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Robot viticole : le recours à l’ETA est adapté aux petites surfaces

En Gironde, le domaine de Chevalier profite, comme onze autres propriétés, des services du robot Bakus de Vitibot grâce à la prestation de l’entreprise Viti Morley.

Édouard Descamps (à gauche) et Olivier Cazot (à droite) de l'entreprise de travaux agricole Viti Morley voient de nombreux avantages dans l'utilisation du Bakus.
Édouard Descamps (à gauche) et Olivier Cazot (à droite) de l'entreprise de travaux agricole Viti Morley voient de nombreux avantages dans l'utilisation du Bakus.
© X. Delbecque

Depuis maintenant deux saisons, le domaine de Chevalier, situé à Léognan, en Gironde, bénéficie d’une prestation de travail du sol à l’aide du robot Bakus de Vitibot. C’est l’entreprise de travaux agricole (ETA) Viti Morley, ayant investi dans le matériel en février 2022, qui la lui a proposée. « Nous avons un îlot de 7 hectares d’un seul tenant éloigné d’une quinzaine de kilomètres du siège que nous voulions faire travailler, se remémore Didier Peytour, chef de culture du domaine de Chevalier. L’aspect innovant nous a plu. Nous regardons de plus ou moins près ces technologies, c’était une bonne occasion de les voir à l’œuvre en situation réelle. » C’est ainsi que Bakus entretient le cavaillon de ces 7 hectares tout au long de l’année. L’an dernier, le robot a réalisé six passages du printemps jusqu’à l’automne, période où il a chaussé les vignes. « Bakus a effectué un travail honnête, le cavaillon est resté propre pendant toute la saison », témoigne le chef de culture.

Le débit de chantier peut atteindre trois hectares par jour

Ayant assisté à plusieurs travaux, il assure que le robot fonctionne très bien, en particulier lorsqu’il est équipé des lames intercep de Vitibot. Dans cette configuration, il met deux jours et demi pour venir à bout des sept hectares. Didier Peytour se dit moins enthousiaste, en revanche, lorsque le robot est doté d’autres outils, émanant de constructeurs tiers, plus difficiles à adapter et à régler.

L’entreprise Viti Morley utilise pourtant Bakus avec différentes configurations d’outils. Édouard Descamps, cogérant de l’ETA, apprécie par exemple l’association de disques émotteurs Boisselet avec des doigts bineurs Kress, un montage régulièrement employé par le prestataire, qui permet au robot de rouler à sa vitesse maximale (6 km/h) et de travailler 3 hectares dans la journée, sur des vignes en 1,5 mètre. Viti Morley a également adapté des décavaillonneuses Boisselet, avec lesquelles Bakus progresse à 2 km/h. Un montage que nous avons vu au travail dans une vigne gagnée par l’herbe lors de notre reportage et qui n’a clairement pas démérité.

Une plus-value dans les parcelles tordues

« Toutefois, il ne faut pas s’y prendre trop tard, prévient Édouard Descamps. Lorsque les conditions sont vraiment difficiles, le robot atteint ses limites et ne remplace pas le tracteur» Le dirigeant se dit agréablement surpris par le comportement en coteaux, puisque Bakus avale les pentes de ses clients, parfois fortes, sans difficulté. Il est épaté, également, par sa capacité de braquage : quatre mètres suffisent pour tourner d’une rangée à l’autre. « Sur une parcelle tordue d’un client, notre robot ne met qu’une journée pour réaliser le travail, là où les tractoristes peuvent mettre le double », assure Édouard Descamps.

Un coût encore légèrement plus élevé qu’une prestation avec un tracteur

Du côté des tarifs, Didier Peytour ne trouve pas qu’il y ait une grosse différence. Viti Morley facture la prestation entre 110 et 130 euros par hectare, selon les caractéristiques du vignoble. Un tarif auquel il faut ajouter l’arpentage avant la première prestation, c’est-à-dire l’acquisition des données géographiques précises de la parcelle par le robot, facturé 150 euros (frais fixe) par Vitibot et entre 200 et 400 euros par hectare par Viti Morley, qui enregistre les points GPS rangée par rangée. « Notre logique est de proposer des contrats d’entretien et nous facturons le client à l’heure, précise Édouard Descamps, En fin de compte, on est sur un coût à peu près similaire à celui du tracteur. »

« Cela nous revient un petit peu plus cher qu’une prestation classique, mais cela nous permet de tester le robot avant un éventuel investissement », concède Didier Peytour. Car le domaine pourrait investir en propre pour les quelque 70 hectares d’un seul tenant qui composent le siège de la propriété. « L’intérêt, pour nous, serait de pouvoir travailler plus de sept heures par jour, pour prendre les sols au bon moment, d’une part, et aussi pour améliorer la rentabilité, réagit le chef de culture. Mais pour cela, il faudrait que les engins puissent tourner en complète autonomie aux yeux de la loi. »

