Maladies des céréales : Soufflet Agriculture propose un service innovant pour optimiser la protection des cultures testé dans l'Aube, dans la Brie et en Bourgogne
Soufflet Agriculture a présenté le 12 juin son outil Greenleaf, qui repose sur l’économie de la fonctionnalité. Le concept de ce nouveau service : l’agriculteur achète un champ sain plutôt que des produits phytosanitaires. L’objectif affiché est d’accompagner et de soutenir les agriculteurs dans leur prise de risque pour réduire les phytos.
Soufflet Agriculture a présenté le 12 juin son outil Greenleaf, qui repose sur l’économie de la fonctionnalité. Le concept de ce nouveau service : l’agriculteur achète un champ sain plutôt que des produits phytosanitaires. L’objectif affiché est d’accompagner et de soutenir les agriculteurs dans leur prise de risque pour réduire les phytos.

Pour la campagne 2024-2025, Soufflet Agriculture teste un nouveau service auprès des agriculteurs, intitulé Greenleaf. Objectif : optimiser la protection des céréales contre les maladies fongiques foliaires. Le projet s’inscrit dans la logique de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération. « C’est un changement de paradigme pour l’entreprise et les équipes sur le terrain, explique Alexandre Hallier, directeur de l’approvisionnement international en produits de protection des plantes chez Soufflet Agriculture. Nous ne vendons plus des litres de produits phytos à l’agriculteur mais une parcelle saine. »
Une indemnisation de 180 à 300 euros par hectare en cas d’échec
Tel est la promesse de Greenleaf : garantir au minimum 80 % de feuilles saines au stade physiologique grain laiteux à un coût fixe pour l’agriculteur. Selon l’exploitation, le service coûte entre 90 et 110 euros par hectare (€/ha), contre une fourchette entre 60 et 130 €/ha en pratique standard. « La protection fongique devient une charge fixe et non plus une charge variable », précise Alexandre Hallier. En cas d’échec, l’agriculteur est indemnisé pour sa perte. L’indemnisation peut aller de 180 à 300 €/ha.
Contrairement à la vente de produits phytos classiques, la rentabilité du modèle économique pour le distributeur repose sur le fait d’utiliser le moins de produit possible. « Ce concept existe dans d’autres domaines, illustre François Johnston, expert de l’économie de la fonctionnalité. L’application en agriculture en est à ses balbutiements. » Xarvio de BASF propose un service similaire, et d’autres coopératives et négoces travaillent sur des projets.
3 000 ha pilotes pour tester le modèle Greenleaf de Soufflet Agriculture
Greenleaf a été lancé sur 3 000 hectares en Champagne, dans la Brie et en Bourgogne. Laurent et Quentin Carouge, agriculteurs installés sur 165 hectares à Anglure (Aube), ont testé l’outil sur leurs parcelles de céréales (90 ha de blé tendre, d’orge d’hiver et d’orge de printemps semée à l’automne). L’exploitation compte aussi 4 000 m2 de serres de fraises et un atelier de transformation, avec un fort besoin de se dégager du temps en avril et mai, au moment où la vigilance est de mise dans les champs vis-à-vis du risque maladie. « Cela fait longtemps que nous sommes dans une logique de réduction des phytos sur l’exploitation, ce programme s’inscrit dans la continuité », indiquent les agriculteurs.
4,1 % des parcelles Greenleaf ont reçu un traitement T1 contre 50 % des parcelles en pratique standard
Cette année, sur la zone pilote, 4,1 % des parcelles ont reçu un premier traitement fongicides (T1), contre 50 % dans les mêmes secteurs en pratique standard. Sur les parcelles Greenleaf, le résultat est satisfaisant avec 95 % de feuilles vertes observées au stade grain laiteux. Concernant les parcelles de Laurent et Quentin Carouge, seul le traitement T2 a été effectué, avec un taux de 95 % de feuilles saines. Des résultats similaires sont observés dans les parcelles conduites de manière classique mais avec plus de passages. Il faudra encore attendre quelques semaines pour connaître le rendement final. Quel que soit le résultat, la corrélation ne sera pas forcément évidente à faire pour juger de l’efficacité de Greenleaf, étant donné la multitude de paramètres qui influent sur le rendement.
Une modélisation du risque maladie pour intervenir à bon escient
Comment fonctionne Greenleaf ? Concrètement, en début de campagne, un point est fait avec l’agriculteur pour paramétrer le modèle. Une plateforme agronomique digitale permet d’intégrer des données telles que l’assolement, la localisation des parcelles, les variétés, la date de semis, le précédent… Ces données permettent de modéliser le développement de la plante avec des ajustements possibles en fonction des observations faites sur le terrain.
L’outil évalue ensuite le risque maladies en prenant en compte les conditions climatiques et indique quand un traitement est nécessaire. Le distributeur fournit les produits en conséquence. L’agriculteur est ensuite invité à intervenir dans son champ dans les trois jours. « Au-delà de la réduction des phytos, l’objectif est aussi d’apporter le bon produit au bon moment », avance Alexandre Hallier. Le programme de traitement s’appuie sur cinq produits avec une alternance des molécules pour éviter les phénomènes de résistance, notamment sur la septoriose. Pour l’instant, l’outil ne permet pas de moduler les doses mais des évolutions en ce sens sont prévues. En outre, l'an prochain Soufflet ambitionne de développer le modèle Greenleaf à l'échelle de la France et aussi en République Tchèque où l'entité du groupe Invivo est présente.