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Attention aux carences et aux excès en oligoéléments

Une ration bien pourvue en sélénium, cuivre, iode… c’est bien, mais pas toujours suffisant. D’où l’importance, en cas de problème, de poser un diagnostic fiable pour rectifier le tir.

La couverture des besoins en oligoéléments pose-t-elle problème chez les bovins ? « Clairement oui ! », a indiqué sans hésitation Frédéric Rollin, professeur à la faculté de médecine vétérinaire de Liège en Belgique, lors de son intervention à un symposium organisé par Vétalis (1). Le problème touche « tous les pays européens ». D’après les 6620 analyses réalisées en France depuis 2007 par l’observatoire des oligoéléments, la moitié des bovins allaitants sont carencés en particulier en iode et en sélénium. « Il faut distinguer deux types de carences », prévient Frédéric Rollin. Les carences primaires sont provoquées par des apports insuffisants. Elles résultent de déficiences en oligoéléments dans le sol et/ou dans les fourrages, d’une mauvaise complémentation… Mais les plus fréquentes sont les carences dites secondaires ou relatives. Ces dernières résultent « d’interactions entre les divers oligoéléments pouvant provoquer des problèmes d’assimilation ». L’excès de fer et de manganèse dans les fourrages est par exemple connu pour diminuer l’absorption des autres oligoéléments. La contamination des ensilages par de la terre, les CVM mal équilibrés… sont d’autres facteurs de risque.

Rigidité articulaire des veaux à la naissance

L’absence fréquente de signes cliniques spécifiques implique, pour poser un diagnostic fiable, de mettre en place une stratégie avec son vétérinaire. Laquelle se base en amont sur un historique de l’élevage : type de ration, distribution ou non d’un CVM… « L’épandage de lisier de porc sur les pâtures enrichit le fourrage en cuivre et les fermentations acides dans les silos multiplient par 80 la biodisponibilité en fer », a indiqué Frédéric Rollin à titre d’exemple. La deuxième étape consiste à repérer des signes cliniques pertinents : pica, mortalité embryonnaire et fœtale, avortement, vêlage prématuré, mauvaise adaptation des veaux à la vie extra-utérine. Les maladies de la peau comme la teigne, la dermatite digitée peuvent également être favorisées par des carences en zinc, cuivre et iode. Une déficience en sélénium peut être suspectée lors de flambées de mammites, de troubles de la reproduction…

Dermatite digitée et carences en zinc, cuivre et iode

Ces exemples illustrent les difficultés pour poser un diagnostic précis sur la seule base des signes cliniques. Il devient alors nécessaire de pousser les investigations plus loin grâce à des analyses (lire ci-dessous). En situation de carences avérées, les recommandations d’apports varient en fonction de la biodisponibilité des minéraux utilisés. « Les formes organiques sont plus rapidement disponibles que les formes minérales. C’est une forme à privilégier pour corriger une carence en sélénium. » Il faut également tenir compte de la productivité des animaux. Le mode de distribution intervient aussi. « L’accès libre (seaux à lécher…) n’est pas une bonne solution parce que la consommation entre animaux peut varier fortement. » L’apport individuel est à privilégier. « Le vétérinaire pourra, en fonction des situations, opter soit pour des apports à fortes doses à plusieurs mois d’intervalle ou pour une libération prolongée à l’aide de bolus. »

(1)  Symposium sur les oligoéléments organisé le 15 novembre à Paris.

Du sang, du lait, mais surtout pas de poils !

"Utiliser les poils des animaux pour réaliser une analyse de laboratoire est une fumisterie », affirme Frédéric Rollin. L’urine ne vaut pas mieux. Le sang reste donc une valeur sûre à condition de respecter un protocole strict lors de la prise d’échantillon. La centrifugation rapide de l’échantillon permet notamment d’éviter l’hémolyse. Le plasma ou le sérum peut ensuite être congelé.

Mise en garde

Attention, lors d’une cure en oligoéléments, le rétablissement des valeurs sanguines nécessite plus de temps que la disparition des signes cliniques d’une maladie. Autrement dit, ce n’est pas parce qu’une analyse de sang révèle que l’animal est toujours carencé au moment de la prise de sang, que la cure n’a pas été efficace. Les analyses de fourrages, en particulier des ensilages d’herbe, peuvent aider à peaufiner le diagnostic.

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