Adventice : les géraniums sur colza ne sont pas là pour faire joli
Des parcelles de colza en rotation courte comportent parfois de fortes densités de géranium, adventice très concurrentielle. Des programmes de désherbage permettent d’en arriver à bout.
Des parcelles de colza en rotation courte comportent parfois de fortes densités de géranium, adventice très concurrentielle. Des programmes de désherbage permettent d’en arriver à bout.

Plusieurs espèces de géranium à reconnaître
Rien à voir avec les géraniums ornementaux qui sont en fait des pélargoniums, les géraniums en culture sont des adventices très concurrentielles, en particulier du colza. Géranium disséqué, géranium mou, géranium à tiges grêle… tous les géraniums présentent des caractères communs : un cotylédon en forme de rein, des feuilles longuement pétiolées avec un limbe arrondi lobé à divisé. Pétioles et limbes présentent une pilosité abondante.

La différenciation entre chaque espèce de géranium adventice se fait par l’examen des poils sur les pétioles. Une loupe permettra de voir les poils longs et flexueux du géranium mou et les poils courts du géranium disséqué ou de celui à tiges grêles. La profondeur de découpure des limbes est utile également pour distinguer les espèces. À partir de la cinquième feuille, le géranium disséqué montre une découpure profonde du limbe (au 4/5e) (au 2/3 chez celui à tiges grêles).

Comment contrôler les infestations en géraniums ?
Agronomie : L’introduction de cultures de printemps dans la rotation limite les levées de géranium, épuise le stock semencier de l’adventice dans le sol et apporte une panoplie plus large de produits herbicides.
Les déchaumages et faux-semis génèrent d’importantes levées de géraniums avec des passages d’outils fin août à début septembre, à privilégier à l’interculture entre colza et blé. Ces levées peuvent alors être détruites pour déstocker les graines dans le sol. La réussite du faux-semis est conditionnée à la météo estivale.
Fait occasionnellement, le labour enfouit les graines dans le sol et en empêche la germination, mais il est à éviter avant un colza, car il remontera des graines en surface qui germeront. L’absence de travail du sol (semis direct) ou un travail superficiel limitera le potentiel d’infestation dans le colza. Terres Inovia a mesuré que le semis direct de colza sans perturber le sol diminue les levées de géranium de 85 à 95 % dans la culture, comparé à un semis après travail du sol.
Mécanique : Les outils de désherbage mécanique, quels qu’ils soient, apportent une bonne efficacité sur les géraniums.
Chimie : Un simple traitement herbicide de prélevée peut ne pas suffire contre des géraniums. Mais la combinaison d’une application de présemis (Colzamid à 1,5-2 l/ha) puis de prélevée (métazachlore) pourra apporter satisfaction dans de bonnes conditions d’efficacité des produits. Il y aura une efficacité davantage assurée avec un programme prélevée + post-levée, comme Springbok ou Alabama suivi d’une application de Ielo. En simple traitement de post-levée, le produit Mozzar apporte une bonne efficacité sur l’ensemble des espèces de géraniums.
Sur blé, des herbicides à base de metsulfuron-méthyle ou de tribénuron sont efficaces sur géraniums, ainsi que des spécialités contenant du dichlorprop-P sur des adventices jeunes.

Cinq points clés sur les géraniums
Les géraniums comptent cinq espèces en culture : les géraniums à feuilles rondes, colombin, à tiges grêles, mou et disséqué.
Les géraniums sont capables de lever toute l’année, avec une préférence nette entre septembre et février. Un pied peut produire plus de 500 graines.
Peu fréquents dans les années 1970, les géraniums ont accompagné l’extension du colza. Le retour fréquent du colza dans la rotation ainsi que le non-labour permanent favorisent leur développement et des populations à forte densité.
Le géranium disséqué est abondant dans toutes les régions et est assez indifférent au pH du sol. Le géranium mou, moins fréquent, est assez commun sur toutes les cultures. Les autres géraniums (tiges grêles et feuilles rondes) montrent une prédilection pour les rendzines, sols à pH basique.
Cette adventice peut atteindre des densités de plusieurs centaines de pieds au m2 en colza, étouffant alors la culture. La nuisibilité directe concerne surtout le colza mais, sur blé, il a été mesuré que 35 pieds au m2 peuvent causer une perte de rendement de 5 q/ha.
