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Mesurer le bien-être animal
L’appli Ebène replace les volailles au cœur de l’élevage

Depuis début juillet, l’Itavi propose l’application Ebène en téléchargement sur son site. Elle permet de mesurer simplement et objectivement le bien-être des volailles de chair.

Comment savoir si les oiseaux sont bien dans un bâtiment d’élevage ? La réponse dépend de la personne interrogée. Untel parlera des performances : « un oiseau mal nourri ou mal abreuvé ne performe pas » ; tel autre du nombre d’animaux : « les oiseaux sont tassés dans des hangars. » En réalité, aucun des deux n’a raison. Le « bon » bien-être, c’est celui exprimé par les animaux. C’est pour sortir de cette opposition que depuis des années l’Institut technique de l’aviculture (Itavi) s’emploie à mesurer les indicateurs du bien-être et à bâtir des grilles de lecture objectives. D’où l’idée d’un outil de mesure accessible aux éleveurs. « Cette demande émanait des professionnels, souligne Laura Warin, ingénieur à l’Itavi. En collaboration avec eux, mais aussi après de larges concertations d’ONG welfaristes et de chercheurs, l’Itavi a mis au point une méthode qui devait être complète, rapide et simple à mettre en œuvre en élevage, tout en étant scientifiquement validée. » Baptisée Ebène, cette démarche vient d’aboutir à la mise en service de l’application gratuite disponible depuis le mois de juillet. Elle concerne tous les types d’élevage de volailles de chair (y compris avec parcours), ainsi que les poules à œufs de consommation et les lapins. Au-delà de l’obligation des moyens de bien élever, elle quantifie concrètement les cinq libertés associées à l’état de bien-être : la liberté physiologique (manger, boire, respirer), la liberté sanitaire, la liberté environnementale (ambiance), la liberté psychologique (stress) et la liberté comportementale. L’évaluation est pratiquée par le technicien, le vétérinaire ou l’éleveur. Il est conseillé de suivre au préalable une journée de formation dispensée par l’Itavi (www.itavi.asso.fr) pour s’approprier le protocole à suivre et intégrer les données à observer, notamment les postures comportementales des animaux.

D’abord un outil de progrès pour l’éleveur

Le résultat final apparaît sur le smartphone dès la fin de la visite, sous la forme d’un « radar ». Ce graphique relie douze axes correspondant aux différents critères du bien-être : relation homme-animal, comportements individuels, soins aux animaux, confort…. « Ce bilan à la bande est destiné à souligner les points qu’il faudrait améliorer lors du prochain lot », note Laura Warin. Pour Julien Leballeur, qui l’a testé en mai sur ses jeunes poulets, « c’est aussi le moyen incontestable de valider les améliorations que l’on a fait sur le long terme ». Chez lui, les poulets et les dindes ont droit à la lumière naturelle, à la musique, aux blocs à piquer, aux bottes de paille, à une litière souple de menue paille. L’appli peut s’employer dans un esprit de progrès, avec le diagnostic réalisé à chaque lot et dans chaque bâtiment d’un site. « Cela nous permettra peut-être de mesurer l’impact de différences d’équipements, de conduites d’élevage (litière, repaillage, enrichissement…), voire de souches », ajoute Julien. Tout cela reste à découvrir… Ce sera un outil de dialogue avec le technicien et le vétérinaire. S’il le souhaite, l’éleveur pourra aussi se situer par rapport à ses collègues d’une même organisation de production (OP). Pour l’Itavi il n’est pas question d’utiliser Ebène pour classer des OP ou comparer des modes de production. D’ailleurs, un comité d’utilisateurs a été créé pour veiller à l’exploitation des informations. La première priorité est de faire connaître l’appli Ebène aux OP afin qu’elles s’approprient l’outil et proposent des améliorations à l’Itavi. « Ebène n’aura d’utilité que si l’éleveur y trouve vraiment un intérêt, estime Anne-Laure de Goulaine, en charge de la communication de l’amont du groupe LDC. C’est complémentaire de ce que nous faisons avec nos chartes et nos démarches qualité. » L’autre intérêt d’Ebène est la communication grand public. En réponse aux critiques, Ebène permettra de montrer que les éleveurs prennent soin de leurs animaux, par la mise en œuvre de moyens dont les effets sont évalués de manière objective.

" Quantifier l’expression comportementale du bien-être"

Une heure pour évaluer un bâtiment

Le diagnostic Ebène est réalisé une fois par lot, plutôt la dernière semaine d’élevage pour les volailles de chair. Il se compose de trois phases, en suivant le menu déroulant de l’application :

- Questionnaire sur les moyens (environ dix minutes).

L’opérateur renseigne une fois pour toutes les caractéristiques du bâtiment : la disponibilité en lumière naturelle, l’enrichissement (perchoirs, musique…), les mangeoires, les points d’abreuvement, la ventilation… Il précise les données du lot en cours (souche, nombre mis en place et actuel, âge…), les pratiques spécifiques (mise à mort, façon d’entrer…) et les conditions d’élevage (températures, hygrométrie, programme lumineux, litière, répartition des animaux…).

Mesure des comportements individuels (environ vingt minutes).

L’observateur évalue le pourcentage d’oiseaux au repos et ceux qui halètent. Il note les comportements individuels, successivement dans trois zones du bâtiment situées sur le côté ou en position médiane. Chaque secteur fait environ 2 à 4 m2 et comprend 20 à 100 animaux. Les comportements observés pendant cinq minutes (chronomètre intégré) sont : le bain de poussière, le toilettage, l’exploration, l’étirement des pattes ou le battement des ailes, le picage agressif, l’interaction non agressive avec un congénère.

Mesure des indicateurs sanitaires (environ trente minutes)

L’opérateur fait un lent aller-retour dans la longueur, en commençant par le milieu. Il observe une bande de 2 à 3 mètres de large et clique sur six indicateurs au fur et à mesure de sa progression : oiseau immobile, blessé, boiteux, petit, mort, ou autre anomalie. S’ajoutent la note de litière et la propreté des oiseaux indiqués au bout de chaque ligne.

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