Angel Rodriguez, créateur de Bioplants, produit des fines herbes bio dans un outil high-tech

Angel Rodriguez en est persuadé… Le marché des plants d’herbes aromatiques bio prêtes à consommer en France est promis à un bel avenir. « Ailleurs dans le monde, le marché des fines herbes bio prêtes à cueillir est déjà important, explique-t-il. En France, une filière est en construction et le marché commence juste à se développer. Notre objectif est de répondre à la demande en produits bio et frais et de proposer un produit durable et accessible à tous. » Il y a dix ans, Angel Rodriguez a donc installé à Saint-Martin du Fouilloux, près d’Angers, la société Bioplants, filiale de l’entreprise familiale suisse Max Schwarz, orientée à l’origine sur la multiplication de jeunes plants.

C’est là qu’il a commencé à développer une gamme de plantes aromatiques bio en pots prêtes à cueillir, destinées à être vendues au rayon fruits et légumes des magasins. Il a aussi mis au point un pot horticole compostable. Et en 2021, il a créé aux Ponts-de-Cé, toujours près d’Angers, un nouveau site de production ultra-moderne qui lui permis de passer de 2 millions de plants d’herbes aromatiques en 2020 à 3 millions en 2021, pour un chiffre d’affaires de 2,7 M€, et 6,5 millions d’ici 2024.

Une production entièrement automatisée

8,7 M € ont été investis dans 15 000 m² de serre et 4 000 m² de bâtiment, avec des technologies inspirées de l’industrie et l’utilisation de l’intelligence artificielle. « Il ne faut pas opposer bio et technologie, estime Angel Rodriguez. Au contraire, le numérique est nécessaire pour atteindre le niveau d’exigence que nous avons pour des plants bio, durables et de qualité alimentaire. Notre objectif est aussi de créer un modèle maraîcher durable qui attire les jeunes. » Cinq années de développement avec la société néerlandaise Codema et la société italienne Urbinati pour la partie semis ont été nécessaires pour mettre au point un logiciel multi-tâches utilisant l’intelligence artificielle.

Ce logiciel, qui intègre toutes les données de la production (intrants, croissance des plants, climat, bioagresseurs…) et du marché permet d’avoir un outil entièrement automatisé. Toutes les tâches, de la commande des intrants à la sortie des plants, sont réalisées sans intervention humaine, grâce au logiciel et à un impressionnant transbordeur qui déplace les tablettes supportant les plants. Les graines sont semées de façon automatique sur un substrat constitué de compost végétal et de 40 % de tourbe. Elles sont mises à germer dans une chambre de germination. Puis les plants sont repiqués dans des pots compostables en PLA et polymère naturel et placés en nurserie.

Les plants sont ensuite desserrés sur les tablettes de culture et passent dans la serre Richel de 15 000 m² et 6,70 m sous chéneaux, avec poteaux laqués blancs et verre diffus, qui capte plus de 94 % du rayonnement solaire. La serre n’est pas chauffée, seulement hors gel, et est équipée d’écrans d’ombrage et d’écrans thermiques. La subirrigation se fait uniquement à partir d’eau de pluie récupérée sur l’ensemble du site. 1 400 tablettes de culture de 10 m² y sont installées, chaque tablette étant géolocalisée et déplacée par le transbordeur d’un compartiment à l’autre, avec des atmosphères qui varient selon les besoins. « Si les herbes étaient coupées, elles ne seraient pas labellisées bio, remarque Angel Rodriguez. Mais comme les plants restent entiers, ils peuvent être labellisés bio. »

Une politique de RSE mise en place

Si toute la production est automatisée, avec uniquement une surveillance humaine, le contrôle qualité, le conditionnement l’expédition sont manuels et font appel à six personnes. Les plants sont contrôlés, parés et conditionnés dans une housse en papier kraft imprimée à l’encre végétale. « Nous faisons l’Analyse du Cycle de Vie de tous nos emballages, ce qui nous a amenés à passer de housses en PLA à des housses en papier kraft », précise Angel Rodriguez. Et plus globalement, le producteur met en avant la politique de Responsabilité Sociétale des Entreprises de Bioplants.

« Nous produisons des plants bio, cultivés sans pesticide, avec uniquement de l’eau de pluie, vendu en pot certifié OK compost et emballage kraft, avec une traçabilité totale et en toute transparence, souligne-t-il. Les invendus sont récupérés pour faire du compost. Nous communiquons chaque année sur notre empreinte carbone et cherchons à la réduire. L’équipe de 17 équivalents temps plein est hautement qualifiée et autonome. 11 % du chiffre d’affaires est consacré à la recherche, pour améliorer nos itinéraires techniques, le sourcing en matières premières renouvelables. Nous soutenons la formation… » Et pour l’avenir, Angel Rodriguez a encore d’autres projets. Le site des Ponts-de-Cé est ainsi prévu pour pouvoir accueillir 4 ha de serre. Et le producteur envisage aussi de développer des unités similaires dans d’autres régions de France.

44 % du chiffre d’affaires réalisé avec le basilic

Les plants d’herbes aromatiques prêtes à cueillir sont destinés aux rayons fruits et légumes des GMS et des magasins spécialisés bio du Grand Ouest et de Paris. Vendus environ 2 € pièce en magasin, ils peuvent être gardés plusieurs semaines voire plusieurs mois par le consommateur, qui en a ainsi toujours à disposition. Bioplants produit des herbes aromatiques toute l’année, avec un pic de mars à septembre. Vingt variétés sont cultivées, dont huit sont présentes toute l’année : aneth, basilic grand vert, ciboulette, coriandre, menthe marocaine, persil frisé, persil plat, thym.

Le basilic représente 44 % du chiffre d’affaires, avec plusieurs variétés : basilic grand vert, basilic pourpre, basilic thaï, basilic fin vert nain compact. Les menthes, la ciboulette, le persil, la coriandre connaissent également un bon développement. « La coriandre est très à la mode, constate Angel Rodriguez. Et la ciboulette se développe en plant au détriment des herbes coupées. » Bioplants produit aussi du cerfeuil, de l’estragon, de l’oseille, du romarin, de la sauge, de la verveine citronnelle… La majorité des variétés sont issues du commerce, mais le producteur a également quelques obtentions de menthe, basilic, thym.