Vinification : ils récupèrent le CO2 fermentaire pour remplacer le CO2 fossile
Récupérer le CO2 fermentaire pour le réutiliser ultérieurement sur site : ils l’ont fait et ça fonctionne ! Mais l’investissement nécessaire reste un frein.
Chaque hectolitre de vin vinifié dégage 8 à 10 kg de CO2. Même si ce CO2 est d’origine non fossile, la question de sa récupération titille les esprits. Quelques pionniers se sont équipés du système proposé par W platform, entreprise installée dans le Bordelais. « C’est très satisfaisant de se dire qu’une partie du CO2 émis par nos cuves sert à économiser de l’eau », confie Amélie Chatin, propriétaire du château Respide, dans les Graves, qui récupère le CO2 pour la troisième année sur six cuves.
Hugo Drappier, du Champagne Drappier, en est à sa seconde vendange avec le système de captage CO2 winery. « Nous avons envisagé cette installation dans le cadre de notre démarche globale de réduction de nos émissions de GES, témoigne-t-il. Comme nous vinifions aussi avec peu de soufre, nous devons protéger nos vins et nous consommions un peu de CO2 d’origine fossile que nous achetions. » Une partie du CO2 fermentaire était déjà récupérée de manière artisanale depuis une cuve en fermentation pour inerter une cuve voisine. En 2023, à l’occasion d’une extension de cuverie, l’équipement fixe des quinze cuves supplémentaires a été décidé.
« Nous avons gagné en autonomie, ce qui fait partie de nos objectifs »
« Extraire le CO2 de la zone de travail ? Une évidence à laquelle nous n’avions jamais pensé »
Le Château Grand Puy Lacoste, grand cru classé à Pauillac, en Gironde, vient d’équiper les 24 cuves de son nouveau cuvier pour capter le CO2. Pour l’instant, le gaz est évacué vers le parc arboré à l’extérieur, même si tout a été prévu pour la phase suivante de réutilisation. La première vendange vient de se terminer. Tout a bien fonctionné.
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Capter puis injecter du CO2 pour remplacer un remontage ou un bâtonnage
Vivelys propose un système de captage et réutilisation du CO2 à des fins œnologiques : Scalya up. Pendant les fermentations, le CO2 capté est séché, compressé, puis il peut être réinjecté dans les cuves de vinification pour favoriser l’extraction des moûts issus de raisins rouges. Selon l’intensité du traitement, il se substitue à un remontage ou à un pigeage. Le CO2 peut aussi être utilisé pendant l’élevage des vins blancs pour remplacer un bâtonnage ou maintenir un niveau de CO2 dissous.
Anthony Appollot, directeur général délégué de Sarments Vignobles, en Gironde
« Avec le débit variable, nous avons gagné en finesse sur nos vins »
Capter le CO2 des cuves et le réinjecter avec un débit variable pour qu’il se substitue au travail de remontage : tel est le principe de l’appareil qu’Anthony Appollot, directeur général délégué de Sarments Vignobles, vient de codévelopper avec l’entreprise CMA. L’intérêt ? Gagner du temps et en qualité sur les vins. « Faire un remontage avec une pompe sur une cuve de 80 hectolitres prend 30 minutes au minimum. Avec cet appareil, c’est 5 minutes par remontage », comptabilise Anthony Appollot. Un gain de temps qui suffit à lui seul à rentabiliser l’appareil.