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Election présidentielle
Xavier Bertrand sur l'agriculture : « je transcrirais les normes européennes sans une virgule de plus »

Candidat de droite à l’élection présidentielle 2022 et actuellement président de la Région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand a répondu aux questions de Reussir.fr lors de sa venue au Sommet de l’élevage 2021 ce mercredi 6 octobre.

Quelles seraient vos trois premières mesures en faveur de l’agriculture si vous êtes élu en tant que président de la République ?

Ma première mesure serait sur le revenu agricole, la deuxième sur les traités internationaux, parce que l’agriculture ne peut plus être la variable d’ajustement. Vendre des avions c’est très important mais protéger ce que l’on mange ça me semble aussi important si ce n’est plus. Ma troisième mesure serait de mettre un terme à l’ « agribashing » qui est en train de se développer. La crise économique que traverse le monde agricole est aussi une crise morale à laquelle il faut répondre. Je ne sais pas si chacun mesure les drames qui se nouent dans le monde agricole et le sentiment de désespérance. Et en même temps les agriculteurs ont une vitalité incroyable. Il y a des gens qui ont envie de venir dans le monde agricole, des pères qui sont fiers de présenter leurs jeunes.

Il faut que le chef de l’Etat s’engage un peu comme le faisait Jacques Chirac

Ce n’est pas si compliqué que ça de repasser dans l’autre côté de la montagne sur un versant plus positif. Mais il faut que le chef de l’Etat s’engage vraiment et personnellement en travaillant un peu comme le faisait Jacques Chirac. C’est la seule voie pour que les agriculteurs fassent à nouveau confiance aux politiques.

Comment avez-vous combattu l’ « agribashing » dans les Hauts-de-France ?

Je vous donne un seul exemple. Le salon de l’agriculture n’a pas pu se tenir cette année. La région a décidé d’organiser un salon de l’agriculture virtuel. Avec des émissions, des visites d’exploitations agricoles, des tables rondes… Ce salon virtuel a récolté un million de visiteurs, face à quelques-uns qui dénigrent l’agriculture. Moi, je mets en avant tous ceux qui aiment l’agriculture et la très très large majorité des Français aiment les agriculteurs. J’assume d’être du côté des agriculteurs et je suis prêt à agir.

Julien Denormandie était en début de semaine au Sommet de l’élevage pour faire le service après-vente d’Egalim 2 avec sa contractualisation obligatoire indexée sur les coûts de production. Qu’en pensez-vous ?

Si ça marche pourquoi la refuser. Mais les agriculteurs m’ont dit ce matin qu’ils n’y croient pas. Et cela intervient tard, à moins de 6 mois de l’élection présidentielle. Egalim 1 a-t-elle apporté les résultats nécessaires ? Non ! Vous ne pouvez pas renvoyer à beaucoup plus tard la question des revenus et des prix. On doit aussi rapidement agir sur la question des charges. Et si Julien Denormandie était seul ce serait bien mais quand vous avez aussi à gérer Madame Pompili dans son ministère où l’on impose des normes et des contraintes aux agriculteurs quasiment tous les jours, ce n’est pas possible. En tant que président, je ferais de la transcription des normes européennes sans une virgule de plus en droit français. C’est un engagement que je prends.

Je ne veux pas tirer un trait sur le conventionnel

Face aux attentes sociétales des Français sur l’agriculture, Yannick Jadot prône le bio, et vous ?

Moi, je marche sur deux jambes ! Il y’a du bio mais aussi du traditionnel. On ne va pas imposer que l’avenir soit uniquement bio car il faut qu’il y ait un marché qui progresse. Or le marché ne progresse pas aujourd’hui dans les proportions que certains imaginaient. Soutenir la conversion bio et aider ceux qui veulent en faire c’est important mais je ne veux pas tirer un trait sur le conventionnel.

Stéphane Le Foll dit qu’un des principaux problèmes des agriculteurs est de penser qu’ils doivent toujours produire plus, qu’en pensez-vous ?

Il faut arrêter de caricaturer les producteurs. Quand on les connait bien, on ne les caricature pas. Quand on les aime bien, on ne les caricature pas. Quand on les respecte, on ne les caricature pas. L’agriculture s’est toujours adaptée aux attentes de la société. Quand on leur a dit de mettre le paquet sur l’industrie, ils l’ont fait. Quand on leur a dit de nourrir plus de monde, ils l’ont fait. Quand on leur dit de faire une transition écologique ils le font, seulement il faut avoir les moyens de le faire. Quand on leur dit tel produit est interdit, « d’accord » mais on le remplace par quoi ? Et le surcoût que ça occasionne comment le prend-on en compte ? Au moment où ils sont prêts à faire cette transition, on leur dit « faites le tout seul » et on leur remet des boulets aux pieds. On veut garder une agriculture ou non ? Si je suis président, pour moi la réponse est oui !

Si l’on n’a pas de produits pour traiter c’est la foire aux pucerons

Vous êtes dans une région de betteraves et grandes cultures, quelle est votre position sur les néonicotinoïdes et le glyphosate ?

Je l’ai dit clairement. La question est de savoir s’il y a des méthodes de substitution ou non ? S’il y en a la transition peut se faire rapidement. S’il n’y en a pas, on fait quoi ? Je ne veux pas la fin des agriculteurs. Il faut des méthodes de substitution. A côté de Laon, un centre de recherche a montré clairement que si l’on n’a pas de produits pour traiter c’est la foire aux pucerons et c’est la fin des betteraves. On va donc importer des pays européens. Or est-on sûrs que dans ces pays européens, les mêmes règles sont appliquées ? Bien sûr que non ! Il est temps de faire ces évolutions avec sérieux, pragmatisme et bon sens.

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