Pour accélérer la transition agroécologique, que propose le réseau Le Lierre composé de hauts fonctionnaires ?
Afin d’accompagner les acteurs publics dans une meilleure compréhension des controverses liées à l’agroécologie, le réseau écologiste Le Lierre vient de publier un recueil de 15 contributions réalisées par des scientifiques et experts.
Afin d’accompagner les acteurs publics dans une meilleure compréhension des controverses liées à l’agroécologie, le réseau écologiste Le Lierre vient de publier un recueil de 15 contributions réalisées par des scientifiques et experts.
« Agroécologie, dépasser les idées reçues » est le titre d’un recueil regroupant 15 controverses éclairées par la science pour avancer sur les transitions agricoles et alimentaires agroécologiques que vient de publier Le Lierre, le réseau écologiste composé de hauts fonctionnaires et cadres de la fonction publique.
Dans cette publication, les 19 co-auteurs estiment que les transitions vers des systèmes agricoles et alimentaires agroécologiques constituent un « impératif majeur, incontournable et nécessaire » car selon eux, « les systèmes conventionnels présentent une menace pour la biodiversité, le climat et la santé humaine ».
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« Les transitions agroécologiques sont possibles techniquement »
Les auteurs martèlent que « les transitions agroécologiques sont possibles techniquement » en affirmant que du « point de vue agronomique et zootechnique, rien n’empêche une réduction des pesticides, des engrais ou de l’élevage intensif sans lien au sol ». Ils s’accordent toutefois à écrire que de « telles transformations présentent une complexité réelle et demandent des changements de pratiques dont l’importance et la difficulté ne sont pas à nier ».
Ils affirment : « Nous savons dès aujourd’hui comment fertiliser les cultures en associant élevage et production végétale et en réintroduisant des légumineuses dans les rotations. Nous savons comment protéger les plantes en mobilisant différentes pratiques agronomiques et en particulier en rediversifiant les fermes et les territoires. L’agriculture biologique constitue déjà, en France et dans le monde, un exemple de réussite ».
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Favoriser une consommation réduite de viande
Selon les auteurs, « la réduction planifiée et maîtrisée de la production et la consommation de produits animaux, ainsi que la revalorisation de systèmes d’élevage vertueux est une clé de voûte de l’agroécologie ». Si ces derniers n’appellent pas à « un véganisme ou même à un végétarisme strict et généralisé », ils souhaitent « une consommation réduite, raisonnée, et de qualité, permettant de soutenir un type d’élevage vertueux qui permettrait à nos éleveurs un niveau de vie décent ». Réduire la consommation de viande permettrait, selon les auteurs, de réallouer des surfaces cultivées pour l’alimentation animale vers des cultures pour l’alimentation humaine.
« Le développement de l’agroécologie n’impliquera pas nécessairement un renchérissement du coût de l’alimentation »
« Le développement de l’agroécologie n’impliquera pas nécessairement un renchérissement du coût de l’alimentation » affirment par ailleurs les auteurs qui estiment qu’il est légitime de « questionner la faisabilité économique des transitions agroécologiques », mais que « le problème est surmontable avec les bonnes politiques publiques ». Selon eux, un système agricole et alimentaire agroécologique est atteignable, à la condition de développer les politiques adéquates : « Les transitions nécessitent bien une réallocation des financements publics, et potentiellement une augmentation de ceux-ci ». Et d’ajouter : « La colère d’une partie du monde agricole ne trouve pas ses racines profondes dans des normes environnementales trop ambitieuses, mais dans une complexité bureaucratique parfois causée par certains acteurs agricoles eux-mêmes, et un système profondément inéquitable qu’il convient de transformer ».
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Mettre en place des politiques audacieuses
Les auteurs aboutissent à ce constat : un système agricole et alimentaire agroécologique ne constitue pas un horizon utopique irréalisable. Ils estiment que « reconnecter culture et élevage, réduire l’utilisation d’intrants chimiques et la consommation de viande, diversifier les cultures, soutenir des régimes alimentaires durables… impliquera des politiques audacieuses, qui touchent aussi à l’aval des filières : transformation, distribution, consommation)». Ils avertissent que « la tentation de promouvoir la coexistence de différents modèles, qui peut être politiquement séduisante pour contourner les conflits, est court-termiste : elle ne peut pas fonctionner ». Et de conclure : « Défendre l’agroécologie aujourd’hui est une nécessité si l’on souhaite retrouver des systèmes agricoles et alimentaires au service du bien commun ».