« Après un diagnostic du véto, nous avons décidé de vacciner le troupeau contre les mammites en Loire-Atlantique »
En Loire-Atlantique, pour venir à bout d’un problème de mammites devenu ingérable, Cédric Houssais a décidé avec sa vétérinaire de faire un diagnostic épidémiologique, puis de vacciner le troupeau.
En Loire-Atlantique, pour venir à bout d’un problème de mammites devenu ingérable, Cédric Houssais a décidé avec sa vétérinaire de faire un diagnostic épidémiologique, puis de vacciner le troupeau.


En mars 2024, Cédric Houssais a poussé la porte du cabinet vétérinaire avec lequel il travaille depuis longtemps. Avec Amélie Jolivel, l’une des cinq vétérinaires du cabinet, il a décidé de faire un diagnostic épidémiologique de toutes ses vaches à cellules ou atteintes de mammite, soit quinze à vingt vaches sur un troupeau de cinquante. « La situation ne pouvait plus durer, lâche-t-il. Les mammites étaient devenues ingérables. »
Installé en 1999, Cédric a fonctionné pendant vingt ans en conventionnel, avec quarante vaches, 360 000 litres de lait, une salle de traite 2x5 postes avec décrochage automatique. « Il y a toujours eu un peu de mammites sur l’élevage, des mammites de stade 1, qui affectaient peu les vaches, précise-t-il. Elles survenaient surtout en janvier-février, quelques semaines après la rentrée en bâtiment, puis se calmaient l’été, avant de récidiver en hiver. J’arrivais à les gérer par les réformes. Je n’ai jamais eu de pénalité cellules. »
Travailler sur les pratiques
Les mammites étaient toutefois une préoccupation qui l’a amené à travailler dessus avec sa vétérinaire. « Quand on a un problème, il ne faut pas rester seul, il faut se tourner vers les bons interlocuteurs, notamment les vétérinaires », estime-t-il. Des évolutions ont été apportées sur le logement des vaches, la ventilation, la fréquence de curage et la température de la litière.
« Nous n’avons d’abord travaillé que sur les vaches laitières, précise Amélie. Mais comme beaucoup de mammites survenaient en début de lactation, nous avons soupçonné qu’il se passait quelque chose en préparation au vêlage. » « La case de préparation au vêlage était difficile à curer, indique Cédric. J’ai donc revu l’aménagement du bâtiment pour mettre les vaches en préparation au vêlage dans une case plus facile à nettoyer. » Cédric et Amélie ont aussi revu l’hygiène de traite. Le pulsateur de la machine à traire a été changé. Et des évolutions ont été apportées sur les pratiques de traite, l’utilisation de gants, l’élimination des premiers jets, le prétrempage. Désormais, l’éleveur utilise ainsi une solution de dioxyde de chlore pour le prétrempage, uniquement l’hiver toutefois. « Chaque bilan sanitaire annuel permettait d’affiner le plan d’action », se rappelle Amélie.
