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Andréa Catherine : « Je veux montrer qu’une agricultrice sait faire autant qu’un homme »

A 23 ans, Andréa Catherine ne doute plus : elle sera agricultrice. Actuellement salariée dans une exploitation, elle a prévu de revenir sur la ferme familiale normande dans deux ans. La future éleveuse est aussi connue sur les réseaux sociaux où elle défend l’image du métier au féminin.

« J’aime bien les réseaux Instagram et TikTok et ils attirent de plus en plus de filles agricultrices ».
© Andréa Catherine

Quoi de plus naturel que de commencer l’année avec la Belle des Prés du mois de janvier ? « Du Glamour dans nos campagnes », c’est ce que propose ce calendrier qui soutient l’agriculture au féminin avec l’association Petit Coup D’Pouce à la Ferme. Ils m’ont appelée et je me suis dit « pourquoi pas ? » raconte Andréa Catherine. La démarche cadre avec l’image que veut véhiculer la jeune femme de 23 ans qui revendique de pouvoir travailler en agriculture sans perdre son identité féminine. Salariée agricole dans un élevage laitier à Ryes dans le Calvados, elle a pour projet de retourner dans deux ans travailler sur la ferme familiale avec ses parents à Longues-sur-Mer. Troisième au milieu d’une fratrie de 5 enfants, elle est la seule qui se destine à ce métier pour le moment. Elle travaillera sur l’exploitation de polyculture élevage et s’occupera des 80 vaches laitières. L’agriculture est une passion qu’elle aime partager et faire découvrir sur les réseaux sociaux. Entretien avec une ambassadrice qui a décidé de communiquer pour défendre sa place dans un monde professionnel encore très masculin.

 

Pourquoi êtes-vous sur les réseaux sociaux ?

Andréa Catherine – « Pour montrer le monde agricole aux personnes qui ne connaissent pas du tout le milieu. Je veux montrer comment ça marche : la traite, les cultures… Je veux montrer aussi qu’une femme sait faire autant qu’un homme. »

 

Sur quels réseaux sociaux êtes-vous présente ?

A. C. – « Je suis sur Instagram et TikTok avec des photos et des petites vidéos. J’aime bien ces réseaux sociaux et ils attirent de plus en plus de filles agricultrices. Ca permet de connaître d’autres personnes. Sur YouTube, j’ai diminué mon activité parce qu’il faut des vidéos un peu longues et que ça prend du temps à monter. J’ai aussi une page Facebook. »

 

Y-a-t-il un post dont vous êtes particulièrement fière ?

A. C. – « J’aime tous mes posts plus ou moins. Peut-être particulièrement ceux où je montre des naissances. Les vêlages, ça représente bien notre métier. Il y a beaucoup de gens qui n’imaginent pas comment on travaille. »

 

 

Quelle est votre meilleure audience ?

A. C. – « Aujourd’hui, j’ai 10 000 abonnés sur Instagram et 27 000 sur TikTok. Mes meilleures audiences, je les fais avec des photos où je suis au travail. Un selfie sur le tracteur avec la charrue, par exemple, ça plaît. Pour les vidéos, certaines font plus de 550 000 vues. »

 

Avez-vous fait l’expérience d’un « bad buzz » avec un de vos messages ?

A. C. – « Non, personnellement, je n’en ai pas eu. Mais des gens qui n’aiment pas et qui critiquent, il y en a. Des gens qui pensent qu’on ne peut pas être agricultrice et mettre des robes, des gens qui pensent que l’on n’est pas faites pour être dans un tracteur… Moi, je considère qu’on peut être en cote sur l’exploitation et habillée différemment à l’extérieur. J’essaie de faire passer ce message. »

« Il faut être positif, ne pas dénigrer ».

Y a-t-il un post que vous regrettez ?

A. C. – « Non, pas spécialement. Je fais attention à ce que je mets en ligne. Pour les vêlages par exemple, je fais en sorte que les images ne soient pas choquantes. »

 

Y a-t-il des sujets qui vous ont amusée ?

