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Agrivoltaïsme : des premiers résultats encourageants pour la pousse de l’herbe

Yoann Bizet, polyculteur-éleveur bovin à Saint-Ouen-des-Besaces, dans le Calvados, a installé une canopée agrivoltaïque sur trois hectares de prairie. Le site est expérimental pour TSE, le développeur. Le retour au pâturage de ses vaches et les bénéfices de l’ombrage seront étudiés, en particulier sur la production d’herbe.  

© Augustin Cotreuil

Produire 3,5 GWh d’électricité, c’est bien. Améliorer la santé de ses animaux, c’est mieux. Yoann Bizet combine les deux avec ses 5 500 panneaux photovoltaïques cinq mètres au-dessus de l’herbage. La canopée génère un ombrage sur 40 % de la parcelle. Au-delà de la dimension énergétique, l’objectif de l’éleveur est de permettre un retour à la pâture de son troupeau laitier. Le cheptel est, en effet, uniquement en bâtiment depuis quinze ans. « Les problèmes de pattes des vaches sont la grande limite de ce système, expose-t-il. Nous voulions les remettre au pâturage pour leur redonner de l’activité musculaire et limiter les risques de pathologie. »  

Deux lots comparés

La canopée agricole a été mise en service en janvier 2024. TSE va conduire une expérimentation sur le site durant 9 ans. Les 130 prim’Holstein sont ainsi sorties pour la première fois à l’été 2024. Un tiers évoluera sous l’ombrage généré par la canopée, et les deux autres tiers sur une parcelle témoin de 6 hectares. La société TSE comparera les analyses comportementales des deux groupes du troupeau, dont leur podométrie. « Nous allons observer combien de temps les vaches broutent, s’allongent, ainsi que leur activité de marche » explique Lucie Lorieau, responsable R&D en biologie animale chez TSE.  

Des “placettes” protégées par une grille contiennent des stations météo, des capteurs au niveau du sol pour l'humidité et des capteurs de rayonnements solaires. Objectif : comprendre le microclimat sous la canopée. 

« Une herbe plus appétissante pour les vaches »

Les 5 500 panneaux de la canopée sont rotatifs, ils font face au soleil et le suivent d’ouest en est. « En cas de pluie forte, ils se tournent à la verticale », ajoute l’ingénieure. Cette adaptation devrait permettre d'améliorer la qualité et la longévité de l’herbe sous la canopée. Comme à son habitude, l’éleveur a implanté de l’avoine comme couvert de sa prairie. Il remarque déjà « une herbe plus verte pendant les fortes chaleurs, donc plus appétissante pour les vaches, ce qui augmente la consommation et le temps de pâturage ». Ce ressenti est confirmé par les relevés de biomasse réalisés par TSE lors de ce premier été. Les données, collectées en partenariat avec l’Institut de l’élevage et la chambre d'agriculture du Calvados, montrent des rendements équivalents sur les deux parcelles en juillet : environ 1,8 tMS/ha. « Mais en août, la production sous la canopée atteint 1,49 tMS/ha contre 0,77 tMS/ha pour la parcelle témoin », précise Lucie Lorieau. La qualité de l’herbe sera également suivie, à travers des compositions floristiques et analyses de valeurs alimentaires deux à trois fois par an.

Bilan de ces expérimentations en 2033, la canopée restera ensuite sur la prairie de Yoann Bizet puisque l’éleveur a signé un bail emphytéotique de quarante ans.

Avec les cinq mètres sous les panneaux et 27 mètres entre les poteaux, la parcelle reste mécanisable. « On peut très bien faucher, récolter l’herbe avec une autochargeuse”, explique Yoann Bizet.

Santé, alimentation, production : une approche globale 

Les deux robots de traite installés par l’éleveur en janvier 2024 permettront également de comparer les données laitières des deux lots. Yoann Bizet n’espère pas une amélioration des performances laitières dans un premier temps. « En 100 % bâtiment, nous étions à 3 traites par jour, soit 32 ou 33 litres de production, rapporte-t-il. Avec le pâturage, nous avons perdu un litre, car un temps d'adaptation est nécessaire, et c'est un stress supplémentaire dans un premier temps. Mon objectif est simplement de leur redonner de l’activité, maintient-il, et de rester autonome en alimentation. Le litre de lait perdu sera regagné une fois qu’elle se seront habituées. » L’approche de l’éleveur est donc globale avec un pâturage qui influence positivement l’autonomie alimentaire et les frais vétérinaires. 

 

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