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Un nouvel agrivoltaïsme sur les parcours de volailles

Associant agroforesterie et photovoltaïque, la jeune société NovaFrance Energy fait le pari de séduire les éleveurs de plein air en leur proposant une solution clés en main sur leurs parcours.

Les premiers prospects ont été contactés au sortir de l’été 2020 et les premières réalisations commencent à sortir de terre, comme en Loire Atlantique chez Jacques Dupont. Il s’agit d’abris photovoltaïques de 240 m2 d’emprise (30 m x 8 m) « disposés judicieusement dans les parcours, explique Olivier Madec, le directeur commercial de cette nouvelle activité créée par la start-up NovaFrance Energy. Nous nous sommes volontairement limités à deux structures par hectare, soit souvent moins de 5 % d’emprise. Nous suivons les recommandations du Synalaf qui préconise de ne pas dépasser 10 % du parcours. »

Yves Le Bel, un des quatre fondateurs de la société fondée voici quatre ans, a lancé ce projet grâce à un éleveur de poulets plein air de l’Aude. « Nous avons mis deux ans pour le peaufiner et le tester. L’équipe de développement est dirigée par Olivier Madec et constituée uniquement de professionnels avicoles formés au photovoltaïque. »

 

 
Dès le premier jour de la sortie sur parcours, les canetons se sont mis à l'abri.
Dès le premier jour de la sortie sur parcours, les canetons se sont mis à l'abri. © P. Le Douarin

Cet ancien de la production d’œuf sait bien que les parcours sont insuffisamment fréquentés par les galliformes et palmipèdes, surtout par manque de végétation. L’offre de NovaFrance Energy se veut une solution complète avec la mise en place d’abris artificiels (photovoltaïque) et d’abris naturels (agroforesterie) qui vont réduire les attaques de prédateurs aériens et protéger les animaux des intempéries et des fortes chaleurs.

 

L’éleveur ne s’occupe de rien

Le minimum à installer est une paire d’abris d’une puissance de 100 KWc. L’éleveur loue le terrain qui reçoit les abris, tandis que NovaFrance Energy gère le dossier de A à Z : les diverses procédures administratives, l’étude de sol, le raccordement au réseau, le contrat de revente de l’électricité, le montage des structures et leur entretien, l’étude d’aménagement et l’implantation des végétaux.

Le montant de la location annuelle – que la société ne souhaite pas divulguer – varie selon le département et dépend du potentiel d’ensoleillement. Au-delà des trente ans du bail emphytéotique, l’éleveur (ou ses successeurs) pourra prolonger l’accord, reprendre l’activité ou bien faire démanteler l’installation par NovaFrance Energy quand elle aura atteint 40 ans. Pour Yves Le Bel, ce partenariat au long cours est un gage de sécurité. « Nous voulons des installations bien conçues, bien réalisées et qui produiront longtemps. »

Si l’éleveur tient à investir, ce sera au maximum sur 49 % des abris, sachant que le coût d’étude et d’installation d’une paire d’abris tous frais compris coûte entre 125 000-150 000 euros. « Nous tenons à rester majoritaires afin de garder la maîtrise, justifie Olivier Madec. Nous assurons la maintenance et nous intervenons immédiatement en cas de baisse anormale de production, chaque abri étant connecté et suivi quotidiennement. »

Impacter le moins possible sur l’environnement

L’aménagement agroforestier « clé en main » est confié à l’association Mission bocage (Maine et Loire), qui intervient directement ou délègue à l’association française d’agroforesterie. Elle a pour mission d’intégrer judicieusement des essences locales adaptées aux spécificités de l’élevage. Ce seront des peignes, des bosquets, des haies ou des arbres isolés répartis pour inciter les volailles à occuper le parcours et se diriger vers les abris. Chaque aménagement est donc spécifique. Une fois implantée, la végétation est suivie deux ans, au-delà desquels l’éleveur prend le relais.

L’éleveur bénéficie de l’installation d’un sas sanitaire trois zones dédié au parcours que tout intervenant pour NovaFrance Energy doit emprunter. Si le site ne dispose pas d’une réserve d’eau incendie, une citerne souple est fournie. Toutes ces précautions expliquent pourquoi la rentabilité se calcule sur une longue durée. « Une installation deviendra rentable au bout d’une vingtaine d’années, plaide Olivier Madec. Au-delà de trente ans, les panneaux seront encore productifs si la maintenance a été bien faite. » Installer ces abris est un raisonnement à long terme, comme planter un arbre pour ses enfants ou petits-enfants.

« Avec les abris, j’anticipe ma retraite » confie Jacques Dupont

Producteur de lots de 15 000 canards à engraisser en Loire Atlantique, Jacques Dupont a sept paires d’abris implantés sur le parcours de six hectares parmi les quatre que compte son site de 20 ha.

Le projet s’est concrétisé très rapidement, car depuis 2017 Jacques Dupont réfléchissait à un projet de hangar photovoltaïque (100 KWc), « mais j’avais des doutes sur la rentabilité. La rencontre avec NovaFrance Energy m’a convaincu de le concrétiser ». Son calcul est simple. « Je serai en retraite dans une douzaine d’années avec une petite pension. Je ne compte pas sur la vente de mon élevage et des 30 ha. Le complément sera apporté par les 5 000 euros de location des abris et par la vente d’électricité du hangar. En attendant, cette somme comblera la différence entre les 17 000 euros d’annuité des panneaux et les 13 000 euros de vente d’électricité. »

Contexte pédologique particulier

 

 
Un nouvel agrivoltaïsme sur les parcours de volailles
© NovaEnergy France
L’élevage de Jacques Dupont est implanté en zone réputée « marécageuse ». La couche arable ne dépasse pas 40 cm sous lesquels se trouve une couche d’argile, provoquant stagnation d’eau en hiver et sécheresse en été. C’est pourquoi, Jacques l’a fait drainer, ce qui l’a empêché d’agroforester le parcours, à regret. « Depuis 2018, je me suis engagé dans l’agroforesterie avec l’association départementale (Arbala). J’ai planté 200 arbres sur 4 ha, mais le contexte pédologique n’aide pas. Chaque année, il faut en remplacer. » Ce sol n’a pas non plus permis de visser les douze poteaux de chaque structure, une solution pourtant préférée aux dés en béton (1,5 m3/pied). Jacques Dupont est agréablement surpris par le résultat final. Éloignées de la poussinière de 1 200 m2 (à au moins 20 m selon le cahier des charges) et bien réparties dans le parcours par carrés de 1 700 m2 (40,5 m x 42 m exactement), les sept zones d’abris s’intègrent bien et sans effet de masse. Le point haut se situe à 4,5 m et le bas à environ 2 m. L’eau de pluie passera entre les panneaux non jointifs pour essayer de maintenir l’enherbement, mais une gouttière est ajoutée pour parer à la formation de flaques.

 

 

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