A. C. – « Les vidéos qui m’amusent le plus, ce sont celles avec les bêtes. Le regard des animaux me fait rire, quand ils montrent leur nez, qu’ils viennent vers vous. Quand je rajoute un peu de musique, c’est vraiment marrant. »

 

« Le regard des animaux me fait rire, quand ils montrent leur nez, qu’ils viennent vers vous ».

 

Y-a-t-il un post qui vous a marquée, voire énervée ?

A. C. – « Ce qui me gêne, ce sont les critiques de certaines personnes sur d’autres personnes. Je ne réagis pas à ce qu’ils disent, je me mets de côté. Mais entre eux, ils ne sont pas toujours tendres. Ca critique vachement et ça dégénère sur plein de trucs. Moi, je ne rentre pas dans ce jeu-là. Je vis ma vie et je fais ce que j’ai envie de faire. »

 

Diriez-vous que vous êtes également influenceuse ?

A. C. – « Non, je ne me considère pas comme une influenceuse. J’ai des partenariats pour essayer des produits mais si ça ne va pas, j’ai le droit de m’exprimer. Récemment, j’ai reçu une graisse à traire et je vais la tester. Ca aide à connaître d’autres marques. On peut échanger des avis avec d’autres gens. Je trouve ça bien. »

 

Avez-vous suivi un modèle sur les réseaux sociaux ?

A. C. – « J’ai commencé en 2017, avec simplement quelques photos. J’ai toujours plus ou moins suivi les jeunes femmes agricultrices : Elisa Agri Passion, Océane Future agricultrice… »

« Je ne me considère pas comme une influenceuse ».

Avez-vous eu un déclic à un moment pour vous lancer ?

A. C. – « Ca a démarré progressivement. Je suis née dans la ferme et j’ai toujours dit que je voulais reprendre. J’ai démarré avec des photos de vaches, de tracteurs. Mais il y avait pas mal de crises dans le monde agricole. J’ai eu un moment de doute. J’étais un peu perdue. J’ai fait un CAP petite enfance. Et puis j’ai vraiment décidé de m’installer avec mes parents. Ca a sans doute été le déclic pour les réseaux sociaux. »

 

Combien de temps passez-vous sur les réseaux sociaux ?

A. C. – « Je fais tous les jours une petite story. Une photo, une petite vidéo. Ca ne me prends pas forcément longtemps. Je fais ça quand j’ai te temps, dans mon travail quotidien. En moyenne, ça ne me prend pas une heure. »

 

Quels conseils donneriez-vous à un agriculteur ou une agricultrice qui veut se lancer sur les réseaux sociaux ?

A. C. – « Je conseille de se lancer, de montrer ce qu’on aime faire. Ca montre une ouverture d’esprit. Mais il ne faut pas poster n’importe quoi. Il faut être prudent sur les photos et faire attention à ce qu’on dit. Il faut montrer le bon côté des choses, avec des photos simples mais belles. Il faut être positif, ne pas dénigrer. Il faut être naturel, ne pas forcer le trait. Et pour ça, avant tout, il faut connaître le métier. »

 

Retrouvez toutes les interviews des agriculteurs communiquant sur les réseaux :

Amandine Muret Béguin : « Les réseaux sociaux ne remplacent pas le contact humain »

Gilles vk : « C’est à nous agriculteurs de parler d’agriculture »

Océane Future agricultrice : « Il y a beaucoup trop de préjugés sur les femmes en agriculture »

Cédric, éleveur dans le Cantal et défenseur de SA cause animale

Gaël Blard agriculteur bio : « Être présent sur les réseaux sociaux aide à se dépatouiller »

Christelle @LaVacaPreciosa : « j’arrive à montrer une belle image de l’agriculture aux gens »

Marco l’Agricoolteur : l’agriculteur français le plus suivi sur TikTok

Bruno Cardot, agriculteur : « être dans l'autodérision et la satire »

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Lucie Gantier alias @JoliesRousses : parler de l'abattage de ses poules sans tabou sur Twitter

 

 
 

 

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