Aller au contenu principal

Volailles de chair : L’éclosion des poussins à la ferme a de multiples atouts

Une étude menée par l’Institut technique de l'aviculture (Itavi) démontre que l’éclosion à la ferme améliore la qualité de poussin, le rendement filet et la vitesse de croissance de poulets Ross 308, tout en conservant l’efficacité alimentaire.

Le premier dispositif expérimental comportait huit miniparquets en couronne sous deux radiants Systel de 5 KW (34 °C de consigne pour 37 ° C à la surface des œufs) comprenant chacun trois alvéoles One2Born posées sur une litière de paille (600 œufs au total).
Le premier dispositif expérimental comportait huit miniparquets en couronne sous deux radiants Systel de 5 KW (34 °C de consigne pour 37 ° C à la surface des œufs) comprenant chacun trois alvéoles One2Born posées sur une litière de paille (600 œufs au total).
© Itavi

L’éclosion à la ferme dans des bâtiments équipés de radiants ou aérothermes est possible, mais peu de données existaient pour évaluer de manière fiable et chiffrée ses bénéfices en comparaison d’une éclosion au couvoir. C’est l’objectif de l’essai financé par l’Institut Carnot F2E et conduit par l’Itavi avec l’aide de Inrae et des sociétés Systel et One2born.

De plus en plus d’éleveurs de poulets conventionnels sont adeptes de l’éclosion à la ferme, en Europe mais aussi en France. Son principe est simple : Les œufs sont transférés dans le bâtiment d’élevage trois jours avant l’éclosion, permettant ainsi aux poussins naissant d’avoir un accès direct à l’aliment et à l’eau, tout en supprimant leur stress du tri, du sexage, de la vaccination et du transport.

Bien que la pratique présente de réels avantages en termes de bien-être des poussins, notamment ceux issus de reproductrices âgées, quels sont les bénéfices possibles pour l’éleveur ? Sont-ils différents selon le mode de chauffage ou la durée de stockage des œufs à couver ?

Une qualité de poussins améliorée

 

 
Dans le second dispositif expérimental, la salle était chauffée par un aérotherme, d’où la disposition des alvéoles en rangées (600 œufs).
Dans le second dispositif expérimental, la salle était chauffée par un aérotherme, d’où la disposition des alvéoles en rangées (600 œufs). © Itavi

 

Au couvoir comme à l’élevage, l’éclosabilité a été excellente, de l’ordre de 96 % avec le stockage court (6 jours) et 93 % avec le stockage long (15 jours). La note de qualité de poussin était excellente quel que soit le type d’éclosion ; en revanche une proportion plus importante de poussins ayant un duvet sale ou bien encore déshydratés était observée au couvoir. Des analyses sanguines (dosage du triglycéride, de l’acide urique et de marqueurs du statut oxydant et inflammatoire), ont révélé que les poussins éclos au couvoir avaient largement puisé dans leurs réserves, ce qui avait dégradé leur état métabolique. L’accès précoce à l’eau et l’aliment a permis de mieux résorber le vitellus des poussins éclos à l’élevage (90 % de résorption contre seulement 40 % pour les poussins éclos au couvoir).

Un GMQ et un rendement filet augmentés

Pendant les quatre premiers jours, une mortalité un peu plus importante (+ 0,5 à 1 point) a été observée pour les animaux éclos à l’élevage que pour ceux nés et triés du couvoir. Cette différence s’explique par l’absence de tri des poussins éclos à l’élevage. En revanche sur l’intégralité de la période d’élevage (jusqu’à trente-quatre jours), la mortalité des poulets éclos à l’élevage est inférieure de 0,5 à 1 point de mortalité à celle des poulets éclos au couvoir.

 

 
Poids des poussins à J 1 et GMQ J1-J34Le chauffage par radiant ou aérotherme ont des effets équivalents, mais ce qui compte c’est l’homogénéité de température et le respect de 34,5°C en ambiance ( sonde posée sur les œufs au milieu d’une alvéole).
Poids des poussins à J 1 et GMQ J1-J34Le chauffage par radiant ou aérotherme ont des effets équivalents, mais ce qui compte c’est l’homogénéité de température et le respect de 34,5°C en ambiance ( sonde posée sur les œufs au milieu d’une alvéole). © Itavi

 

À J 1, les poussins nés en élevage étaient plus lourds de plus de 6 g en moyenne, écart expliqué par l’accès précoce à l’aliment et à l’eau (absence de déshydratation) en élevage tandis que les poussins nés au couvoir s’allègent pendant le transport. Le gain moyen quotidien (GMQ) a été amélioré en moyenne de 3 g/j sur l’ensemble de la période, soit un écart de 100 à 120 g à l’abattage entre poulet né sur place et poulet du couvoir. L’indice de consommation est identique pour tous les lots. Le rendement filet suit la même tendance que le GMQ en faveur de l’éclosion à la ferme (+0,4 point). Les autres critères de qualité de la viande sont inchangés (% de gras, couleur, défauts musculaires)

Une analyse est en cours pour évaluer la pertinence économique du système d’éclosion à la ferme en intégrant le temps de travail supplémentaire de l’éleveur, le coût du chauffage et les économies générées au couvoir.

