Aller au contenu principal

Univitis se lance dans la recherche et le développement

La cave coopérative bordelaise Univitis dispose d’un Oeno-lab depuis les dernières vendanges. Ce lieu lui permet d’expérimenter de nouvelles pratiques sur de petits volumes, afin de monter en gamme.

" Si Univitis se met à réinventer le bordeaux, il y a quelque chose à suivre ", s’est exclamé le critique Thierry Desseauve, en dégustant les nouvelles cuvées Sensation de la cave sise à Les Lèves-et-Thoumeyragues, en Gironde. Ces cuvées sortent tout droit de l’Oeno-lab, un petit chai de vinification manuelle lancé pour les dernières vendanges, et servant en quelque sorte de laboratoire R & D œnologique. « Le but est de faire évoluer la gamme avec ces techniques, indique Nicolas Helstroffer, le directeur général d’Univitis, de sortir des sentiers battus. Et de pouvoir ainsi monter en gamme et en prix, afin de conquérir de nouveaux marchés, notamment à l’export. » En 2017, quatre cuvées Hand made du château Les Vergnes à Sainte-Foy-la-Grande en Gironde, détenu par Univitis, y ont été élaborées ; deux rouges et deux blanches. Et force est de constater qu’elles sont pour le moins originales.

Des flextanks et des barriques d’acacia

En blanc tout d’abord, la cave, épaulée par le consultant Olivier Dauga, a opté pour un 100 % sauvignon blanc (Wild Selection VB20) et un 100 % sémillon (Wild Selection VB32). Dans les deux cas, les raisins ont été ramassés mécaniquement à la fraîche, sur une machine à vendanger équipée d’un trieur, puis pressés sous pneumatique. Les jus ont ensuite été entonnés en fûts neufs d’acacia (basse chauffe) pour mettre en exergue les arômes du sauvignon et en tools ovoïdes (flextank) en PEHD, puis ensemencés. « Nous avons bâtonné quotidiennement dès la mi-FA et jusqu’à quinze jours après FA, à raison de deux fois par jour, indique Tom Faure, le régisseur du château, en charge de ces vinifications. Ensuite, nous sommes tombés à un bâtonnage par jour, durant huit à dix jours. Nous avons arrêté dès l’apparition de notes réduites. »

Le vin est alors resté durant environ cinq mois sur lies, avant d’être soutiré pour la mise en bouteille. Il n’a été ni collé, ni filtré. Avec au final, un sauvignon expressif mais pas trop thiolé et un sémillon aromatique, avec un léger côté toasté qui n’est pas sans rappeler le chardonnay.

Des pigeages manuels quotidiens

Du côté des rouges, le process a été sensiblement similaire. Tom Faure a vinifié une cuvée 50 % merlot-50 % cabernet sauvignon (Perfect Balance) et une autre 100 % malbec (Male’Bec). Tous les raisins ont été vendangés et triés à la machine. Puis ils ont été entonnés manuellement et par gravité dans les tools et barriques, pour une macération préfermentaire de quatre à cinq jours. « Nous avons ramassé les raisins à 18-19 °C, précise Tom Faure. Petit à petit, ils sont montés à 20 °C. » À ce moment, il a ensemencé avec des levures indigènes. Durant la FA, il a effectué un pigeage manuel et quotidien des moûts, afin de favoriser l’expression du fruit au maximum. La malo s’est enclenchée avant le pressurage. Au total, les fermentations ont duré environ trois semaines et demie, puis Tom Faure a décuvé. Il a pressé sur un pressoir à vis vertical, puis entonné à nouveau les vins durant six mois, avec un sulfitage à 1 g/hl. À l’issue de ce petit élevage, il a procédé à un ré-équilibrage du SO2 et à une filtration tangentielle, avant mise en bouteille. Pour un résultat étonnant. Le Perfect Balance est très rond, soyeux et fruité ; loin des standards bordelais habituels. Quant au Male’Bec, il dispose d’un fruit expressif, avec un léger côté poivré et épicé, ainsi que d’une belle longueur en bouche.

Pour accompagner le lancement de ces nouveaux produits, la cave a opté pour un packaging haut de gamme, avec bouteilles bourguignonnes et étiquette holographique. Au total, 8 000 bouteilles cousues main sont sorties de l’Oeno-lab en 2017, pour une commercialisation à 20 €, chez les cavistes ou en CHR.

Cette année, la cave a décidé de passer à la vitesse supérieure et de vinifier 45 000 bouteilles de Sensation. Pour ce faire, elle a investi 200 000 € dans le chai. De nouveaux contenants vont ainsi être expérimentés sur les vendanges 2018, à l’instar de cuves béton classiques et en forme de diamant (et d’œuf allongé à l’intérieur), voire d’amphores en 2019. D’autres cuvées — un assemblage 50 % sauvignon-50 % sémillon, un 100 % cabernet franc — seront certainement aussi testées.

voir plus loin

La cave applique cette démarche de R & D à plusieurs postes. Elle s’est également dotée d’un Viti-lab, qui va tester de nouvelles pratiques au vignoble, d’un Conso-lab chargé de travailler sur l’aspect marketing, consommateur et targeting afin de répondre à la demande d’une catégorie de consommateurs, et enfin, d’un Packaging-lab destiné à faire évoluer les packagings des produits de la cave.

repères

Univitis

Apporteurs 200 viticulteurs

Surface environ 2 000 hectares

Production 2018 8 millions de bouteilles

Chiffre d’affaires environ 20 millions d’euros

 

Les plus lus

Afin de maintenir des rendements corrects, Teddy Martin fertilise sa vigne à raison de 50 à 60 unités d'azote par an, apportées sous forme organique.
« L’entretien du sol de ma vigne m’a coûté environ 1 000 euros par hectare en 2023 »

Teddy Martin, viticulteur marnais, laisse ses vignes étroites naturellement enherbées en plein. Il les tond entre trois et…

« L'entretien du sol me coûte environ 200 euros l’hectare en vigne grâce à l'agriculture de conservation »

Dans le Gers, Jean-François Agut fait rimer économie avec agronomie. En misant sur l’agriculture de conservation, il gagne du…

Le Gers dispose d'une enveloppe de 5,03 M€ afin de venir en aide aux viticulteurs touchés par le mildiou en 2023.
Fonds d'urgence viticole : quel montant par département ?

Le ministère de l'Agriculture a ventilé l'enveloppe d'aide par département. Voici la répartition adoptée.

Les vêtements chauffants apportent un confort lors de la taille des vignes

Nous avons testé des vêtements chauffants pendant la taille, et constaté le gain de confort thermique. Ils séduiront les plus…

Cadre Emisol de Forge Boisnier permettant de réaliser le travail du sol intercep des vignes sur deux rangs à la fois.
Entretien du sol en vigne à moindre coût : trois vignerons témoignent

Il existe plusieurs leviers pour limiter le coût de l’entretien du sol. Combiner les outils, élargir ses vignes, avoir recours…

Pour gérer plus efficacement l'entretien 100 % mécanique du sol, Philippe Sicard a dû chercher une solution adaptée à son sol pierreux
« L'entretien du sol de mes vignes me coûte moins de 400 euros par hectare grâce à la combinaison d'outils et aux doigts Kress »

Philippe Sicard, vigneron en Minervois, a fait évoluer son itinéraire d’entretien du sol en ajoutant un outil complémentaire.…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole