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Agroforesterie : l’arbre est au cœur de la Ferme en Coton

Dans le Gers, depuis vingt ans, Anne Catherine et Nicolas Petit ont créé la Ferme en Coton, un lieu « dédié au vivant ». Leur exploitation bio comporte élevages de volailles et de porcs, cultures et agroforesterie.

Nicolas Petit a initié l’agroforesterie sur la Ferme en Coton pour son élevage de volailles de chair et de poules pondeuses, il y a vingt ans.
Nicolas Petit a initié l’agroforesterie sur la Ferme en Coton pour son élevage de volailles de chair et de poules pondeuses, il y a vingt ans.
© C. Chabasse

En 2001, Nicolas et Anne Catherine Petit ont repris une exploitation conventionnelle à Auch et l’ont convertie en bio. Leur projet a intégré dès son origine la plantation d’arbres au profit du paysage et du vivant.

« À notre arrivée, c’était un « désert paysager ». Nous avons rétabli un équilibre en revégétalisant depuis vingt ans. Concrètement, cela contribue au bien-être des animaux et nous avons même recréé un microclimat sur la ferme », explique Nicolas Petit, éleveur de volailles gersois. Les premières plantations ont été réalisées pour les volailles (principale activité économique de la ferme), élevées sur des parcours enherbés et boisés.

 

 
Brise-vent efficace contre les vents dominants, la haie champêtre sépare les parcours et favorise la biodiversité.
Brise-vent efficace contre les vents dominants, la haie champêtre sépare les parcours et favorise la biodiversité. © C. Chabasse

 

« Beaucoup de volatiles et de faune sauvages sont réapparus. Nous bénéficions d’un véritable écosystème et c’est très agréable, y compris pour nous. Nous voulons vraiment préserver cette nature. L’agroforesterie est un outil indispensable à la conduite de l’exploitation en bio. » L’exploitation est même devenue ferme pilote pour expérimenter l’agroforesterie dans le Gers. « Nous avons été conseillés et accompagnés par Arbre et paysage 32 pour toutes nos plantations », souligne l'éleveur.

L’agroforesterie est partout

L’élevage des volailles de chair est organisé avec dix cabanes en bois avec préau, déplaçables sur vingt parcours de 2 000 m2, à raison de deux par cabane pour permettre des rotations avec dix-huit semaines de vide sanitaire. « C’est davantage que le cahier des charges, mais ainsi les couverts herbacés se régénèrent. Inutile de chauler après une bande. » Chaque cabane accueille 510 volailles élevées quatorze à dix-huit semaines. « Je limite le nombre pour éviter un tassement trop important du parcours », complète Nicolas Petit.

 

 
Les plants sur le parcours sont protégés par un grillage pour éviter que les volailles grignotent l’écorce et perturbent la croissance des arbres.
Les plants sur le parcours sont protégés par un grillage pour éviter que les volailles grignotent l’écorce et perturbent la croissance des arbres. © C. Chabasse

 

Bordé de haies, un chemin central de 250 mètres conduit aux parcours disposés de part et d’autre. Tout a été réfléchi pour intégrer la végétation à l’élevage, tout en préservant la facilité d’accès. Les arbres ont été implantés en tenant compte du déplacement des cabanes mobiles et du passage du tracteur pour les diverses interventions : attrapage, alimentation, ramassage de fumier… Chaque module (cabane et deux parcours) est composé d’éléments similaires, sans être identiques.

Des bénéfices pour les volailles

Des arbres, plantés en corridors, guident la circulation et l’exploration des volailles tout en les protégeant des rapaces. Des haies avec des arbres de 10 à 15 mètres de haut agissent comme des brise-vent très efficaces. Des bosquets de 140 m2, soit environ 30 ligneux distants de 2,50 mètres, agrémentent chaque parcours et fournissent abri et protection, notamment contre la chaleur.

 

 
De larges surfaces enherbées complètent les arbres sur les parcours pour que les volailles picorent. Elles consomment ainsi moins d’aliment fabriqué à la ferme.
De larges surfaces enherbées complètent les arbres sur les parcours pour que les volailles picorent. Elles consomment ainsi moins d’aliment fabriqué à la ferme. © C. Chabasse

 

Ils incitent les volailles à sortir, ce qui améliore l’état sanitaire des cabanes (assainissement de l’air, limitation des fientes). « Les volailles se répartissent mieux. Plus espacées, elles ont moins de stress, donc moins de parasitisme, moins de consommation alimentaire et moins de picage », a constaté Nicolas Petit.

