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En poulet, les opérateurs belges et néerlandais font leur nid en Ardennes et dans la Marne

Après avoir longtemps produit du poulet frais et de la dinde pour Doux, des éleveurs ont choisi des partenaires belges. Sylvie Mode organise leur production et leur logistique en France.

« Il faudrait vraiment qu’il n’y ait plus que cette solution pour que je revienne au modèle d’intégration à la française », lance Sylvie Mode, éleveuse à Saint-Rémy-sur-Bussy (Marne). Elle ne jure plus que par la relation gagnant-gagnant tissée avec le groupe néerlandais De Heus, fabricant d’aliments du bétail et le groupe Plukon, dont De Heus est actionnaire. Elle se sent « considérée comme un partenaire responsable et indépendant et non un exécutant. »

Tout est parti de la faillite du groupe Doux qui lui a « ouvert les yeux ». « Jusqu’en 2012, nous étions dans une bulle et nous avions des œillères. Heureusement que les Belges et les Néerlandais ont été là pour absorber un potentiel de production qui n’intéressait pas les abattoirs régionaux. » Les ex-éleveurs Doux ont basculé vers la Belgique, en direct ou via le fabricant d’aliment Sanders.

« Nous intéressons les Belges car ils manquent de surface pour développer le poulet. Ici, nous avons de l’espace à revendre. » Par rapport à Chalons en Champagne, les trois abattoirs Plukon se trouvent en Belgique à 270 km (Mouscron près de Lille) et à 350 km (Maasmechelen près des Pays-Bas) et maintenant en France à 200 km (Chailley).

Viser l’excellence en permanence

L’approche belgo-néerlandaise convient à un certain type d’éleveurs à la recherche de la performance et se remettant en cause en permanence, prêts à prendre des risques mais sachant que leurs efforts seront récompensés.

« C’est cela qui a changé : la recherche permanente du plus technique qui conduit à gagner plus. Sans déroger à la règle des 42 kg/m2, nous maximisons la génétique, avec un aliment concentré et deux enlèvements (vers 2 kg à 34 jours, puis 2,7 kg et plus à 41 jours).

Avec 29 000 poussins, on dépasse les 70 tonnes de vif pour un indice de consommation de 1,48 à 1,58. Il n’y a pas photo par rapport aux 55 tonnes obtenues avec des poulets de 35 jours enlevés à 1,9 kg et un IC de 1,75 ! » L’avi-entrepreneuse fédère 17 éleveurs de l’Ardenne et la Marne (plus un dans l’Aisne).

 

 
Ce bâtiment de 2000 m2 en cours d'achèvement près de Châlons en Champagne est une structure en béton équipée en matériel allemand par un installateur de l'Ouest de la France © Julie Guichon
Ce bâtiment de 2000 m2 en cours d'achèvement près de Châlons en Champagne est une structure en béton équipée en matériel allemand par un installateur de l'Ouest de la France © Julie Guichon

 

L’avi-entrepreneuse fédère 17 éleveurs de l’Ardenne et la Marne (plus un dans l’Aisne) qui totalisent une surface de 51 000 m2 . « D’ici quelques mois, nous aurons construit 24 000 m2 supplémentaires (12 bâtiments) et nous aurons deux nouveaux éleveurs ». Elle et son fils ont d’ailleurs un projet de deux bâtiments de 2 200 m 2 qui s’ajouteront aux 5 700 m2 de son mari. « Une fois ces surfaces en route, on fera une pause pour conforter notre organisation et voir comment la situation économique évolue. »

Rester indépendants de Plukon France

De Heus a établi un contrat de reprise des poulets de 3 ans, adapté aux éleveurs français et tacitement reconductible chaque année. Ceux-ci achètent l’aliment concentré De Heus et leur poussin directement aux couvoirs français.

Les éleveurs incorporent du blé entier avec l’aliment complémentaire livré par Sylvie Mode qui gère cette logistique. En contrepartie de meilleurs revenus, les éleveurs sont directement en prise avec le marché européen du poulet.

 

Evolution de la cotation hebdomadaire du poulet sortie élevage à Deinze, servant aussi de référence pour rémunérer les éleveurs français en contrat avec De Heus

 

Si le cours hebdomadaire de Deinze chute la semaine de l’abattage, ce sont des dizaines de milliers d’euros qui peuvent être perdus

Même s’ils s’estiment toujours gagnants avec des marges PA variant de 8,5 à 13 euros par m2, ces éleveurs champenois aimeraient que l’origine française soit prise en compte. Après tout, leurs poulets découpés en Belgique reviennent en France pour être commercialisés en frais et avec un logo français. Ils tiennent aussi à ne pas tomber dans la formule d’intégration de la branche française de Plukon, où vont parfois leurs poulets de desserrage.

 

Lire aussi Le modèle de la filière du poulet 100 % Champenois résiste

 

En savoir plus sur la filière volailles de chair du Grand Est

Le service économique de la direction régionale de l’alimentation, agriculture et forêt (Draaf) de la Région Grand Est vient de publier une « fiche filière volailles de chair » de six pages. Ce document recense et localise les capacités d’élevages, ainsi que les couvoirs et abattoirs.

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