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« Je m’installe en poulet lourd avec un site rénové et performant à 280 euros le mètre carré »

Guillaume d’Hueppe a repris un élevage de volailles reproductrices pour le transformer en poulet de chair. Son projet a été raisonné autour de la rentabilité du site rénové et du temps de travail.

<em class="placeholder">Guillaume d’Hueppe dans l’un des poulaillers refaits à neuf : « Mon objectif est d’avoir le même niveau de vie que lorsque j’étais salarié. »</em>
Guillaume d’Hueppe dans l’un des poulaillers refaits à neuf : « Mon objectif est d’avoir le même niveau de vie que lorsque j’étais salarié. »
© A. Puybasset

« Mon épouse s’est mariée avec un commercial et se retrouve aujourd’hui avec un agriculteur, s’amuse Guillaume d’Hueppe, mais un homme heureux dans son nouveau métier. » Après plusieurs années comme chef de secteur dans une entreprise internationale, il a pris un grand virage en septembre 2023 en s’installant à Guignen en Ille-et-Vilaine. Il y a repris un élevage de volailles reproductrices pour le transformer en production de chair. L’ensemble de trois bâtiments répartis sur deux sites a été entièrement rénové, poulailler après poulailler jusqu’en juillet 2024, pour aboutir à un outil de 3 600 m2, performant, rationalisé et compétitif pour la production de poulet lourd sexés.

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Non issu du milieu agricole, Guillaume exploitait depuis 2020 en activité secondaire un poulailler de chair de 1 200 m2 situé à 6 kilomètres, qu’il avait acquis par opportunité, ce dernier étant sur le terrain de la maison qu’il avait achetée. « Cette expérience a confirmé mon appétence pour l’élevage et mon envie d’être à mon compte. Dès les premiers lots, j’ai commencé à chercher un site plus grand à reprendre pour m’installer. » Il est aujourd’hui à la tête d’un atelier de 4 800 m2, soit quatre poulaillers qu’il exploite seul en EARL, en partenariat avec le groupement Huttepain Bretagne.

Lire aussi : Chez Guillaume d'Hueppe, un site de trois poulaillers rénovés à l’identique en poulet lourd

Un niveau de salaire maintenu

S’appuyant sur sa formation en économie et en gestion, Guillaume a peaufiné son étude prévisionnelle pour élaborer un projet d’installation viable, compatible avec ses attentes en termes de revenu mais aussi d’organisation du travail. Ainsi, les besoins de main-d’œuvre extérieure et d’investissement dans des équipements pour gagner du temps et du confort de travail ont été précisément chiffrés et intégrés dans le coût de production. « Mon objectif est d’avoir au moins le même niveau de vie que lorsque j’étais salarié. » L’étude prévisionnelle reposait sur une marge poussin aliment de 12 euros par mètre carré et par lot et un salaire de 2 000 euros par mois. 

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C’est à partir de ces objectifs qu’a été calculé le prix de reprise proposé au cédant. « Ce dernier a accepté de baisser ses prétentions, sachant qu’il n’y avait pas de continuité de production du site (arrêt de la reproduction). C’est souvent le prix de reprise qui fait que la banque finance ou pas un projet. Le cédant était finalement content que mon projet aboutisse. Il a par ailleurs été très impliqué dans sa réussite et m’a accompagné dans la prise en main de l’élevage. Il y a eu une vraie relation de transmission ! », apprécie-t-il. « L’accompagnement du groupement a aussi joué énormément pour rassurer la banque. »

Une marge poussin aliment de 16 €/m2/lot

En cumulant le prix de reprise et le coût de la rénovation, l’éleveur a investi plus d’un million d’euros, financé par le Crédit Agricole, soit 280 euros par mètre carré, avec des devis signés fin 2022. « En reprenant un élevage rénové, je bénéficie d’un outil propre et hyperfonctionnel avec un investissement bien moindre qu’avec du neuf. »

Sur les seize premiers lots produits en 2024 sur l’ensemble des quatre poulaillers, la marge poussin aliment atteint en moyenne 16 euros par mètre carré et par lot, hors aide à l’installation et à la rénovation du groupement. Elle s’explique par des croissances élevées, notamment des femelles (soit 1,95 kg à 33 jours, 3,4 kg à 43 jours pour les mâles, avec une densité moyenne de 16,5 poussins par mètre carré) et par un indice de consommation de 1,59. « Des résultats encourageants à consolider au regard des charges variables et à maintenir dans le temps, nuance l’éleveur. On n’est jamais à l’abri d’aléas sanitaires ou techniques. Un lot de poulet lourd sexé se surveille comme du lait sur le feu. »

S’agrandir pour travailler à plusieurs

« Ces résultats ont permis de dégager de la trésorerie et laissent entrevoir une rentabilité dès la première année, sachant que je ne me suis pas encore versé de salaire », précise Guillaume qui reçoit une aide à la création d’entreprise en tant qu’ancien salarié. « Je donne pour l’instant priorité à la performance économique de l’élevage. J’attends une première année de résultats comptables pour envisager la suite. » Son objectif est d’agrandir l’élevage pour atteindre une taille suffisante pour passer à deux UTH, avec un salarié ou un associé, et avoir une meilleure répartition de la charge de travail. Il cherche les opportunités dans sa zone géographique qui bénéficie d’atouts en termes de proximité des outils d’abattage et de pression sanitaire faible (peu de densité).

Armelle Puybasset

Côté Eco

280 €/m2 : coût de reprise et de rénovation du site de Guignen de 3 600 m2

16 €/m2/lot : MPA moyenne de 16 lots élevés en 2024 (4 poulaillers)

24 €/m2/an : remboursement du site rénové

95 000 € : coût du premier poulailler de 1 200 m2 repris en 2020 dont 15 000 € de rénovation

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