cette transmission est dite mécanique. Elle se distingue donc de la transmission biologique qui est celle des culicoïdes pour la FCO, où le vecteur ingère le virus, le multiplie et le régurgite à chaque repas de sang tout au long de sa vie.

La DNC peut aussi être transmise, dans une moindre mesure, par contact entre animaux, via les sécrétions (salive, jetage, semence, lait) et les croûtes des nodules, et aussi de façon indirecte par du matériel (abreuvoir, vêtement en contact direct, véhicule…). Le virus de la DNC présente une grande résistance dans le milieu extérieur. Il peut survivre plusieurs mois dans un bâtiment. En revanche, il est très sensible aux rayons ultraviolets. La transmission transplacentaire, de la vache gestante à son veau, a été documentée.

Il est estimé qu'un bovin infecté par la DNC cause la contamination de seize autres lorsque les insectes vecteurs sont actifs comme c'est le cas en plein été.

Un test PCR sur prélèvement de nodules

La durée d’incubation varie de 4 à 14 jours en moyenne, et peut aller jusqu’à 28 jours. Les bovins n’expriment pas tous le même degré de cette maladie. Pour ceux qui développent des symptômes, la maladie débute classiquement par une hyperthermie qui peut atteindre 41 °C et persister durant deux semaines. Le premier signe cutané est l’apparition d’un hérissement des poils, suivi par l’éruption de nodules durs, arrondis et indolores, de 0,5 à 6 cm de diamètre. Ils siègent préférentiellement sur le pourtour des yeux et du mufle, le cou, les membres et la mamelle. Les nodules finissent par se dessécher et se détacher en deux à cinq semaines, laissant un ulcère. 

La souffrance des animaux est importante. La mortalité peut atteindre 10 % des animaux d’un troupeau et jusqu'à 45 % des animaux d'un troupeau peuvent être atteints. Les pertes économiques pour l’élevage sont très importantes sur la reproduction, la lactation, la croissance, et certains animaux présentent de forts amaigrissements persistants. Les foyers français actuels présentent des valeurs élevées de morbidité : sur les premiers cas, les signes étaient présents sur de nombreux animaux. Cela peut être expliqué par le statut immunitaire naïf des individus concernés (sensibles quel que soit l’âge) et la finesse de la peau des bovins élevés en France (favorisant les piqures de vecteurs). 

Des formes asymptomatiques de la maladie existent. Dans un foyer, une partie des bovins peuvent être porteurs du virus et contagieux mais ne présentent pas de symptômes. 

Lire aussi : DNC : la vaccination dans la zone réglementée est lancée

Le diagnostic de la DNC est établi sur la base d’une PCR réalisée à partir de prélèvements des nodules car la virémie (présence du virus dans le sang) n’est pas constante. Dans le cas d'un bovin vacciné, ces analyses comprendront un test permettant de distinguer les résultats virologiques positifs résultant d'une vaccination de ceux résultant d'une infection. 

Des anticorps se développent dans les deux à trois semaines après l’infection, avec un maximum un mois après l’infection - ce qui n’empêche pas la maladie de s’exprimer. L’immunité vaccinale démarre 10 jours après la vaccination et est atteinte en 21 jours. Des kits sérologiques permettant de détecter les anticorps contre la DNC sont disponibles et présentent de très bonnes sensibilité et spécificité. Ils pourront permettre d'évaluer le taux de couverture vaccinale.

 

 

Comment se propage la DNC ?

Stomoxes et taons se déplacent naturellement sur un rayon allant de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres. Ils peuvent donc contaminer des bovins dans un périmètre géographique relativement restreint autour d’un bovin porteur du virus.

Le virus peut se déplacer sur de plus longues distances lors de déplacements de bovins en phase d’incubation. C’est aussi potentiellement le cas quand des insectes vecteurs porteurs du virus sont déplacés dans des véhicules.

Les équidés ne sont pas sensibles à la DNC mais étant attractifs pour les stomoxes et les taons, ils peuvent favoriser une augmentation de leur densité, et par conséquent, accroître le risque de transmission du virus aux bovins des alentours. Ils peuvent aussi lors de leurs déplacements constituer un vecteur passif de diffusion de ces insectes d’une zone à l’autre. GDS France a diffusé des recommandations de biosécurité aux détenteurs d’équidés.

En revanche, le transport par les services de l’équarrissage de bovins abattus ne présente pas de risque de contamination par la DNC car les insectes vecteurs de cette maladie piquent uniquement des animaux vivants. Les insectes nécrophages qui s’observent autour des cadavres ne sont pas vecteurs de la DNC.

 

Biosécurité

La biosécurité est l’affaire de tous. GDS France a conçu à destination des éleveurs une fiche biosécurité Dermatose Nodulaire Contagieuse. Elle rassemble les mesures à respecter, en complément des éléments détaillés dans les arrêtés préfectoraux, pour le passage des intervenants dans l’élevage, la gestion des stomoxes et taons, et la surveillance quotidienne des bovins.

 

Un décompte des foyers par unité épidémiologique

Le décompte des foyers par les services de l’État fonctionne par « unité épidémiologique », autrement dit, par groupement d’animaux présents sur un même site, considéré comme isolé des autres. Un même élevage  peut compter plusieurs unités épidémiologiques distinctes car sans contact entre elles, par exemple l'une au niveau des bâtiments, et et l'autre au niveau d’un pré pouvant être situé à plusieurs kilomètres. De fait, une même exploitation peut compter différents foyers qui sont autant d'unités épidémiologiques distinctes confirmées infectées, à des dates différentes ou pas.

 

 

A noter

La dermatose nodulaire contagieuse n’est pas transmissible à l’homme, ni par contact avec des bovins infectés, ni par piqûres d’insectes. Il n’y a en outre aucun risque pour la santé humaine lié à la consommation de produits issus de ces animaux.

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