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Aides Pac et revenu des agriculteurs : les dix réalités à avoir en tête

A l’heure où se décident les derniers arbitrages aux niveaux européen et français, un récent rapport de l’Inrae permet de faire le point sur la relation entre les aides Pac et le revenu des agriculteurs français. Mise en lumière de 10 chiffres à avoir en tête.

Pac France
© Pixabay

Une équipe de l’Inrae, emmenée par Vincent Chatellier, a publié en avril dernier une étude sur « la sensibilité du revenu des exploitations agricoles françaises à une réorientation des aides dans le cadre de la future Pac post-2023 ». A l’heure des arbitrages français, l’occasion de rétablir certaines vérités sur l’impact des aides de la Pac sur le revenu des agriculteurs et de comprendre combien il était difficile au ministre de l’Agriculture de changer d’orientation pour la nouvelle Pac sans impacter le revenu des agriculteurs, explique en substances le chercheur.

  • 30 700 euros. C’est en moyenne ce qu’ont perçu de la Pac les exploitations agricoles françaises, toutes orientation de production confondues, en 2019 en cumulant les aides directes du premier et du deuxième pilier de la Pac (dont les aides provenant de fonds nationaux). Ce montant équivaut à 15 400 euros par Unité de travail agricole (UTA), 340 euros par hectare de superficie agricole utile (SAU) et 74% du résultat courant avant impôt (RCAI). « 2019 est une année très représentative des dix dernières années », souligne Vincent Chatellier, ingénieur de recherche au département Ecosocio à l’Inrae.

Lire aussi : Réforme de la PAC : grandes cultures, élevage, zones intermédiaires... qui sont les gagnants et les perdants ?

  • 77%. Tel est le poids des aides directes de la Pac dans le résultat courant avant impôt des exploitations agricoles françaises en moyenne sur la période 2010-2019. Un pourcentage influencé par la conjoncture des prix et pouvant évoluer d’une année sur l’autre. « Il a atteint 111% en moyenne en 2016 contre 60% en 2012, ce qui rappelle que même si les aides directes y occupent une place majeure, le revenu agricole annuel est également fortement déterminé par la cette des ventes de produits », peut-on lire dans le rapport de l’Inrae.
     
  • Avec 195% d’aides directes dans la formation du revenu, en moyenne nationale sur dix ans, les exploitations de bovins-viande sont les plus dépendantes des aides directes de la Pac. Ce taux a augmenté au cours des années plus récentes pour atteindre un « pic impressionnant » à 250% en 2019, souligne le rapport de l’Inrae, soit 64% de la valeur de la production agricole. « Globalement il y a eu une montée en puissance des aides au fin des années, sans que le revenu ne s’améliore surtout en bovins-viande », pointe Vincent Chatellier. Le poids des aides directes dans la formation du revenu s’élève à 87% pour les exploitations spécialisées en bovins-lait et à 126% en ovins-caprins.

Lire aussi : PAC: 80 % d'aides en moyenne dans le revenu 2019 des exploitations laitières

  • Un peu plus de 100% du résultat courant avant impôt des exploitations spécialisées en céréales et oléoprotéagineux et des exploitations de polyculture-élevage est constitué des aides directes de la Pac. La dépendance est moins forte dans les exploitations de grandes cultures (59%) où les assolements laissent place à davantage de cultures non historiquement éligibles aux aides directes (dont les légumes de plein-champ et les pommes de terre). Ceci n’est pas lié au fait que les aides directes par exploitation ou par hectare sont moindres mais à des recettes de ventes des produits nettement plus élevées.
     
  • Moins de 7% du résultat courant avant impôt des exploitations en viticulture ou horticulture est constitué des aides directes de la Pac. Ce qui représente moins de 2% de la production.
     
  • Avec 37 100 euros d’aides directes en moyenne par unité de travail agricole (UTA), les exploitations de bovins-viande restent les plus soutenues, suivies des éleveurs d’ovins-caprins (29 300 euros). Le montant est plus faible dans les exploitations céréalières (25 100 euros), laitières (19 100 euros) et de grandes cultures (14 400 euros). « Rapportées aux hectares de SAU, le montant total des aides directes est deux fois plus élevé dans les exploitations de ruminants que dans les exploitations céréalières ou de grandes cultures (exemple : 544 euros en ovins-caprins et 260 euros en céréales) », pointe le rapport de l’Inrae.

Lire aussi : Réforme de la Pac : les syndicats agricoles divisés suite aux annonces de Julien Denormandie

  • 138% du revenu courant avant impôts des exploitations agricoles, toutes orientations confondues, situées en montagne est constitué des aides directes de la Pac. Un taux montant à 242% en bovins-viande et 179% en ovins-caprins. Pour les exploitations situées dans les zones sans handicap, ce taux tombe à 48%.
     
  • 109%. C’est ce que représentent les aides directes dans le revenu courant avant impôt pour les exploitations de plus de 200 hectares contre 64% pour celles de 30 à 60 hectares. Ce constat, « qui tient aux effets de spécialisation, reste particulièrement vrai dans le cas des exploitations de céréales et de polyculture-élevage, parce que ces exploitations, notamment, les premières bénéficient de soutiens d’abord au titre d’aides directes découplées », pointe l’Inrae dans son rapport.
  • Pour rappel avec 16,9% de l’enveloppe globale, la France est le premier pays bénéficiaire du budget de la Pac, devant l’Espagne (12,1%), l’Allemagne (10,8%) et l’Italie (9,5%). Mais la France est aussi le premier pays agricole de l’Union européenne (UE), avec près de 17% de la valeur de la production agricole finale.

Lire aussi : PAC : les négociations entre eurodéputés et ministres achoppent sur les mesures environnementales

 

 

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