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Marché du Royaume-Uni
Après une décennie difficile, la Grande-Bretagne tourne la page de l´ESB

Les dernières journées Rencontres recherches ruminants ont permis de faire un état des lieux de la production bovine dans différents pays de l´Union européenne. Compte tenu des modifications réglementaires qui ont eu lieu en 2005 et 2006, le cas du Royaume-Uni ne pouvait être passé sous silence.


« Du mois d´août 1996 à fin 2005, entre 250 000 et 300 000 tonnes équivalent carcasses sont parties en fumée chaque année en Grande-Bretagne. Cela a représenté environ 8,5 millions d´animaux adultes qui, tout au long de cette période, ont été détruits dans le cadre du plan de retrait des animaux de plus de 30 mois », expliquait Caroline Monniot, économiste à l´Institut de l´élevage à l´occasion d´un état des lieux sur la production bovine dans différents pays européens organisé lors des dernières journées Rencontres Recherches sur les Ruminants début décembre à Paris.
Cette destruction pour raisons sanitaires a d´abord permis de réduire dans des proportions considérables, le nombre de cas d´ESB dans ce pays. Tout au long de ces dix dernières années, l´élimination des animaux de plus de 30 mois a aussi eu un impact sur la balance commerciale. « Le Royaume-Uni qui était excédentaire net en 1994 et 1995, est devenu largement déficitaire. » La chute des niveaux de consommation enregistrée au plus fort de la crise s´est rapidement atténuée.

Depuis le début des années 2000, la consommation britannique de viande bovine affiche même un étonnant dynamisme et a largement retrouvé les niveaux qui étaient les siens au tout début des années 90.
Pour compenser la destruction des animaux de plus de 30 mois, nos voisins d´outre-Manche ont été amenés, pendant ces dix dernières années, à importer une bonne part de leurs besoins. « Au fur et à mesure que la consommation se redressait, les importations progressaient. Elles ont fini par représenter plus de 30 % de la consommation britannique, en faisant une part de plus en plus belle à la viande d´Irlande. » Un pays qui a su profiter de l´occasion pour développer une vraie filière d´approvisionnement pour son voisin britannique en devenant de loin son premier fournisseur. Les importations en provenance d´Irlande ont plus que doublé en quatre ans et sont passées de 130 000 tec en 2000 à 262 000 tec en 2004.

Les animaux de plus de 30 mois à nouveau consommés
Ce n´est qu´en 2005 que les éleveurs britanniques ont commencé à voir le bout du tunnel. « Les animaux de plus de 30 mois peuvent à nouveau être consommés depuis le 7 décembre 2005 et les animaux vivants et la viande bovine peuvent être exportés vers les autres membres de l´Union européenne depuis le 3 mai 2006 », a précisé Caroline Monniot. Toutefois les animaux nés avant le premier août 1996 continueront à être détruits dans le cadre d´un nouveau dispositif et ce, moyennant une indemnisation forfaitaire à l´animal. Son montant a été de 360 ? en 2006 et sera de 324 ? en 2007 et 292 ? en 2008. Ce retour des animaux de plus de 30 mois nés après août 1996 dans la chaîne alimentaire a augmenté de façon sensible les tonnages produits par les élevages britanniques en 2006 à raison de 380 à 400 000 têtes supplémentaires correspondant à des vaches et taureaux de réforme. Les premiers chiffres font état d´une hausse de 130 000 tec en 2006 et devraient avoisiner les 150 000 tec cette année.
Ce surplus de production permettra d´abord de réduire le volume des importations, principalement en provenance d´Irlande. « Les réductions d´importations en provenance d´Irlande porteront principalement sur de la viande transformée et sur des viandes destinées à la transformation qui seront remplacées par les quartiers avant des vaches de réforme britanniques. Dans le même temps, l´Irlande devra en conséquence diversifier ses débouchés. Italie, France et Pays scandinaves sont devenus les principales cibles des exportateurs irlandais. »
Malgré ce sursaut de production l´an dernier, cette évolution ne devrait être que momentanée. En décembre 2004, le Royaume-Uni totalisait 1,739 million de vaches allaitantes et un peu plus de 2 millions de vaches laitières et il n´est pas prévu - bien au contraire - d´accroissement pour ces deux troupeaux. Comme dans la plupart des autres pays européens, le cheptel laitier du Royaume-Uni affiche une érosion très régulière depuis plus de 20 ans, compte tenu de la progression du niveau moyen de production par animal. On voit mal ce qui pourrait inverser la tendance.
Présentation d´animaux lors du Royal Show. ©F. d´Alteroche

Incertitude sur le devenir des veaux laitiers
A l´horizon 2010, l´Institut de l´élevage table donc sur environ 1,8 million de vaches laitières au Royaume-Uni. Le cheptel allaitant devrait lui aussi s´éroder sous l´effet des nouvelles modalités d´attribution des aides compensatoires dans le cadre de la réforme de la Politique agricole commune avec pour compliquer encore davantage les choses des choix différents entre l´Angleterre, le Pays de Galles, l´Ecosse et l´Irlande du Nord. La réduction attendue du cheptel allaitant avoisinerait les 1 à 2 % et la mise en place de cette nouvelle réforme devrait encourager la re-spécialisation des zones d´élevage. « En effet dans l´ancien système, les aides directes à la production avaient modifié l´élevage traditionnel britannique en incitant à engraisser, même à des coûts élevés, dans des zones peu adaptées et en encourageant certains engraisseurs à prendre des vaches allaitantes pour bénéficier des PMTVA. A présent, les zones d´altitude et celles dont le potentiel des sols est limité devraient retrouver leur spécificité de naissage et les terres plus basses, bénéficiant de meilleurs rendements, leur spécialité d´engraissement. »
Avec la baisse du nombre de veaux nés annuellement, les volumes de production vont inévitablement faire de même. Mais à l´horizon 2012, les tonnages de viande bovine produits au Royaume-Uni seront aussi très liés au devenir des veaux mâles issus du troupeau laitier. Depuis mai 2006, il est désormais possible de les exporter sur le continent pour faire du veau de boucherie. L´autre solution envisageable serait de les conserver au Royaume-Uni pour en faire de la viande rouge.
Cette dernière éventualité qui permettrait de contourner les revendications des associations de protection des animaux qui s´opposent au transport des veaux vivants est toutefois beaucoup moins probable. Suivant le scénario envisagé, la production de viande bovine au Royaume-Uni à l´horizon 2012 oscillerait entre 858 000 tonnes et 916 000 tec. Des tonnages respectivement supérieurs de 13 à 21 % aux 758 000 tec produites en 2005. Mais qui restent dans les deux cas de figure bien inférieurs à la consommation intérieure (1 198 000 tec en 2005) mais aussi aux quantités produites à la fin des années quatre-vingt, à savoir un peu plus d´un million de tonnes.

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