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« La biosécurité se joue dans les détails »

Le Gaec Letourneur, élevage de bovins et de volailles dans l’Orne, fait de la biosécurité une priorité. Pourtant fin 2024, suite à une contamination, une enquête épidémiologique est menée.

Avec l’installation de leurs deux fils, Pierre et Paul, l’élevage bovins de Nathalie et Laurent Letourneur devient un élevage mixte où cohabitent sur un même site 110 bovins laitiers et des volailles de chair. Un troupeau de 50 vaches allaitantes est conduit sur un second site éloigné. Ici, la biosécurité est une affaire de tous les jours. La construction du bâtiment et la circulation sur le site ont été réfléchies dès le départ pour limiter toutes contaminations croisées entre les deux espèces.

Des flux de circulation bien gérés

C’est en 2015 que le bâtiment dynamique de type colorado de 1 355 m² est construit, en retrait de la stabulation des laitières, à environ 50 m. Un plan de gestion des flux a été conçu dès 2016 avec le vétérinaire sanitaire et Pierre Letourneur a suivi une formation à la biosécurité. Les flux d’aliments et de fumier ne se croisent pas. « Le fumier des bovins ne transite pas par un chemin le long du bâtiment volailles », indiquent éleveurs et vétérinaires. Ni les ruminants. Une clôture a été installée entre le bâtiment et une pâture où viennent parfois quelques génisses. Les flux d’air transversaux ressortent du côté de la pâture. « Le flux d’air n’est pas le vecteur majeur de contamination par la salmonelle », précise Xavier Gautier, vétérinaire et responsable qualité du pôle amont de LDC. À l’entrée du site, les voitures et les engins circulants sont dirigés soit à gauche vers la stabulation ; soit à droite vers le poulailler qui mène à une voie sans issue. Une pancarte indique l’emplacement du parking bien en amont et une dalle en béton fermée par des barrières délimite l’entrée du poulailler. Le but est de limiter les accès au maximum. « En cours de lot, peu de personnes entrent et le bâtiment est fermé à clé », note le technicien d’Huttepain Aliments, Anthony Miatta. Quant au matériel commun aux deux élevages, le tracteur-fourche et le manitou, les roues sont désinfectées avant de vider et de pailler le bâtiment. Ensuite ces engins n’entrent plus dans le bâtiment en cours de lot.

Une contamination par la salmonelle

Cette biosécurité parfaitement maîtrisée n’a pas empêché la survenue d’une contamination par la salmonelle. La nouvelle tombe en octobre 2024 : Salmonella enteritidis a été détectée sur le lot de poulets de chair lors d’un contrôle obligatoire avant abattage. Une enquête épidémiologique débute pour retrouver la cause de cette contamination. Le Gaec Letourneur est passé au peigne fin. Le coupable est trouvé : un stock ancien de paille utilisé comme litière du bâtiment des volailles. « Quand cela arrive, c’est un rappel à l’ordre. Cela fait redoubler de vigilance, la routine ce n’est pas bon », confie pragmatique Nathalie Letourneur, en charge de l’atelier avicole avec son fils Pierre. La paille incriminée, provenant du deuxième site récemment acquis, a été détruite et le site désinfecté. Quant au bâtiment, il a été lavé par les éleveurs et désinfecté par un prestataire de façon drastique puis de nouveau contrôlé à l’intérieur et au niveau des abords.

Des mesures renforcées

Maintenant, la paille broyée est remplacée par des granulés de paille hygiénisés afin de prévenir les contaminations mais aussi améliorer l’état de la litière et les problèmes de pododermatite. « Les résultats techniques sont au rendez-vous », se réjouit Nathalie Letourneur, satisfaite des premiers résultats annoncés sur le lot de poulets de chair. De plus, la chasse aux rongeurs, vecteurs de la bactérie, a été renforcée. Une fois par trimestre, une entreprise de dératisation place des appâts sur les quatre sites à de nombreux postes. La surveillance des éleveurs est primordiale. « Ils doivent surveiller les appâts et en remettre si besoin. Il vaut mieux garder des abords dégagés, sans eau stagnante et éviter de laisser de l’aliment sous un silo pour ne pas attirer les rats », conseille Xavier Gautier. Pour mettre cela en œuvre, technicien et responsable qualité aident au suivi des mesures via un échéancier.

Enfin, l’entrée des éleveurs, Nathalie et Pierre, dans le bâtiment volailles pour les tâches quotidiennes se fait par un sas composé de trois zones avec changement de paires de chaussures dans chacun des sas. Un protocole inscrit dans la démarche Nature d’Éleveurs du groupe LDC. « Quand je sors de l’élevage, je refais la manipulation inverse puis je repars à la maison pour me changer avant de rejoindre l’élevage des vaches », décrit Nathalie Letourneur.

Une enquête poussée pour trouver la source de contamination

Stockage de la litière, rongeurs et atelier annexe sont reconnus comme des points à risque.

L’annonce de la contamination par Salmonella enteritidis, sérotype du groupe 1 réglementé, a déclenché une opération de prélèvements sur l’ensemble des quatre sites de l’exploitation. « Trois hypothèses de contaminations sont ressorties ici : le stockage de la paille, l’atelier bovin et les traces de rongeurs », précise Arnaud Ballot vétérinaire du réseau Cristal en charge du suivi de l’élevage. À partir de ces trois hypothèses, un quadrillage a été établi : l’intérieur des bâtiments, les abords, les stocks de paille et la mare ont été contrôlés à l’aide de chiffonnettes. Résultat : Salmonella enteritidis apparaît uniquement sur un stock de vieille paille situé sur un autre site repris et ne provient pas de l'atelier des bovins. 

Sur trente enquêtes épidémiologiques réalisées par an depuis trois ans, il apparaît que 20 à 30 % des cas de contaminations par la salmonelle ont pour origine les rongeurs et 30 à 35 % des cas, la litière. « Le stockage de la litière représente un risque majeur de contamination​ », notent les vétérinaires qui déplorent une augmentation générale des cas de contamination par Salmonella enteritidis. « Depuis trois ans, on constate une augmentation de la pression environnementale pour des raisons inexpliquées », remarque Xavier Gautier. D’où l’importance de suivre une gestion rigoureuse autour de ces trois points sensibles.

Le lait aussi sous surveillance…

À Gauville dans l’Orne, pays du camembert, le lait produit par le Gaec est analysé tous les jours par la laiterie Lactalis afin de fabriquer un camembert AOP au lait cru. Ici aussi la présence de salmonelle (et d’autres contaminants) est recherchée grâce à un système de filtre placé avant le tank à lait à chacune des traites. « Chaque jour, le laitier prend les deux filtres pour être analysés. C’est une continuité avec le poulailler », explique Nathalie Letourneur.

Rédaction Réussir

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