Le manque de main-d’œuvre est souvent la principale motivation

Si le domaine de Chevalier voit dans cette prestation un test grandeur nature, cela n’est pas le cas de tous les clients. Édouard Descamps constate que ceux qui font appel à cette prestation ont des motivations diverses. Pour beaucoup, cela vient pallier un problème de main-d’œuvre. Dans le Bordelais comme ailleurs, trouver un chauffeur de tracteur qualifié est de plus en plus difficile, même en y mettant le prix. Pour d’autres, il s’agit d’un attrait pour la nouveauté. Pour d’autres encore, c’est l’aspect environnemental qui prime, puisque le Bakus ne brûle pas de gasoil.

Viti Morley intervient sur tous types d’exploitations, que ce soit de grosses propriétés en cru classé ou des petits vignerons. « Nous avons par exemple un client qui n’a que quatre hectares, qui est séduit par le Bakus mais qui ne peut pas investir pour cette seule surface », illustre le cogérant. L’ETA rend donc la robotique accessible à un maximum de domaines. Didier Peytour envisage quant à lui de conserver une prestation robotique sur son îlot, même en ayant un robot en propre. « Nous n’y avons pas encore réfléchi, mais peut-être. C’est une situation dans laquelle, quoi qu’il en soit, la prestation convient bien », estime-t-il. Il y a fort à parier que la prestation de travaux robotiques ait de beaux jours devant elle.

Une rentabilité espérée en trois à quatre ans

L’entreprise Viti Morley, basée à Capian, en Gironde, réalise le travail du sol intercep pour une douzaine de propriétés. « Ce qui nous a motivés à l’achat, c’est la volonté d’être toujours innovants vis-à-vis de nos clients », explique le cogérant Édouard Descamps. Le robot Bakus est engagé sur des surfaces comprises entre 1 et 14 hectares. Il en gère ainsi une cinquantaine au total. L’avantage principal de ce matériel, pour le gestionnaire, c’est qu’il n’y a pas besoin de former un tractoriste pour le manier. « Il travaille au centimètre près et ne fait pas d’écarts, explique-t-il. Seule une journée de formation par les équipes de Vitibot est nécessaire. »

S’il a déploré quelques arrêts ou bugs l’an dernier, le propriétaire du robot n’a, jusqu’ici, eu aucun souci cette saison. Il apprécie par ailleurs le très faible entretien : pas d’huile moteur, pas de fuite hydraulique, quasiment pas d’usure des pneus puisque le robot est transporté sur une remorque plateau attelée à un 4x4. Le matériel demande seulement un graissage toutes les 200 heures !

Silence, absence d'odeur et réduction de TMS

« Le suivi de notre machine intriguait la firme, puisque nous sommes les seuls à faire de la prestation, et à avoir une utilisation aussi intensive, s’amuse Édouard Descamps. Ils l’ont récupéré dans l’hiver pour une révision annuelle, et il n’y a finalement rien eu à faire. » Cerise sur le gâteau, la charge électrique complète, qui demande quatre heures, ne coûte qu’entre 3 et 5 euros, pour une autonomie de travail d’un jour voire un jour et demi avec les décavaillonneuses.

Olivier Cazot, l’opérateur, savoure quant à lui le silence, l’absence d’odeur et la réduction du risque de troubles musculosquelettiques (TMS). Les efforts physiques sont, pour ainsi dire, réduits à sangler la machine sur la remorque, opération qui ne prend qu’une dizaine de minutes. Quand Olivier Cazot ne suit pas le robot, et c’est le cas quand ce dernier est équipé de lames ou de disques émotteurs, il peut effectuer d’autres tâches tout en le surveillant, comme réparer le palissage. « Nous avons fait un essai cette année où Bakus passait les lames intercep et l’opérateur le suivait en tracteur avec l’Actisol pour travailler l’interrang, complète Édouard Descamps. Cela permet de mieux rentabiliser l’opération, c’est plutôt concluant. » Le Bakus tourne d’ores et déjà à temps plein de février à juillet. Viti Morley, qui a prévu un financement sur cinq ans, espère le rentabiliser en trois à quatre ans. Et commence à se renseigner pour s’équiper d’un second robot…

zoom sur

Bakus-L

CONSTRUCTEUR Vitibot

DIMENSIONS largeur : 1,95 m, longueur : 3,50 m, hauteur : 2,50 m, voie 1,30 m

POIDS 2,1 tonnes

VITESSE 6 km/h maximum

MOTORISATION électrique 75 kWh, 750 Ah, 100 V

TYPE DE BATTERIES lithium-ion

AUTONOMIE 10 heures environ, selon la pente et les outils

PRIX à partir de 160 000 euros

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