Augmenter et entretenir facilement le vivant

Depuis vingt ans, 8 000 arbres d’espèces locales ont été plantés progressivement sur l’ensemble de la Ferme en Coton. Outre l’adaptation aux besoins de chaque atelier d’élevage, Nicolas Petit a voulu des aménagements faciles à entretenir. Il consacre en hiver environ vingt jours par an à l’entretien de ses plantations en agroforesterie. Au programme : la taille et l’élagage des 6 kilomètres de haies et des 20 hectares d’alignement d’arbres, la taille de formation des plantations récentes… Jusqu’alors, il gérait cet entretien avec son salarié mais il envisage une sous-traitance.

 

 
Le bosquet en arrière de la cabane procure ombre et protection contre les prédateurs (buses…). Il offre un abri bienvenu en cas de chaleur.
Le bosquet en arrière de la cabane procure ombre et protection contre les prédateurs (buses…). Il offre un abri bienvenu en cas de chaleur. © C. Chabasse

 

L’agroforesterie fournit 10 m3 de BRF (bois raméal fragmenté) grâce à la taille de formation chaque année et 5 stères de bois pour se chauffer. Le BRF a des propriétés intéressantes pour améliorer la fertilité des sols (activation de la vie fongique et microbienne). Nicolas Petit en utilise aussi pour pailler les jeunes plantations.

Quelques enseignements sont apparus de cette expérience de l’agroforesterie : « Nos aménagements agroforestiers protègent et augmentent le vivant. Il est important d’entretenir le végétal autour des clôtures électriques pour maintenir l’efficacité contre les belettes, furets et autres renards. Espacer suffisamment les arbres sur les parcours permet de laisser la lumière pénétrer et donc de conserver du parcours enherbé. Mieux vaut grillager autour des jeunes plants car les volailles en sont friandes. Dans les parcours, on a intérêt à rassembler et retirer aussitôt les bois de taille pour éviter les risques de blessures », constate Nicolas Petit.

À savoir

Arbre et paysage 32

L’association Arbre et paysage 32 a été créée par des agriculteurs souhaitant réintroduire la haie dans le paysage agricole. Depuis 1990, elle les accompagne de la conception jusqu’à l’appui et au suivi de la plantation. Celui-ci est assuré durant les trois premières années pour remplacer éventuellement des plants, vérifier les protections des végétaux et dispenser des conseils sur la conduite et la taille de formation des arbres et arbustes.

Quatre parcours agroforestiers pour les poules

 

 

 

 

 

L’atelier de 200 poules pondeuses a été créé en 2003 avec un schéma d’implantation différent de celui des volailles de chair. En revanche, les parcours ont été plantés selon le même principe : alignement, haie, bosquet. Comme un lot séjourne un an, quatre parcours fixes de 1 000 m2 utilisés en rotation pour éviter leur dégradation ont été installés autour de la cabane placée au centre, avec une sortie sur trois faces. Pour y entrer sans pénétrer sur les parcours, l’éleveur utilise le couloir aménagé entre deux parcelles.

Chiffres clés

La Ferme en Coton

Productions animales : 200 poules pondeuses, 10 000 poulets et pintades (dont 900 volailles festives) élevés par an, ainsi que 40 porcs noirs et 25 agneaux
Productions végétales (triticale, féverole, orge) donnant 35 % d’autonomie en volailles
Agroforesterie : 5 ha de parcours sur 65 ha de SAU ; 1,2 km de haies (6 km sur la ferme) et 700 arbres pour les volailles ; 16 000 euros investis en 20 ans en plantations (2 € environ par mètre linéaire, aides déduites) soit environ 800 à 1 000 €/an

Une ferme atypique

La Ferme en Coton est une exploitation collective bio de 65 hectares faisant vivre six personnes.

Nicolas et Anne Catherine Petit louent une partie des terres à un paysan boulanger, ainsi qu’à une maraîchère, et tous s’entraident.

L’éleveur fabrique l’aliment des volailles à la ferme en achetant localement maïs, soja et tournesol pour compléter les 35 % d’autonomie alimentaire.

L’abattage et la découpe des volailles sont réalisés dans une installation agréée CEE, en association avec d’autres agriculteurs gersois. Les Petit vendent leurs produits dans la boutique collective sur place et au marché de L’Isle-Jourdain (32).

Par envie de transmettre et partager leur expérience, Anne Catherine et Nicolas ont diversifié leur exploitation. Lui gère les cultures et l’élevage, tandis qu’elle pratique la médiation animale, principalement avec des personnes en situation de handicap mental. Depuis cinq ans, le couple a aussi construit des formations en agroécologie avec Gaïa Formation, autour de l’élevage des poulets de chair et poules pondeuses.

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