Aller au contenu principal

Euralis sécurise sa filière canard gras du Sud-Ouest

Après deux années d’influenza, le groupe coopératif Euralis rebondit pour sécuriser ses approvisionnements avec des règles d’élevage profondément modifiées.

Dans les élevages de canards gras du Sud-Ouest, les nouvelles normes biosécuritaires ont provoqué un choc à double détente : remise en cause des méthodes traditionnelles d’élevage avec la bande unique et une baisse consécutive des volumes sur les sites. Plutôt que de s’adapter, certains éleveurs d’Euralis ont décidé de jeter l’éponge. De plus, 25 % des 280 éleveurs et gaveurs fournisseurs ont plus de 55 ans. La coopérative a donc décidé de rajeunir sa filière, aussi bien par le renouvellement des hommes que par la modernisation des outils. « Le marasme provoqué dans la filière nous oblige à créer une nouvelle dynamique, explique Jean-Michel Marsan, directeur des productions animales du bassin Sud-Ouest. Et à revoir ses fondamentaux, afin d’atteindre une production annuelle de 3 millions de têtes, qui sera en retrait de 25 % par rapport à l’avant-influenza. Depuis un an, 70 projets ont été initiés pour réaliser des mises aux normes, des extensions ou des créations de bâtiments (43 dossiers). Ces derniers représentent 37 000 m2 créés ou rénovés pour 6 millions d’euros d’investissement. L’intérêt pour le canard gras ne faiblit donc pas. » Euralis recherche encore une quinzaine de producteurs pour combler les places perdues par le passage à la bande unique.

Cap sur la professionnalisation

L’élevage du canard gras tourne une page de son histoire en revisitant le confort au travail, le bien-être animal, et des méthodes d’élevage incluant un volet sanitaire très strict. La bande unique « tout vide-tout plein » révolutionne les mentalités. Pour François Landais, vétérinaire conseil d’Euralis, « en termes d’efficacité ce sacrifice imposé n’a pas d’équivalent pour combattre les épizooties ». Conçus sur des sites neufs où entièrement rénovés, les bâtiments « nouvelle génération » avec sol béton et parois lisses, réunissent les moyens permettant d’obtenir de bons résultats techniques et financiers tout en minimisant les risques. Rien n’est laissé au hasard par Euralis qui impose son modèle technique : alimentation intérieure automatisée, mécanisation du repaillage, ventilation dynamique, chauffage, gestion de l’eau, système de pesée. Côté biosécurité, la bande unique permet un vide sanitaire complet du site. L’automatisation (alimentation, paillage) évite le passage de tracteurs. Le bien-être animal a été notablement renforcé avec une mise à l’abri possible pour tous les canards à des densités correctes, en fonction des conditions climatiques et des éventuelles périodes de claustration réglementée. Le parcours inclut un volet paysager, avec la plantation de haies et d’arbres pour l’ombrage. L’accompagnement technique, administratif et financier Euralis s’inscrit encore dans une logique de partenariat. La coopérative met la main à la poche avec une aide directe de 30 euros par mètre carré en neuf. L’accompagnement, à géométrie variable pour les aménagements en matériel et en biosécurité, est fait sous la forme d’une prime indexée sur le prix de reprise des animaux. Les aides Arae et PCAE (selon les dispositifs régionaux) complètent le dispositif.

Un investissement en deux temps dans le Gers

À Salles d’Armagnac (Gers), la famille Faget perpétue l’exploitation traditionnelle du Bas-Armagnac, associant maïs, vigne et élevage. Confrontés aux mises aux normes de leur élevage de vaches laitières (800 000 litres), Martine et Stéphane ont arrêté le lait en mars 2016. " Les investissements trop importants, la fluctuation des prix et la raréfaction des unités laitières dans notre secteur nous ont incités à regarder ailleurs. Mon épouse connaissait le canard et c’est naturellement que nous nous y sommes intéressés », confie Pascal. Un premier atelier d’élevage de canards prêt à gaver déjà démarrés est installé dans l’ancienne stabulation de 1 230 m2 pour produire en multibande. Il fournissait la salle de gavage neuve de 1 000 places contiguë au bâtiment. « Nous n’avons pas démarré dans la période la plus propice, confie Martine. Les mois suivants ont été rudes. »

Après la première année de fonctionnement, il a été décidé en octobre 2017 de réaliser un nouvel investissement pour créer une vraie canetonnière de démarrage, toujours dans l’ancienne stabulation, et de passer en bande unique, compte tenu des nouvelles règles. Aujourd’hui, le site accueille 9 225 canards PAG sous IGP avec deux parcours de 2,8 ha, à raison de 3,4 lots élevés par an. Après 18 mois de fonctionnement pourtant chamboulé par l’influenza, le couple ne regrette pas son choix. « Nous voulions conserver un élevage. Le canard s’inscrit bien dans le contexte local et nous bénéficions du soutien de la coopérative. Nous avons l’habitude d’avancer et ne pas regarder en arrière, cela nous stimule", conclut Martine.

Les plus lus

En 2022, le poulet lourd non sexé a encore amélioré sa marge brute (+88 en deux ans), dépassant même le lourd sexé.
Enquête avicole : Les marges des volailles de chair ont grimpé en 2022

L’enquête avicole des chambres d’agriculture portant sur les lots de volailles de chair abattus en 2022 en Bretagne, Pays de…

Éric Dumas, président du Cifog : « Nous demandons la prolongation de la campagne de vaccination des canards ainsi que la poursuite de l’accompagnement financier de ...
La filière foie gras se remplume
Le secteur du foie gras retrouve l’optimisme avec le retour d’une offre sanitairement maîtrisée et la montée en gamme des…
pour entrée si besoin
La hausse de l’âge des exploitants avicoles devient préoccupante

L’analyse des données du recensement agricole 2020, réalisée par l’Itavi fin 2023, montre que comparativement aux autres…

L’atelier avicole facilite la transmission de l'exploitation

Lors du recensement agricole de 2020, il a été demandé quel serait le devenir de l’exploitation à horizon trois ans lorsque l’…

Bureaux de MHP à Kiev. L'accord avec l'UE profitera surtout aux actionnaires de MHP et peu au peuple ukrainien.
137 000 tonnes de filets de poulet ukrainien sans droits

La prolongation des mesures commerciales autonomes pour l’Ukraine a finalement été largement validée par les eurodéputés le 23…

Frédéric Chartier, président d'ARmor oeufs, entre Thierry Coatrieux (directeur) et  Coralie Jézéquel (trésorière) :  « Armor œuFrédéric Chartier, président ...
Filière œufs : Le groupement Armor œufs optimiste pour les cinquante ans à venir
En fêtant ses 50 ans d’existence, Armor œufs a voulu transmettre à la troisième génération d’adhérents les valeurs lui ayant…
Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)