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Blé et orge : contrer une pression grandissante des pucerons et cicadelles à l’automne

Pour lutter contre les pucerons et les cicadelles sur céréales à l’automne, l’utilisation de variétés tolérantes à la JNO (jaunisse nanisante de l'orge) constitue une solution en orges. Autres moyens de lutte : le décalage des dates de semis et les traitements insecticides.

Le caractère de tolérance à la jaunisse nanisante (JNO) se généralise chez les variétés d’orges d’hiver fourragères. Il commence à arriver sur les orges brassicoles, avec les variétés Constel et Carrousel. La tolérance variétale est un moyen efficace de réduire significativement l’impact des pucerons vecteurs du virus de la JNO à l’automne.

« En orge d’hiver 6 rangs, l’offre en variétés tolérantes à la JNO est très importante depuis quelques années. En orge 2 rangs, cette tolérance variétale a mis plus de temps à arriver sur le marché mais l’offre est significative dorénavant, observe Isabelle Chaillet, ingénieure recherche et développement chez Arvalis. Entre 60 et 70 % des surfaces d’orges d’hiver fourragères sont cultivées avec des variétés JNO. Ce caractère sécurise les producteurs. »

Les orges d’hiver brassicoles sont dominées par KWS Faro, variété sensible au virus, avec plus de la moitié de la surface de production. « Pour la première année, deux variétés brassicoles tolérantes à la JNO ont été validées et intégrées dans la liste des « préférées » de la filière malterie et brasserie de France, Carrousel et Constel, informe Isabelle Chaillet. Ces deux variétés montrent de bons PS. Carrousel présente un rendement du niveau de KWS Faro. »

Ne pas semer les orges trop tôt pour leur éviter les fortes infestations

Outre la lutte variétale, le décalage de la date de semis réduit les niveaux d’attaques. « Il ne faut pas semer trop tôt. Des semis précoces d’orges soumettent les plantes à une forte exposition aux ravageurs », signale Robin Comte, spécialiste ravageurs à Arvalis. Il conseille « des semis dans la fourchette des dates préconisées dans chaque région selon les variétés ». Une enquête parcellaire (graphe ci-contre) montre bien que plus les semis sont tardifs, moins l’intensité de virose est élevée.

Dans l’ex-région Poitou-Charentes, il est par exemple conseillé de semer après le 15 octobre. « L’idéal est même d’implanter les orges sur la dernière décade d’octobre », préconise Céline Drillaud, ingénieure régionale Arvalis. Or, certains producteurs considèrent que la tolérance à la JNO laisse la possibilité de semer ces orges précocement, en faisant fi du risque élevé d’infestation en pucerons. « Ce n’est pas ce que nous préconisons car ces agriculteurs sont souvent amenés à réaliser un traitement insecticide à cause de cette stratégie », remarque la spécialiste.

« Avec des semis d’orges JNO entre le 25 octobre et le 10 novembre, comme nous le préconisons dans notre secteur, le traitement insecticide contre les pucerons est inutile en novembre », souligne Gwendal Chollet, de la chambre d’agriculture CMDS (1) et du GDA de l’Aunis. Toutefois, dans cette région, à cause des températures douces en décembre, de fortes infestations peuvent perdurer en pucerons entre les stades 3 feuilles et début tallage et inciter à traiter.

Cicadelles et pucerons sur les céréales : la double peine

Un autre insecte s’invite à la table des céréales à paille, la cicadelle, vectrice de la maladie du pied chétif. « Historiquement, on retrouve ce ravageur dans la région Centre, mais aussi dans l'est et le nord selon les années », précise Robin Comte. Le Poitou-Charentes n’est pas épargné. « Les années où des cicadelles sont capturées sur des pièges jaunes, le traitement insecticide peut être pertinent sur orges, y compris celles résistantes à la JNO », remarque Gwendal Chollet. Les dégâts du virus de la maladie des pieds chétifs sont moins fréquents sur orges que sur blés. Malgré tout, la forte présence de cicadelles justifie des interventions insecticides à l’automne, sur les deux céréales.

 

 
La cicadelle Psammotettix alienus est très mobile au contraire des pucerons mais plus sensible au froid.
La cicadelle Psammotettix alienus est très mobile au contraire des pucerons mais plus sensible au froid. © Arvalis

Si les cicadelles ne sont pas présentes dans toutes les régions de production céréalière, aucune n’est en revanche épargnée par les pucerons à l’automne. « Les cicadelles sont davantage sensibles aux premiers froids hivernaux que les pucerons, précise Robin Comte. Elles sont aussi beaucoup plus mobiles et on constate des années sans cicadelles et des années à forte infestation. » Les pucerons, quant à eux, ont été très présent à l'automne 2022 avec près de 40 % des parcelles du suivi Vigicultures qui étaient infestées en ce ravageur.

Dans l’attente de variétés de blés tolérantes à la JNO

Les pucerons sont aussi présents sur blés que sur orges mais le virus de JNO leur est moins préjudiciable. « Il n’y a pas de pertes de pieds comme cela peut arriver sur orges mais il peut y avoir un impact sur le rendement », selon Robin Comte. Sur les variétés les plus sensibles, la perte de rendement peut dépasser les 25 %. Des variétés montrent des comportements variables aux attaques de pucerons, avec de moindres sensibilités chez certaines d’entre elles. Mais, à l’exception de la variété RGT Tweeteo, aucune ne présente de gène de tolérance à la JNO, comme sur les orges.

Faute de moyen de lutte variétale, le traitement insecticide se justifie contre les pucerons sur blé si l’infestation est élevée. Le décalage de la date de semis agit également contre les pucerons et les cicadelles. « Dans notre secteur de l’Aunis avec ses sols argilo-calcaires, on peut semer tard, remarque Gwendal Chollet. De manière quasi systématique, un traitement insecticide à 2-3 feuilles du blé est utile. » Cette application peut être couplée à celle de l’herbicide d’automne contre les graminées, mais attention aux restrictions de mélanges. Toutes les associations ne sont pas autorisées.

 

 
Blé et orge : contrer une pression grandissante des pucerons et cicadelles à l’automne

Le puceron Rhopalosiphum padi est le principal vecteur de la JNO. Sitobion avenae peut également transmettre ce virus. Plusieurs autres espèces se rencontrent sur céréales à l’automne, mais elles ne transmettent pas toutes le virus. Selon les sites et les années, la répartition des espèces varie considérablement, constate Arvalis sur ses différents lieux d’essais. Pour l’instant, ces pucerons n’ont pas développé de populations résistantes aux insecticides en France.

(1) Charente-Maritime et Deux-Sèvres

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