Recherche
Les blés de demain naîtront en Auvergne
Des blés plus robustes moins exigeants en eau et en engrais, c’est la finalité du projet, Breedwheat, qui a été lancé officiellement, jeudi dernier, à Clermont-Ferrand.
Breedwheat, le nom d’une nouvelle gamme de céréales pour petit-déjeuner ? Non, non bien plus que ça, un projet d’envergure mondiale de recherche sur le blé qui a été lancé en grande pompe la semaine dernière, sur le site clermontois de l’Inra en présence notamment du ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, de la présidente de l’Inra Marion Guillou, du président de la Fnsea, Xavier Beulin et du préfet de la région Auvergne, Francis Lamy. Coordonné par Catherine Feuil-let, directrice de recherche à l’Inra de Theix, Breedweath combinera de nouvelles technologies de génotypage et de phénotypage à haut débit pour identifier les facteurs génétiques impliqués dans les caractères d’intérêts agronomiques tels que le rendement, la qualité et la tolérance au stress. «Ce projet marque une nouvelle étape dans la sélection du blé, démontrant que l’agriculture est aussi une activité de pointe», a estimé Marion Guillou. Développer de nouvelles variétés plus robustes, moins exigeantes en eau et en engrais, pour une agriculture plus respectueuse de l’environnement et adaptée au changement climatique, ce défi, les 26 partenaires publics et privés du projet auront neuf ans pour le relever. 179 chercheurs et techniciens vont se mobiliser et 48.000 tests en placettes en champs seront mis en place. Elu «investissement d’avenir», dans le cadre d’un appel à projet lancé par l’Etat, Breedweath va bénéficier d’un budget de 34 millions d’euros.
Pierre Pagesse, président de Limagrain, coopérative associée au projet, s’est félicité «qu’à l’heure où il va falloir nourrir la planète, la filière blé se dote d’un arsenal de recherche capable de trouver dans la diversité génétique, les caractères adaptés à demain».
Et les OGM…
De son côté, le ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur a estimé que «nous avons besoin de faire confiance à nos chercheurs car ils portent les clés de notre avenir», balayant ainsi d’un revers de la main les pensées obscurantistes. Dans la même veine, le président de la Fnsea, n’a pas hésité à lancer «qu’en matière de biotechnologies, la France devait faire sa révolution et ne pas renoncer à relever des défis énormes». Autrement dit, la recherche pour Xavier Beulin passe aussi par l’exploration des OGM. Au-delà de la diversité naturelle, la présidente de l’Inra estime elle aussi, qu’il ne faut pas fermer la porte aux nouvelles technologies.
Si Breedweath ne fera pas appel aux OGM, il n’en demeure pas moins que ce projet devrait permettre un saut quantitatif et qualitatif indispensable pour la filière blé. Une filière dont les rendements stagnent en France depuis 1995 autour de 7,5 tonnes/ha.
Deux autres projets élus en Auvergne
Le Ministre a visité, outre l’INRA, deux autres sites de recherche d’excellence qui devrait garantir à l’Auvergne une longueur d’avance en matière d’innovation.
Le projet de laboratoire d’excellence «CLERVOLC» va ainsi permettre à Clermont-Ferrand et sa région de démultiplier la visibilité européenne et internationale acquise dans le domaine la volcanologie, secteur profondément enraciné dans le patrimoine local et qui fait partie de l’expertise auvergnate par excellence. Le GRED, fruit du rapprochement entre les universités d’Auvergne et Blaise-Pascal, l’Inserm et le CNRS, va permettre d’avoir une vision stratégique partagée à l’échelle du territoire dans des domaines relevant de l’étude des pathologies et de la reproduction. Leurs travaux permettront d’améliorer le traitement contre des maladies comme le cancer ou l’infertilité.