Aller au contenu principal

Antoine Forêt estime que la filière a " tout intérêt à renforcer le cahier des charges AB "

Antoine Forêt préside depuis deux ans Bio Direct. Il est éleveur de porcs et de bovins viande à Précigné dans la Sarthe. Interview.

Antoine Forêt, 40 ans et président de Bio Direct.
© DR

Que représente Bio Direct aujourd’hui ?

Antoine Forêt - Bio Direct est l'un des plus grands groupements de producteurs de porcs bio en France, avec environ 40 % de la production située principalement en Bretagne, Pays de la Loire et accessoirement dans le centre et le Nord de la France. Nous avions l’an passé 100 éleveurs pour 44 000 porcs charcutiers produits dans l’année et visons cette année 120 adhérents pour 60 000 porcs. Dans deux salaisonneries rachetées en 2009 et 2012, SBV et CAPG en Bretagne (une soixantaine de personnes y travaillent), Bio Direct transforme environ 40 % de sa production après abattage chez Charal, sur le site de Sablé-sur-Sarthe.

Avant d’être président de Bio Direct, vous êtes d’abord éleveur. Comment vous êtes-vous installé ?

A. F. - Après une première vie professionnelle consacrée au commerce de matériaux pour le bâtiment et les travaux publics, j’ai réalisé un rêve et concrétisé mes convictions à 30 ans, en 2011 : devenir éleveur bio. Je me suis formé et me suis installé à Précigné dans la Sarthe, entre Sablé-sur-Sarthe et la Flèche.

D’abord seul, puis avec ma femme qui m’a rejoint en 2017. Notre exploitation comprend un atelier porc de 60 truies naisseur engraisseur et un atelier bovin viande de 70 mères de race Limousine avec 160 hectares de terres dont 100 en pâture pour les bovins et 60 pour les cultures de vente et celles réservées à la fabrication d’aliments pour les porcs à l’engraissement. J’ai pour philosophie de viser au maximum l’autonomie alimentaire et d’élever tous les animaux nés sur la ferme.

Il faut que la filière soit vigilante en matière d’installations. La surproduction n’est pas loin.

Comment vous êtes-vous retrouvé président du groupement ?

A. F. - Par un concours de circonstances. Dès le départ, je me suis intéressé à la vie du groupement en devenant administrateur stagiaire, c’est-à-dire sans droit de vote, puis administrateur titulaire en juin 2016. Après, tout s’est précipité. Lors de l’assemblée générale du groupement, fin 2016, le président d’alors est mis en minorité. Une équipe nouvelle prend le flambeau et je me retrouve désigné président. Sans doute parce que j’avais une expérience administrative, relationnelle et commerciale. 

Quels dossiers avez-vous à gérer ?

A. F. - Tout type de dossiers, mais jamais sans faire de politique. Il faut représenter le groupement en toutes circonstances. En tant qu’actionnaire dans les deux salaisonneries que nous exploitons, chez Inaporc où je représente le porc bio depuis un an, et aussi auprès des autres groupements français.

Car s’il n’existe pas d’interprofession du porc bio, j’estime que nous avons tout intérêt à renforcer le cahier des charges AB, par exemple en bannissant le caillebotis en engraissement. Nous y travaillons avec le ministère de l’Agriculture et l’Inao. Par ailleurs, il faut que la filière soit vigilante en matière d’installations. Au rythme de la croissance actuelle de la production (+ 30 % en 2018, autant cette année, NDLR), la surproduction n’est pas loin. En attendant, Bio Direct poursuit sa diverficiation en lançant cette année deux nouveaux segments bio : de la viande issue de mâles non castrés pour l’un, de porcs charcutiers « santé » (graines de lin, etc.) pour l’autre. 

Les plus lus

La députée Sandrine Le Feur intervenant en séance à l'Assemblée nationale.
Crise du bio : 46 députés demandent une nouvelle aide d’urgence
Afin de compenser les pertes des filières bio en 2023, des députés de tous bords politiques demandent une aide d’urgence de 271…
Champs de tournesol bio
Crise du bio : l’aide d’urgence augmentée à 94 millions d’euros par le ministère de l’agriculture
Le nombre de dossiers de demandes d’aide déposés par des agriculteurs bio ayant subi des pertes économiques importantes dépasse l…
manifestation paris
Maec et aides bio : après la manifestation, les organisateurs déçus de la réponse du ministère de l’Agriculture
Lors d’une manifestation qui a eu lieu le 14 novembre sur l’esplanade des Invalides, à Paris, la Fnab et la Confédération…
Nathalie Delagnes, éleveuse bio et présidente de Biolait : « Ce qui m’intéresse, c’est que le producteur puisse avoir davantage de pouvoir »
Portail Reussir
Nathalie Delagnes est agricultrice en production laitière bio dans l’Aveyron. Elle est aussi présidente de la SAS Biolait depuis…
Le SIVAL, catalyseur d'innovation pour les producteurs d'osiers
Portail Reussir
Le SIVAL, salon incontournable dédié à l'agriculture, ouvrira ses portes du 16 au 18 janvier 2024, offrant aux professionnels du…
Haies : cinq conseils pour se lancer sans se planter
Grandes Cultures
Les haies apportent de multiples bénéfices aux territoires et aux parcelles agricoles à condition de bien les implanter et les…
Publicité