 

La durée de stockage fragilise les embryons

Quand les œufs à couver sont stockés plus longtemps, les embryons et les poussins se révèlent plus fragiles.

 

 
Évolution horaire du taux d’éclosion à la ferme Le décalage du pic d’éclosion est de presque 10 heures pour les œufs à stockage long, par rapport au stockage court
Évolution horaire du taux d’éclosion à la ferme Le décalage du pic d’éclosion est de presque 10 heures pour les œufs à stockage long, par rapport au stockage court © Itavi

 

Entre leur ramassage et leur mise en incubation, les œufs à couver sont stockés pendant une durée qui dépend de la disponibilité dans les troupeaux et des besoins du marché. Au-delà de treize jours, le stockage peut avoir des conséquences négatives sur le développement embryonnaire et l’intégrité des poussins.

Dans l’essai, quinze jours d’attente ont impacté négativement la mortalité embryonnaire, l’éclosabilité et la mortalité en élevage. En revanche, l’éclosion des œufs stockés quinze jours a été plus tardive et plus longue, avec respectivement une fenêtre d’éclosion de 37 heures contre 29 heures avec six jours de stock.

Maîtriser la température d’ambiance

Pour les œufs stockés avant incubation, l’éclosion à la ferme a montré des bénéfices sur la qualité du poussin, leurs poids à J 1, leur croissance et leur rendement comparativement à une éclosion au couvoir. Toutefois, la maîtrise de la température ambiante est majeure dans ce contexte.

Lors de nos essais dans la salle équipée d’un aérotherme, où la température était hétérogène que dans la salle avec radiants, l’éclosabilité des œufs stockés longtemps a été plus faible (90 % contre 93 %) et le taux de mortalité des quatre premiers jours de vie plus élevé (4 % contre 1,6 %). La croissance et le rendement filet ont également été affectés.

 

Les plus lus

L'élevage alternatif est devenu dominant, mais la cage résiste très bien au delà d'un atelier de 50 000 poules.
Recensement agricole en volailles : La poule pondeuse a le vent en poupe

L’évolution des modes de production sous la pression du bien-être animal s’est traduite par une mutation structurelle…

Foie gras : Delpeyrat va fermer deux abattoirs de canards

Delpeyrat va fermer ses abattoirs de canards gras de La Pommeraie-sur-Sèvre (85) et de Vic-Fezensac (32). Cette décision vise…

Jérôme Perrodin avec son épouse Linda : « J’ai opté pour un système de volière qui incite les poulettes à circuler verticalement mais aussi horizontalement, et ceci ...
« Ma volière favorisera la mobilité en 3D des poulettes »

Jérôme Perrodin a investi dans un bâtiment neuf pour poulettes futures pondeuses d’œufs bio, équipé d’une volière facilitant…

Anis Farhat, directeur d’exploitation de Taissir, entouré de Fabrice Poisbeau et de Guirec Rollando, de Sodalec Distribution : « La filtration d’air a largement ...
En Tunisie, des poules pondeuses sous air filtré pour en finir avec les salmonelles

Filtrer l’air des bâtiments de poules pondeuses de l’entreprise tunisienne Taissir a été une mesure sanitaire clé pour enrayer…

Avec l’IA, Jean-Luc Martin compte passer de la correction des dysfonctionnements des bâtiments d’élevage au copilotage de leur conduite par l’éleveur.
Big Data : Tell Élevage vise la supervision des poulaillers avec l’intelligence artificielle

La start-up Tell Élevage prévoit d’utiliser l’intelligence artificielle (IA) pour créer un outil de conseil au pilotage en…

Poulets chez un éleveur d'Univol équipé en lumière naturelle en 2018. En 2025, la moitié des poulaillers sera en lumière naturelle.
Bretagne : L’organisation de producteurs avicoles Univol accélère dans le poulet lourd

Le groupement breton des producteurs de volailles de chair Univol a conforté en 2023 son projet stratégique vers le poulet…

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)