Aller au contenu principal

Bovins : garder le contrôle sur l’infestation par les poux

Les infestations de poux sur les bovins sont banales, mais encore d’actualité. Pour les combattre efficacement, il est conseillé d’identifier le type de parasite et d’alterner les traitements. Le point avec Jean-Luc Jobert, vétérinaire chez Seenovia.

poux en élevage bovin
Les poux piqueurs sont peu mobiles, car fixés à la peau et de couleur foncée. Les poux broyeurs sont au contraire très mobiles et de couleur claire.
© K.Morel

Les poux sont les parasites externes les plus fréquemment en cause quand un bovin se lèche et se gratte. L’animal présente alors sur l’épaule, le garrot ou à l’attache de la queue des zones sans poil, des plis, ou des squames. Le pelage est mouillé suite aux léchages intempestifs. Les symptômes sont principalement de type irritatif. La contagiosité des poux est importante par contact direct entre animaux, mais aussi plus rarement par l’intermédiaire des locaux et des litières contaminés par les lentes.

« Le succès de la lutte contre les poux dépend en partie du respect des bonnes modalités d’application des traitements dans les élevages », rapporte Jean-Luc Jobert, vétérinaire chez Seenovia. Les produits ne doivent pas être sous-dosés et appliqués si possible dès le début de l’infestation par les poux sur tous les animaux des lots concernés (et traiter systématiquement dès leur arrivée tous les animaux entrants). La tonte est considérée comme étant un facteur important pour renforcer l’efficacité des traitements.

Ralentir la sélection de souches résistantes

« Les molécules disponibles sont moins nombreuses qu’il y a quelques années, mais elles sont toujours très efficaces. Cependant, il est conseillé d’identifier le type de parasite en cause pour adapter le traitement », précise le vétérinaire. La distinction entre poux piqueurs et poux broyeurs est essentielle, car les modalités de traitement sont différentes : un traitement par pulvérisation ou pour-on est le seul efficace contre les poux broyeurs. L’alternance de produits est préconisée pour ralentir la sélection de souches résistantes. Il faut aussi tenir compte des risques environnementaux pour des molécules persistantes dans les bouses (toxicité majeure des pyréthrinoïdes de synthèse et des endectocides à l’égard des bousiers) (1).

Le traitement contre les poux fait appel aux insecticides avec trois grandes familles utilisées : les pyréthrinoïdes en pour-on ou pulvérisation, les organophosphorés en pulvérisation et les endectocides sous forme injectable ou pour-on. L’usage des endectocides est justifié uniquement s’il y a nécessité de traiter conjointement contre les strongles.

Du côté des médecines complémentaires, certains produits à base d’huiles essentielles (citronnelle, géranium, palmarosa) sont commercialisés pour traiter les bovins et les bâtiments contre les poux. L’huile essentielle d’arbre à thé (tea tree), Melaleuca alternifolia, a montré une efficacité par aspersion contre les œufs et les adultes d’une espèce de poux broyeur. Des éleveurs appliquent de la terre de diatomée sur les animaux (attention, il est impératif de se protéger les yeux et les voies respiratoires) ou de l’huile végétale de neem diluée. Des spécialités d’huiles essentielles répulsives (lavande) sont aussi disponibles dans le commerce.

« Les jeunes animaux sont plus sensibles »

« Les facteurs favorisant les poux sont l’humidité ambiante, la chaleur, l’obscurité, des poils longs et épais, la promiscuité dans les bâtiments, des carences alimentaires ou des maladies intercurrentes », liste Jean-Luc Jobert, avant d’ajouter : « Les jeunes animaux sont plus sensibles. » Les lentes sont fixées sur les poils au ras de la peau. Elles survivent dans le milieu extérieur jusqu’à quinze à vingt jours. Les poux adultes en revanche ne peuvent vivre dans le milieu extérieur que deux jours au maximum.

