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Prix du lait, urgence et enjeux dès janvier

Alors que les prix du lait repartent à la hausse en Europe, David Chauve, président de la FDPL du Puy-de-Dôme dresse un bilan sur les prix 2016 et aborde les perspectives 2017.

Les données de l’Observatoire européen montrent une meilleure tenue du prix du lait pendant la crise en France (courbe en rouge) que dans les autres pays européens.
Les données de l’Observatoire européen montrent une meilleure tenue du prix du lait pendant la crise en France (courbe en rouge) que dans les autres pays européens.
© frsea massif central

Avec la fin de l'année arrive l'heure des bilans. Quels commentaires vous inspirent les prix du lait pratiqués en 2016 par les laiteries de la région ?

Sur un plan général, on constate une baisse de 30% du prix payé aux producteurs en 2 ans. Les coûts de productions sont loin d'être couverts. Le secteur laitier fait vivre beaucoup de monde mais n'a aucune reconnaissance de la valeur de son travail, du risque financier encouru, de l'importance capitale dans le quotidien de nos concitoyens et de l'équilibre qu'il apporte aux territoires.

Au niveau européen, le bilan des prix fait apparaître que la France tire plutôt son épingle du jeu sur la scène européenne avec un prix moyen de 275 EUR / 1000L en France contre 250 EUR au nord de l'Europe. Cela met évidence le rôle d'amortisseur du marché intérieur français plutôt stable et rémunérateur, conjugué au travail syndical de longue haleine pour obtenir un retour au producteur de cette valeur ajoutée. Cependant, cela ne suffit pas à rassurer des producteurs en manque totale de lisibilité.

Deux dynamiques semblent se dessiner, les grands groupes sur un prix moyen annuel de 270-280 EUR et des PME à environ 300 EUR. Certes, les mix produits sont différents, les enjeux et les politiques d'entreprises sont différents, les zones de collectes sont différentes, mais la valeur producteur ne commencerait-elle pas à prendre tout son sens ? Ou basculons-nous vers l'ère des prix du lait et non plus du prix du lait ?

 

Par rapport à cette conjoncture dégradée, quelles actions le réseau FNPL a-t-il mis en place ? Avec quel impact ?

La FNPL a mis toute son énergie pour faire en sorte que la valeur dégagée par notre marché intérieur joue au mieux son rôle d'amortisseur face à cette crise de surproduction dont la France n'est pas responsable.

Concrètement, début 2016 la FNPL a proposé une charte des valeurs à l'aval de la filière visant à stopper la baisse des prix sur les produits de grande consommation (PGC) du marché intérieur suite à l'effondrement du cours des produits industriels annoncé. Une action nationale visant Lactalis cet automne, a permis de relever le prix moyen annuel d'une dizaine d'euros par rapport aux annonces du groupe. Il est désespérant de devoir en arriver systématiquement à de telles relations !

Sur le plan européen, la FNPL travaillait depuis 2 ans pour faire entendre la nécessité d'outils de régulation en cas de crise. Elle a progressivement trouvé des alliés au fil de la crise alors que personne ne voulait en entendre parler auparavant. Ainsi, la voix française a enfin trouvé écho avec la mesure de réduction de production.

Autre avancée significative : l'élection de Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, à la tête du groupe lait du COPA COGECA renforce les positions françaises tant sur l'organisation des marchés que sur le type d'exploitation.

 

Un plan d'urgence a été mis en place pour aider les producteurs à faire face à cette crise. Quelle perception en avez-vous ?

Au-delà du travail de fond mené par le réseau, l'action syndicale a permis d'obtenir des moyens supplémentaires pour aider les producteurs les plus en difficultés à passer le cap. Il faut bien sûr que ceux qui sont éligibles, sollicitent ces fonds, mais nous avons tous conscience qu'ils ne sont, une fois de plus, pas à la hauteur des besoins. 1000 EUR lorsque la perte se chiffre en dizaine de milliers d'euros... Mais tout mis bout à bout, depuis 2 ans, qui a obtenu mieux que la mobilisation des adhérents du réseau FNSEA/JA ?

 

Pour 2017, disposez-vous d'éléments permettant d'espérer une amélioration pour les producteurs ?

La baisse de la collecte européenne depuis plusieurs mois maintenant prouve que beaucoup de systèmes ont atteint leurs limites. Cela influence favorablement les cotations des produits industriels. Seule inconnue, la réaction des pays nord européens lorsque les prix vont redevenir attractifs et le stock de poudre conséquent du fait de l'intervention.

Il semblerait donc logique de retrouver dès le premier semestre 2017 des prix plus conformes aux besoins des producteurs. C'est en ce sens que la FDPL revendiquera une revalorisation du prix du lait dès le mois de janvier. Il y a urgence et il n'est pas concevable que les entreprises laitières jouent la sécurité sur les prix au détriment des producteurs sous divers prétextes !

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