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Silos d'ensilage
2000 t. de vieux pneus récupérées dans les exploitations agricoles de Seine-Maritime – Et ce n’est qu’un début !

Les vieux pneus ne passent plus du garage à la ferme mais il en reste encore beaucoup sur les exploitations. Utilisés pour le maintien des bâches de protection des silos de maïs et autres fourrages, ils sont aussi une source de pollution pour les animaux et l’environnement. C’est pourquoi, il vaut mieux les détruire en les intégrant dans un circuit de valorisation énergétique. La collecte s’organise. Exemple dans un département précurseur :  la Seine-Maritime, où plus de 2000 tonnes de pneus ont été récupérés récemment.

© FNSEA 76

Pendant de nombreuses années, les agriculteurs ont récupéré les pneus usagés dont voulaient se débarrasser les garagistes. Les vieux pneus servaient à maintenir les bâches d’ensilage dans les exploitations d’élevage. Aujourd’hui, les agriculteurs ne sont plus autorisés à récupérer des pneus usagés en dehors de ceux utilisés sur l’exploitation. Et les inconvénients de cette technique sont désormais connus : les pneus se dégradent en fines particules qui risquent de se retrouver dans l’alimentation du bétail et dans l’environnement. Des alternatives à cette pratique existent et se développent, permettant ainsi d’éviter les problèmes sanitaires. L’objectif est désormais de se débarrasser des stocks de pneus sur les exploitations. Une opération coûteuse qui peut se chiffrer jusqu’à 300 euros la tonne pour le détenteur des pneus. La FNSEA 76, en partenariat avec la Chambre d’agriculture de la Seine-Maritime et les Jeunes Agriculteurs 76, ont organisé, de novembre à janvier 2020, une opération de collecte permettant de minimiser la dépense. Une initiative qui a servi d’exemple pour le déploiement d’un dispositif national. Entretien avec Marion Breuil, conseillère cultures à la Chambre d’agriculture de Seine-Maritime, co-organisatrice de l’opération avec Fanny Lemoine, animatrice FNSEA 76, et Olivier Cleland, vice-président FNSEA 76 et référant sur le dossier pneus.

Comment s’est mise en place cette opération de collecte ?

Marion Breuil - « La collecte a concerné les agriculteurs qui n’utilisaient plus leurs pneus parce qu’ils ne font plus d’élevage où qu’ils ont adopté d’autres méthodes pour le bâchage de leurs silos. De nombreux retraités étaient aussi demandeurs. Pour mener à bien l’opération, nous avons cherché des partenaires financiers et un partenaire logistique pour la collecte. La coopérative NatUp (ex Cap Seine) a mis à disposition huit sites sur le département. Une fois tous nos partenaires financiers trouvés, il restait 98 €/t à la charge des agriculteurs. Ces 98 € comprenaient l’administratif, la logistique, le transport et le broyage des pneus. Le coût de cette récupération pour destruction est normalement de 250 à 300 €/t pour des pneus de véhicules légers. »

Combien de tonnes avez-vous récupéré ?

M. B. – « Dans un sondage préalable, nous avions évalué le tonnage à environ 2000 tonnes. Au final, nous avons collecté 2186 tonnes de pneus, provenant de 235 livreurs agriculteurs et retraités. Du 4 novembre 2019 au 20 janvier 2020, nous avons organisé 36 journées de collecte qui se sont déroulées en deux temps sur chaque site Natup : réception des pneus véhicules légers puis réception des pneus agraires et poids lourds. Seulement 2 % de bennes contenant des pneus trop sales ont été refusées. »

Quel circuit ont ensuite suivi ces pneus ?

M. B. – « Les pneus ont été utilisés comme combustible dans le process de fabrication du ciment. C’est la société Henry Recyclage à Saint-Aubin des Elbeufs qui s’est chargée du broyage. La valorisation énergétique a été assurée par Aliapur. La combustion s’effectue à 900°, ce qui ne génère pas de cendres et de produits d’émissions liés au déchet. »

Pensez-vous renouveler cette opération ? 

M. B. – « Suite à cette première collecte, nous avons renvoyé un sondage et avons estimé le tonnage à récupérer de nouveau à plus de 2000 tonnes de pneus. Mais la démarche prend désormais une envergure nationale. Fin 2019, s’est créé l’association Ensivalor pour mener des opérations de collectes sur toute la France à hauteur de 15 000 tonnes de pneus usagés par an. Cette association participera en partie au financement, au débouché, etc. C’est un réel besoin pour les agriculteurs. »

Incitez-vous aussi à faire diminuer les stocks de pneus en encourageant d’autres méthodes de couverture des silos ?

M. B. – « Oui, parallèlement à notre opération, nous avons diffusé l’information sur les possibilités de couverture des silos sans pneus. Nous avons organisé une réunion en septembre 2019 avec la société Velitex. Six techniques alternatives ont été dénombrées dans une note technique d’une collègue de la Chambre d’agriculture de l’Eure. Les bâches peuvent être recouvertes de filets de protection, de géotextile, de géomembrane, maintenus par des boudins remplis de sable utilisés comme sacs à silo. L’installation d’un couvert végétal sur le silo peut aussi être envisagée. En 2016, un ancien agriculteur a même inventé une bâche comestible qui pourrait être mangée par les animaux ! »

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