 

Elevage bovin. bovins viande. Eleveur tondant la queue de ses vaches de race Salers élevée en prairie sur son exploitation agricole de Haute Loire. tonte. troupeau. ...
La tonte est considérée comme étant un facteur important pour renforcer l’efficacité des traitements contre les poux. © Réussir SA

Les impacts des poux sur les bovins peuvent être multiples. Ils passent beaucoup de temps à se lécher et des pertes de croissance et de production laitière sont constatées. « La transmission par les poux de bactéries pathogènes agents de l’anaplasmose est possible », explique aussi Jean-Luc Jobert. « Les poux sont d’autre part des facilitateurs de la teigne, par les excoriations induites par le prurit. » Chez le veau, les poux causent des trichobézoards (boules de poils dans le rumen) ce qui peut provoquer aussi des pathologies de la caillette. Et le cuir est dégradé par les poux piqueurs. Certains d’entre eux peuvent causer de l’anémie, même chez les bovins adultes.

(1) Thèse de Lisa Bourguignon, 2021, les poux chez les bovins, VetAgro Sup

 

 

Distinguer les poux piqueurs et les poux broyeurs

Les poux sont des insectes parasites permanents : ils réalisent l’ensemble de leur cycle biologique, qui dure trois semaines, sur le bovin.

Les poux broyeurs se nourrissent de débris épidermiques, sécrétions sébacées et poils tandis que les poux piqueurs se nourrissent de sang. Les démangeaisons sont beaucoup plus importantes avec les poux piqueurs.

Un examen attentif des animaux permet de les repérer. Ils mesurent entre 0,5 et 0,8 mm. On peut les récolter en passant un peigne fin à la base des cornes, sur l’encolure, sur la zone dorsale et la zone périnéale. Les poux broyeurs sont très mobiles et clairs. Les poux piqueurs sont peu mobiles, car fixés à la peau et de couleur foncée. Il est fréquent que plusieurs espèces soient présentes en même temps.

Les plus lus

<em class="placeholder">Exploitation canadienne en élevage bovin allaitant (chez Richard et Ganet Rey, éleveurs dans le Manitoba). agriculture canadienne. production de bovins viande de race ...</em>
« Les taxes américaines provoqueraient probablement une chute abrupte des exportations de bœuf des États-Unis vers le Canada »

Tyler Fulton, président de l’association canadienne de l’élevage allaitant, analyse les risques que provoqueraient des taxes…

<em class="placeholder">Le caillebotis est à hauteur du couloir d&#039;alimentation et occupe 3,5 m de large derrière les cornadis. Le malaxeur fonctionne une dizaine de minutes par jour.   </em>
Élevage bovins viande : « avec mon bâtiment caillebotis et aire paillée, j’utilise 5 kg de paille par jour par vache suitée »

Dans le Puy-de-Dôme, Samuel Poughon a opté, il y a une dizaine d’années, pour un bâtiment avec un caillebotis sur 3,5 m…

<em class="placeholder">Pauline Garcia salon de l&#039;agriculture</em>
Les bovins sont sensibles à la musique

Enrichir l’environnement des veaux, relaxer le troupeau, masquer des bruits gênants… Diffuser de la musique dans les bâtiments…

<em class="placeholder">bâtiment vaches allaitantes aire raclée</em>
Élevage bovins viande : « Un bâtiment avec pente paillée et aire raclée économe en paille pour mes vaches blondes d’Aquitaine »

Pour son troupeau de 110 blondes d’Aquitaine dans les monts du Cantal, Hervé Larribe a opté pour un bâtiment avec pente…

<em class="placeholder">Vaches aubrac dans la stabulation paillée avec de la plaquette de bois. Certaines sont couchées.</em>
Élevage bovins viande : « La plaquette de bois complète la paille dans l’aire paillée de mes vaches aubrac »

Jean-Christophe Lacombe, à Flagnac en Aveyron, utilise depuis dix ans la plaquette de bois comme litière pour ses vaches…

charolaise vêlage
La provision pour augmentation de la valeur du stock de vaches est-elle intéressante ?

La déduction fiscale 2024 devient provision en 2025 et même, en pratique, une prime à l’augmentation du cheptel.

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande