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Avifaf, un outil pour formuler à la ferme

Depuis près de deux ans, Julien Cesbron utilise le logiciel Avifaf pour formuler ses aliments. Il a ainsi amélioré ses performances et réduit son coût de production.

Quand il s’est installé en 2009 avec son père, avec 60 hectares, 25 vaches allaitantes et une production de 4 500 poulets et pintades par an, en bio et vente directe, Julien Cesbron avait comme objectif de réduire les coûts de production. L’alimentation des volailles était constituée d’aliments achetés pour les phases démarrage et croissance. En finition, le père de Julien, aujourd’hui retraité, faisait transformer un mélange triticale-pois produits qui était complété par un fabricant d’aliment. « La part d’achat était de 40 %, précise Julien. Je voulais la ramener à 20 % en valorisant les céréales et protéagineux produits de l’exploitation. La fabrication d’aliments à la ferme me semblait importante pour des raisons économiques et de cohérence avec un élevage bio en vente directe. »

Trouver des outils adaptés aux circuits courts

Comme beaucoup, l’éleveur a d’abord tâtonné. « J’élève jusqu’à 110-120 jours, entre 1,4 à 2,4 kilos de poids carcasse. Il y a très peu de données sur les besoins nutritionnels de ce type de volailles. J’ai suivi deux formations, échangé avec d’autres éleveurs, fait des essais, bricolé un tableur informatique pour formuler. Mais le résultat n’était pas idéal. J’ai même fait de grosses erreurs. » Avec d’autres éleveurs, Julien évoque alors l’idée d’un outil d’aide à la formulation. Ceux existants n’étaient pas adaptés aux éleveurs "fafeurs", notamment de volailles à croissance lente. La chambre d’agriculture des Pays de la Loire a alors créé l’outil Avifaf, accessible sur internet. Depuis septembre 2014, Julien utilise Avifaf pour formuler ses aliments croissance et finition. « La période du démarrage est courte et délicate, estime-t-il. Le risque que l’on prend à formuler l’aliment à cette période est trop élevé pour le gain potentiel. » L’outil présente soixante matières premières (composition élémentaire, minéraux, énergie métabolisable, taux maximal d’incorporation, acides aminés…). Les données, issues pour l’essentiel d’analyses de matières premières conventionnelles, proviennent de la bibliographie et du projet Avialim(1). On trouve aussi de nouveaux aliments comme le tourteau de chanvre, l’ortie… L’éleveur peut entrer ses propres matières premières ou mélanges s’il les a fait analyser. Julien Cesbron s’en sert pour l’aliment azoté complémentaire du commerce qu’il utilise encore. L’utilisateur saisit l’espèce et le programme pour lequel il formule, puis les matières premières à utiliser. Le logiciel calcule la formule la plus adaptée et la plus économique, en indiquant le coût. Si la formulation n’est pas possible à partir de ces matières premières, Avifaf le mentionne en précisant ce qui ne va pas. Il indique aussi la part de bio dans la formule, l’éleveur pouvant imposer une formule 100 % bio. Enfin, il calcule les quantités de matières premières nécessaires à l’année, et éventuellement les surfaces à cultiver.

Des formules équilibrées et plus économiques

« C’est un très bon outil d’aide à la décision, estime Julien. Je peux établir à tout moment la formule équilibrée la moins coûteuse à partir des matières premières dont je dispose. » L’aliment finition actuel comporte 61 % de triticale, 11 % de pois, 14 % de tourteau de tournesol et 10 % de son de blé produits sur l’exploitation, ainsi que 5 % de tourteau de cameline, 7 % de complément azoté bio du commerce (Aliments Mercier) et des coquilles d’huître et sel de mer. La formule croissance est aujourd’hui constituée de 53 % de maïs acheté à un éleveur, 4 % de pois, 14 % de tourteau de tournesol, 5 % de tourteau de cameline, 23 % de complément et de coquilles d’huître et sel de mer. « La part d’aliments achetés a diminué, ce qui a réduit mon coût de production », souligne l’éleveur. Avifaf a permis d’abaisser le coût en aliment finition de 440 euros par tonne à 390 euros par tonne, et en aliment croissance de 630 euros par tonne à 490 euros par tonne. « Au total, le gain est de 3 600 euros par an pour 4 500 têtes. Avifaf a aussi sécurisé les performances, avec un gain d’homogénéité et une baisse de l’indice de consommation. » Enfin, le logiciel permet de tester facilement de nouvelles solutions. « Sans Avifaf, je n’aurais jamais osé concevoir une formule croissance. Je n’aurais pas non plus utilisé la cameline que m’a proposée l’huilerie qui me fournit en tournesol. Avec Avifaf, j’ai pu voir que c’était un produit intéressant et établir une formule qui en incorpore. » Pour l’avenir, l’éleveur a d’autres idées. « J’envisage d’utiliser quatre aliments, en arrêtant le complément du commerce les trois dernières semaines. Je vais faire analyser mon triticale pour connaître sa teneur réelle en protéines. Enfin, le toastage des protéagineux pourrait être une piste intéressante pour valoriser des pois ou féveroles de la ferme. »

(1) Programme de développement agricole (Casdar) Avialim sur l’alimentation 100 % bio en aviculture.

Un investissement vite rentabilisé

Jusqu’à présent, la fabrication d’aliment était peu mécanisée chez Julien Cesbron et impliquait une heure et demie de travail par jour. En 2016, l’éleveur a décidé de se mécaniser. Il a investi 2 000 euros dans une mélangeuse-broyeuse d’occasion et va encore investir 2 000 à 3 000 euros dans des vis d’alimentation et distribution. Il pourra alors fabriquer son aliment une fois par semaine et son temps de travail ne dépassera plus quinze minutes par jour. « Avec du matériel d’occasion, l’investissement est vite rentabilisé, assure-t-il. Il faut par contre être très vigilant sur la granulométrie de l’aliment. Le matériel peut aussi être limitant pour la formulation. Pour des raisons pratiques, on ne peut pas multiplier le nombre de matières premières à mélanger. Le matériel ne permet pas non plus toujours la précision qu’impliquerait le strict respect des formules. »

Un coût de 48 euros à l’année

Avifaf a été mis au point par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, avec le concours financier du ministère de l’Agriculture. Il s’est appuyé sur une enquête menée auprès de 28 éleveurs bio, mais s’adresse à tous les éleveurs. Il permet la formulation d’aliment pour pondeuses, poulettes et poulets de chair, avec pour ces derniers un objectif de 2,6 kilos vif à 98, 112 ou 126 jours avec deux, trois ou quatre aliments. Son utilisation implique un abonnement de 48 euros par an. La chambre d’agriculture propose aussi des formations de deux jours, financées par Vivéa, sur la fabrication d’aliment à la ferme, l’alimentation des volailles et l’utilisation d’Avifaf.

Pour en savoir plus : avifaf@capdl.chambagri.fr.

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