L'alimentation calcique démarre dès la phase d'élevage des poules pondeuses
La nutrition est le premier levier pour optimiser la qualité de la coquille. Pour Michel Richet, de Provimi, cela passe par une bonne gestion des apports de calcium et la maîtrise de l’intégrité hépatique.
La poule exporte chaque jour environ 2 g de calcium pour constituer la coquille. L’apport quotidien de ce minéral dans l’aliment est indispensable: elle doit en consommer une quantité environ deux fois plus importante, compte tenu de la rétention calcique dans les os. « La période critique concernant la qualité de la coquille démarre après 55 semaines d’âge, constate Michel Richet, de la firme services Provimi. Mais la préparation alimentaire de la poule pour l’aider à mobiliser puis exporter du calcium commence au plus jeune âge. »
TAILLE DES PARTICULES
Le nutritionniste considère trois phases clés pour l’apport de calcium. La première concerne les six premières semaines d’âge, lors de la constitution du squelette. « Le dépôt de calcium dans les os doit être renforcé sur cette période. L’apport azoté favorise le développ e m e n t c o r p o r e l tandis que l’ajout du métabolite de la vitamine D3 influence la capacité d’absorption intestinale du calcium. » Vers 16 à 18 semaines, on augmente légèrement le niveau d’incorporation de calcium. Cela correspond à la période de maturité sexuelle et de formation de l’os médullaire (voir page 11). En ponte, l’apport de calcium dans les aliments croît progressivement de 3,4 à 4 % pour satisfaire l’exportation de coquille et la baisse d’assimilation. Parallèlement, la quantité de phosphore diminue de 3,6 à 3,1 %. « Un apport de phosphore trop important diminue la capacité à mobiliser le calcium dans l’os médullaire et la « production » de coquille sera moins importante la nuit. » L’une des caractéristiques de la poule est son appétit spécifique pour le calcium en fin de journée. Un repas doit être réalisé environ 3 heures avant l’extinction. Son ingéré calcique augmente de 10 à 20 %. Le jabot se dilate et la solubilisation du calcium augmente. Les sources de carbonate de calcium proviennent de carrières (calcaire) ou sont d’origine marine (coquille d’huître). L’apport dans l’aliment se fait aux deux tiers sous forme de semoulettes et pour un tiers sous forme de poudre. « L’objectif est de faire en sorte que la disponibilité du calcium soit progressive et se prolonge en deuxième partie de nuit, explique Michel Richet. La solubilité de la semoulette est plus lente que celle de la poudre. » Le nutritionniste pointe du doigt l’importance de préserver l’intégrité hépatique. « La poule a tendance à s’engraisser. Un foie « gras » aura une moindre capacité à métaboliser la vitamine D3. Les protéines de la membrane coquillière étant produites par cet organe, la solidité de la coquille peut s’en ressentir. » Il recommande d’administrer un hépatoprotecteur dès 30 à 35 semaines, avec une cure de 15 jours toutes les six semaines.
OEUFS FRAGILES EN FIN DE PONTE
En cas de problèmes récurrents de coquille en fin de lot, on peut recourir à des additifs nutritionnels, tels que le butyrate de sodium qui stimule les fonctions hépatiques et restore les vilosités intestinales. Dans un élevage sensible, il est également possible de « freiner » l’augmentation du calibre de l’oeuf à partir de 40 semaines en réduisant le taux de matières grasses et de certains acides aminés comme la méthionine. Un flash lumineux de 1 h 30 à 2 h au cours de la nuit stimule la consommation de calcium au moment de la formation de la coquille. Lors d’un coup de chaleur, l’appétit diminue. La poule ingère donc moins de calcium. Par ailleurs, elle va hyperventiler pour réguler sa température corporelle et évacuer du dioxyde de carbone. Cela entraîne une alcalose respiratoire et l’élévation du pH sanguin. La poule compense en éliminant des bicarbonates pour réguler le pH sanguin. Un apportplus important de bicarbonate de sodium au cours de l’été aide à maintenir la solidité de la coquille. « Et pour les années à venir, conclut Michel Richet, le management de la glycémie et son influence sur l’engraissement des foies offre des perspectives intéressantes pour améliorer la solidité de la coquille. »