Aggravation avec le passage en bio
En 2021, Cédric Houssais décide de passer en bio, pour se rebooster dans son métier, retrouver des défis techniques, pouvoir recruter et ne plus travailler seul. « J’ai d’ailleurs posé la question du passage en bio à Amélie », indique-t-il. Pour conserver le niveau de 360 000 litres de lait, l’éleveur, avec son salarié, José, a alors travaillé pour optimiser le pâturage, récolter des méteils et des trèfles, de l’herbe jeune. Malgré tout, le lait par vache a baissé de 9 000 à 7 000 litres. « Pour maintenir la production, j’ai alors augmenté le cheptel à cinquante vaches laitières, en réformant moins… et sans augmenter la surface de couchage, rapporte Cédric. La densité est devenue trop élevée. »
La situation au niveau des mammites s’est alors envenimée, avec quinze à vingt mammites dans l’hiver 2023-2024. « De plus, nous avons désormais la limite des trois antibiotiques par vache par an, ajoute Cédric. Si j’en utilise un au tarissement, s’il y a une récidive, une boiterie… ce nombre est vite atteint. Je ne l’ai jamais dépassé, mais c’était très stressant. C’est aussi très déstabilisant de découvrir une mammite à la traite, de devoir écarter du lait, d’avoir des échecs de traitement… » En mars 2024, l’éleveur a donc décidé qu’il fallait réagir et en a parlé à Amélie Jolivel. « Nous avions déjà résolu ensemble un problème de coccidiose chez les veaux, précise-t-il. Et je ne voulais pas repasser un hiver comme celui que je venais de vivre. Nous avons alors décidé d’investir dans un diagnostic épidémiologique. »
Diagnostic et vaccination
Cédric et Amélie ont alors revu l’hygiène des prélèvements de lait, pour garantir des analyses de qualité. Puis des analyses bactériologiques ont été réalisées sur les vaches à cellules ou à mammite. « Toutes ont révélé que les mammites étaient liées à un seul germe, Streptococcus uberis, germe d’environnement, mais aussi très contagieux, indique Amélie. C’était une bonne surprise, car il y avait un seul germe et pour lequel il existe un vaccin. »
« Grâce aux analyses, nous avons cerné le problème, se rappelle Cédric. Et comme beaucoup avait déjà été fait sur l’hygiène de vie des vaches et l’hygiène de traite, Amélie m’a alors parlé du vaccin, dont j’ignorais l’existence. » Le vaccin étant encore peu utilisé, la vétérinaire était toutefois encore un peu frileuse sur la vaccination qui représentait un investissement pour l’éleveur. « J’ai fait venir sur l’élevage un représentant du laboratoire qui le commercialisait, et qui en a bien expliqué le fonctionnement. » Cédric s’est décidé très vite et dès le mois de juin, la vaccination a pu commencer. La vétérinaire s’est occupée du calendrier vaccinal, de la commande et de la vaccination. « De mon côté, je me suis engagé à mettre en place les moyens de contention nécessaires », ajoute Cédric. Pendant l’hiver 2024-2025, l’élevage n’a ainsi connu que deux mammites. Un vrai soulagement !
Un coût vite amorti
Au total, l’accompagnement par sa vétérinaire et les analyses bactériologiques ont coûté à Cédric Houssais autour de 500 €, auxquels se sont ajoutés 1 500 € de vaccins. En contrepartie, il a utilisé beaucoup moins de traitements contre les mammites. « Alors qu’il avait par exemple consommé 15 injections intramusculaires en 2023-2024, il n’en a utilisé qu’une seule en 2024-2025 et cinq fois moins d’intramammaires », illustre Amélie Jolivel. Cédric Houssais est satisfait de cette nouvelle stratégie et veut continuer à vacciner. « J’utilise beaucoup moins d’antibiotiques, je n’ai plus de lait à jeter et les vaches sont en meilleure santé et donc plus fertiles, apprécie-t-il. J’y ai gagné en rentabilité et en sérénité. Je n’ai plus d’appréhension quand je vais à la traite, ni par rapport aux erreurs possibles quand je fais appel au service de remplacement. »
Avis d’experte : Amélie Jolivel, vétérinaire
« Former les éleveurs est crucial »

« La maîtrise sanitaire passe d’abord par la formation. Plus un éleveur est formé, plus il maîtrise sanitairement l’élevage et plus il se renseigne auprès de son vétérinaire. Les problèmes de mammites sont difficiles à traiter, car elles sont en général d’origine multifactorielle. Tout doit d’abord être bien géré en termes d’hygiène de vie des animaux et d’hygiène de traite. Le bilan sanitaire est souvent l’occasion de faire le point sur les pratiques et de les faire progresser. Un diagnostic grâce aux analyses bactériologiques est également indispensable pour établir le profil épidémiologique des mammites, savoir quels germes sont impliqués, pour pouvoir bien les traiter. Les analyses peuvent se faire en laboratoire ou à la ferme. Il y a aussi parfois la solution de la vaccination. Mais pour qu’elle donne des résultats, il faut que tous les autres points soient déjà maîtrisés. »