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Quatre pistes pour faciliter le travail au chai

Diminuer la pénibilité des travaux physiques est une préoccupation quotidienne lors des vinifications. Six vigneronnes présentent leurs aménagements pour faciliter le travail de cave.

Manutention de matériel lourd, décuvage, travail en hauteur… Certaines opérations de chai s’avèrent délicates pour les opérateurs. En particulier pour les vinificatrices. Voici quatre pistes pour améliorer le confort de travail.

1 Limiter les charges

Afin de diminuer la pénibilité du travail au chai, il convient, dans la mesure du possible, de limiter les charges à porter. Pour ce faire, certaines vigneronnes optent pour des petits conditionnements de produits œnologiques plus faciles à manipuler et à transporter. C’est le cas de d’Isabelle Mangeart, vignoble au Clos des Nines, dans l’Hérault. « Je préfère prendre plusieurs bidons de 10 litres qu’un seul de 25 », indique-t-elle. Mais le gros des efforts doit porter sur le matériel. Car qui n’a jamais été confronté à une pompe peu maniable ou un pigeur importable ? Pour remédier à cette contrainte, certaines vigneronnes ont imaginé des systèmes de manutention poussés.

Ainsi, Katia Garouste, à la tête du château Flotis à Fronton, utilise une poulie fabriquée à l’aide d’un moteur et d’une jante de voiture. « J’ai installé ça pour monter les tuyaux et le petit matériel en haut des cuves. C’est beaucoup plus reposant que de les soulever à la corde », explique-t-elle. Grâce à ce mécanisme fait main, le matériel monte seul.

Au mas de Libian, situé dans l’Ardèche, Hélène Thibon mise quant à elle sur un système de rails. « Nous les avons fixés au plafond devant les deux batteries de cuve. Un palan électrique relié aux rails nous permet de déplacer les objets les plus lourds, comme le robot pigeur », observe-t-elle.

Il suffit pour cela d’accrocher une chaîne au matériel, et le palan fait le reste. Idem pour Fanny Molinié Boyer, vigneronne au château Beaubois dans le Gard. Elle a remis en marche un système de rails existants avec l’aide de son frère. « Cela nous a coûté près de 1 200 euros, ce n’était pas un gros investissement. Aujourd’hui je m’en sers pour transporter des pompes ou des caisses de raisin », déclare-t-elle. Pour limiter le poids des lignes, la vinificatrice a également opté pour des tuyaux en 40. « C’est une première solution pour alléger et cela améliore vraiment le confort de travail. Mais il faut investir dans de nouveaux tuyaux et des raccords, ce n’est pas neutre économiquement », nuance-t-elle.

Sur ce point, Alain Gay, gérant de la société de conseil en aménagement Confortech, promeut plutôt l’installation de tuyauterie fixe. Malheureusement, ces aménagements peuvent avoir un coût relativement élevé. Pour remédier au problème, Marion Pla, du domaine héraultais éponyme, utilise des tuyaux souples dédiés, à la place des conduits en inox. « Ils restent en place sur les cuves tout au long des vinifications pour assurer les remontages », indique la vigneronne. Enfin, reste la possibilité d’opter pour du matériel de cave allégé, à l’instar d’Hélène Thibon. « Je fais appel à une entreprise locale qui me fabrique des pièces en plastique alimentaire, comme la trémie ou les bacs de remontage. Au final, c’est moins cher et surtout plus léger que l’inox », affirme la vinificatrice.

2 Faciliter les déplacements

Outre les charges à manipuler, les déplacements peuvent s’avérer compliqués au sein de la cave. Pour limiter le mouvement des pompes, Alain Gay encourage les vignerons à installer des postes fixes dès lors que la situation le permet. Mais dans la pratique, il est souvent impossible d’immobiliser les équipements. « En revanche, il faut bien graisser et entretenir son matériel pour que tout roule bien », observe Alix Standley, du château Puy Castéra dans le médoc. Fanny Molinié Boyer conseille pour sa part de changer les roues régulièrement. « Je le fais tous les cinq ans sur mes pompes car au bout d’un moment les roues s’écrasent et elles deviennent plus difficiles à pousser », précise la productrice.

La majorité des vigneronnes interrogées ont également opté pour des pompes télécommandées. « Cet investissement m’a vraiment changé la vie, confie Alix Standley. Il y a moins de stress et surtout, je n’ai plus à courir à toute vitesse. C’est beaucoup moins dangereux. » Enfin, le travail en hauteur peut lui aussi poser problème. Un problème auquel Fanny Molinié Boyer a remédié, grâce à une plateforme roulante faite maison à partir d’un escabeau sur lequel elle a greffé des roues, un système de frein et une plateforme en hauteur. « Grâce à ça, je sais que je peux monter beaucoup plus sereinement », assure-t-elle.

3 Adapter son matériel

À l’usage, certains équipements sont contraignants. Il est donc important d’analyser les postes qui posent problème pour trouver des adaptations. C’est ce qu’a fait Fanny Molinié Boyer en remplaçant ses demi-muids par des barriques. « Il m’était impossible de déplacer des fûts de 600 litres toute seule, ne serait-ce que pour les lever et les coucher sur un chariot élévateur », commente-t-elle. Hélène Thibon utilise toujours des demi-muids mais elle s’aide de cales en bois pour les mettre en mouvement. « Lorsque je veux les déplacer, je fais glisser les cales situées à l’avant des demi-muids sous le ventre des tonneaux. Cela m’aide ensuite à les soulever à l’aide du chariot élévateur », souligne la vigneronne.

Dans le médoc, Alix Standley a quant à elle changé de pressoir. « Nous avons investi dans un pressoir vertical plus petit dans un but qualitatif. Nous voulions mieux travailler les presses. Mais avec le recul, je constate une vraie amélioration dans mon confort de travail car l’outil est beaucoup plus facile à manipuler », observe-t-elle. Enfin le décuvage est pointé du doigt par la majorité des vigneronnes comme une tâche particulièrement pénible. Les cuves à fond incliné, ou les sauterelles, qui permettent d’envoyer le marc directement dans le pressoir, peuvent faciliter l’opération.

4 Adopter la bonne posture

Autre facteur de fatigue identifié par les conseillers de la MSA : les postures de travail. « Il faut faire très attention à sa position pour bien utiliser ses points d’appui. De manière générale, mieux vaut faire travailler les cuisses et les bras que le dos », remarque Alix Standley. Elle conseille également de porter certaines charges directement… sur la tête ! « Cela peut faire sourire mais c’est très bon pour le dos, observe la vinificatrice. Et c’est pareil lorsque l’on se baisse. Mieux vaut fléchir les jambes que plier le dos. »

Pour aider à réaliser les bons gestes, chaque détail compte. « Il faut bien réfléchir aux angles de sortie pour les raccordements. Sur de la tuyauterie fixe par exemple, il est possible de demander aux fournisseurs des angles à 30 ou 45° plutôt qu’à 90°. Cela demande moins d’efforts pour brancher les tuyaux », souligne Alain Gay. Idem pour les pompes, sur lesquelles les constructeurs peuvent adapter les angles de sortie pour avoir des tuyaux placés à l’horizontale ou, idéalement pour certaines, recourbés vers le sol avec un angle de 30°. « Les coûts peuvent aller de 30 euros pour des modifications sur des sorties de pipeline, jusqu’à 100 euros pour les pompes. Au final, ce sont des petites choses qui font vraiment la différence au quotidien », conclut l’expert.

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