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Quand le photon révèle la santé du vivant

L’électrophotonique permet de visualiser l’état d’un corps vivant, d’un point de vue électrique. À terme, cette technique pourrait déboucher sur des tests prédictifs de vieillissement du vin ou encore sur une optimisation des traitements et de l’irrigation.

Si vous n’en avez jamais entendu parler, ne vous inquiétez pas, l’électrophotonique n’en est encore qu’à ses débuts. Cette technique, telle que pratiquée par l’entreprise Électrophotonique ingénierie avec son dispositif EDS (Electrophotonic Dataphoton System), consiste à générer des imageries macroscopiques (dans le spectre UV de 250 à 380 nm de longueur d’onde) à partir des effets de couronne. Ce phénomène électrique se produit lorsqu’un corps, vivant ou non, est soumis à un champ électrique très intense. Les clichés pris par la caméra montrent les photons issus de l’ionisation de l’air, suite à l’arrachage des électrons de leur support. « La photonique permet d’obtenir des informations qui ne sont pas accessibles aux marqueurs physico-chimiques », argue Georges Vieilledent, gérant de la société.

Lorsqu’un corps est en bonne santé, l’effet de couronne est régulier. Un multiple de 12 pics apparaît à l’écran. Aucun trou ne rompt le cercle, tout n’est que symétrie. À l’inverse, un cercle inégal, coupé, révèle des anomalies.

L’électrophotonique permet également de visualiser l’adéquation ou l’inhibition entre deux corps vivants. « Grâce à l’effet de ponts, nous pouvons par exemple savoir si un produit phytosanitaire donné va éradiquer un champignon », illustre le scientifique. Pour ce faire, il dispose le champignon et les produits à tester sur des électrodes distinctes, et surveille si des ponts de photons, c’est-à-dire des liens, se créent entre les eux. Si tel est le cas, cela signifie que la compatibilité entre les deux composés est très bonne ; ils seront en harmonie. À l’inverse, lorsque l’on souhaite trouver un produit antagoniste d’un autre, il ne faut aucun pont entre les deux. Ce sera le cas avec un herbicide efficace sur une adventice.

Visualiser en direct un début d’attaque

Dans le domaine vitivinicole, les applications n’en sont qu’à leurs prémices mais semblent très vastes. À la vigne, elles s’étendent de la détection précoce des maladies, à une meilleure gestion de l’irrigation. On pourrait ainsi tester l’ajout d’eau ayant reçu un champ de 8 Hz, proche de la résonance du vivant, dans l’eau d’irrigation. « Nous avons établi que lorsque l’on ajoute un peu d’eau structurée (au moins 1 % du volume), cela se propage au reste de l’eau, un peu à l’instar d’un banc de poissons, auquel les autres poissons vont venir s’agréger », décrit-il. Cela permettrait de diminuer les doses d’eau, voire de renforcer les défenses de la vigne.

De même, il est possible de détecter lorsqu’un être vivant est attaqué. « Nous avons notamment travaillé sur l’olivier, détaille Georges Vieilledent. Nous avons un arbre malade et avons constaté que la réponse photonique de la feuille de l’olivier atteint était totalement différente de celle d’un sain. »

Caractériser le vieillissement prématuré des blancs

En œnologie, Georges Vieilledent a déjà travaillé avec plusieurs ténors du secteur, à l’instar d’Anne-Claude Leflaive ou de Gérard Bertrand. La première souhaitait comprendre les phénomènes de vieillissement prématuré dénaturant certains de ses blancs en bouteille. « Malheureusement, nous n’avons pas pu aller au bout de nos travaux du fait du décès de la vigneronne, regrette l’ingénieur. Mais nous avons tout de même identifié qu’après une heure de carafage, un vin altéré présentera une grosse différence avec un vin normal, entre les pixels 11 et 13. ((Je m’explique : l’effet de couronne généré par notre dispositif EDS se caractérise par une phase d’excitation, comprise entre le pixel 0 et un point critique appelé Hot Spot (pixel le plus saturé en luminescences) ; chaque pixel mesurant 1 micron. Après ce Hot spot, nous entrons dans une phase de relaxation au cours de laquelle nous avons constaté, entre les pixels 11 et 13, d’importantes différences (possible de couper ce paragraphe si texte trop long)). À partir de cela, l’objectif était de travailler sur les jus pour trouver une corrélation et mettre au point un test prédictif. » Avec en ligne de mire, de manière plus générale, l’optimisation du process de vinification.

La jarre et la barrique plus favorables que l’inox

C’est d’ailleurs cet aspect qui a séduit Marc Augustin, vigneron à Avenay-Val-d’Or, dans la Marne. Il a fait analyser plusieurs échantillons de champagne, l’un vinifié en jarre, l’autre en cuve émail, le troisième en tonneau et le dernier en cuve inox. Avec une différence flagrante. « L’échantillon provenant de la jarre était très harmonieux, symétrique et lumineux, rapporte-t-il. À l’inverse, celui en inox avait peu de couronnes et elle rentrait. C’est un contenant qui ne convient vraiment pas pour les produits vivants. Le bois est moins lumineux que la jarre mais plus que l’inox et que l’émail. » Suite à cela, il s’est séparé des contenants en inox qui lui servaient pour la fermentation.

Le vigneron a également mis en évidence une différence électrique entre des sarments issus de vignes biodynamiques et conventionnelles, les premières s’avérant être plus harmonieuses. Et il a constaté qu’une eau dynamisée ne « périme » pas. Même après un an, sa couronne photonique reste identique. Dans la même lignée, Gérard Bertrand s’est rapproché de l’entreprise tarnaise pour visualiser l’impact du mode de conduite particulier de son Clos d’Ora. Et sans surprise, le vin est ressorti comme étant bien mieux structuré et équilibré que les autres échantillons du test.

Si la société travaille avec des vignerons, elle collabore également avec divers instituts techniques, à l’image de l’Itab. Le plus souvent, ce dernier cherche à vérifier l’adéquation entre différents herbicides et des adventices, ou entre des maladies et des produits phytosanitaires via l’apparition ou non de ponts photoniques. Ce procédé présente en effet l’avantage d’être plus rapide qu’une expérimentation de plein champ et permet une présélection des formulations.

La première séance qui consiste en une présentation de l’entreprise et test au laboratoire, est gratuite. Georges Vieilledent dresse ensuite un cahier des charges du client, et établit un devis. Chaque analyse nécessite l’envoi de six échantillons minimum, afin que les données soient statistiquement fiables. Une journée de test revient à 2 500 euros HT, technicien inclus. Compter dans les 3 200 euros environ avec document de synthèse. En revanche, le laboratoire étant assez demandé, il est nécessaire de prendre rendez-vous au minimum un mois à l’avance.

Plus d’infos sur www.electrophotonique.com

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