Jean Claude Millet concilie conditions de travail et confort des poulettes
Équipé de deux systèmes, Jean-Claude Millet apprécie autant l’un que l’autre pour des raisons différentes.
Équipé de deux systèmes, Jean-Claude Millet apprécie autant l’un que l’autre pour des raisons différentes.
Installé à Saint-Maurice-le-Girard en Vendée, Jean-Claude Millet s’est d’abord équipé de deux volières à plateaux (Jump Start de Vencomatic), puis d’une mini-volière (Volution2 de Volito). L’éleveur avance plusieurs explications à ses deux choix. « En 2009, je n’y connaissais rien. C’était le tout début des volières. J’ai suivi les conseils du groupement Noéra", rappelle-t-il. Huit ans plus tard, il a pris en compte la dimension du bâtiment et son vécu. « En 2018, le bâtiment à aménager était plus large (15 m) et je ne voulais pas de portique double à plateaux. Car précise-t-il, j’aurais perdu de la capacité avec un seul portique, d’où des volières en rangées qui logent 39 000 poulettes sur 1 000 m2 au sol. Et j’ai retenu ce modèle parce que j’avais déjà cette marque en poules bio. J’avais aussi un penchant pour cette conception plus ouverte et à deux niveaux. » En effet, la mini-volière est plus haute (85 cm entre le plancher grillagé et le plafond) (1). Les oiseaux disposent d’un plus grand volume pendant la phase en claustration. Dès le plus jeune âge, elles apprennent à sauter et à voler en utilisant trois perchoirs : deux à hauteur fixe (dont celui au-dessus de la mangeoire linéaire) et un mobile au-dessus des pipettes. S’ajoute le plateau intérieur de 30 cm de large, relevable et solidaire de la ligne de pipettes. Cette surface mobile supplémentaire augmente la surface utile de 35 %, ce qui permet de faire dormir 35 poulettes par mètre carré de volière.
Des blanches plus débrouillardes
D’autre part, le dessous du système est accessible, ce qui augmente la surface de grattage. Rapportée au mètre carré utilisable, la capacité atteint moins de 19,5 poulettes. « J’ouvre les portes à partir de huit semaines, lorsqu’elles se sont bien habituées à la zone de grattage. C’est intéressant pour réduire les risques de tassement en bout de couloir, car elles peuvent s’échapper sur les deux côtés. » L’éleveur démarre le lot sur le niveau du haut, comme dans une cage, et le dédouble vers 12 jours. L’accès à la zone de grattage est libéré à environ six semaines lorsque les poulettes manquent d’espace, avec 2-3 jours d’écart entre l’ouverture du niveau haut et du bas pour limiter la pagaille au sol. « Plus on ouvre tard, sans dépasser les huit semaines, et plus la poulette rentre mieux au bercail. » L’éleveur souligne la différence de comportement entre souches blanche et brune. « Les blanches sont plus mobiles, plus débrouillardes et cherchent à faire toutes les bêtises : s’échapper par un trou dans le filet, se coincer la patte, passer la tête où il ne faut pas… » Il veille à faire dormir toutes les poulettes à l’intérieur des systèmes (valable quel que soit le système). Alors, le coucher ne pose pas de problème. Elles remontent vite dès l’extinction du couloir suivie de celle progressive des guirlandes leds à l’intérieur.
Les mini-volières plus sécurisantes pour l’éleveur
Le type de volière influe beaucoup sur la gestion des interventions. « En mini-volière, je coulisse les portes après le coucher. J’ai fait confectionner des tables roulantes qui permettent d’agir à la bonne hauteur et en sécurité. Il suffit d’attraper les poules module après module et de les relâcher au sol après la vaccination. » La procédure est plus délicate avec les plateaux. « J’applique la méthode néerlandaise. On attrape les poulettes au sol dans les allées extérieures et pas dans le système. Ce qui suppose de préparer l’intervention en relevant le matériel et certains plateaux, et d’avoir une bonne coordination entre ceux qui font avancer les poulettes et ceux qui les vaccinent. » Car il y a un risque de mouvement de foule. C’est ce qui explique sa réticence envers les doubles portiques. « Élever dans des systèmes en rangées est beaucoup plus rassurant et prend moins de temps », estime Jean-Claude Millet. L’enlèvement est aussi plus simple et le nettoyage moins physique. Une fois le sol raclé (avant transfert) au mini-chargeur, les tapis évacués et le système soufflé, des laveurs professionnels nettoient à la chaîne. Il faudrait en moyenne une heure de lavage pour 1 000 poules et bien plus avec les plateaux. « Je fais le nettoyage car c’est plus complexe. Je dois vider manuellement le fumier accumulé le long du système, manipuler les caillebotis. » En résumé, « les plateaux, c’est meilleur pour les poulettes et l’image. La rangée, c’est plus rationnel pour l’éleveur. »
La mutation des poussinières de Jean-Claude
Les six bâtiments de Jean-Claude Millet consacrés à l’élevage des poulettes au sol ont profondément été remaniés depuis dix ans :
- en 2009, deux 750 m2 ont reçu un portique Jump Start Vencomatic pour élever 18 000 poulettes ;
- en 2012 et 2017, deux 1 000 m2 ont été équipés de 4 plateaux ascenseurs sur un tiers de la surface au sol, pour augmenter la capacité unitaire à 20 000 places ;
- en 2016, un 1 000 m2 a été aménagé pour 12 000 poules bio dans une volière Volito ;
- en 2018, un 1 000 m2 a été transformé pour 39 000 poulettes logées dans quatre rangées de mini-volières Volito sur 15 m de large.
Noréa, près du million de poulettes en volières
En 2018, La branche œuf du groupe coopératif Terrena a commercialisé 5,9 millions de poulettes, dont 2 millions en dehors de ses éleveurs contractualisés. Avec 24 bâtiments en activité, ses 15 éleveurs de volière affichent 964 000 places, soit plus du tiers de la capacité totale. Noréa est un des principaux fournisseurs du marché des poulettes élevées en volières. « Nous avons commencé en 2009 avec les deux fournisseurs présents à l’époque, Vencomatic et Big Dutchman, explique Alain Pouplin. Nous continuons à nous développer en transformant de l’existant, mais aussi avec des bâtiments neufs. Dans ce cas, la rémunération est supérieure. » Par ailleurs, Noréa nourrit 5,5 à 6 millions de poules, dont environ 1,5 million détenu par des éleveurs indépendants. Chez ses producteurs d’œufs, l’alternatif est devenu majoritaire avec 60 % de l’effectif, segmenté en bio (30 %), le plein air (60 %) et le sol (10 %) qui est surtout issu d’élevages en cages amortis et reconvertis.