Maladies du bois de la vigne : quelles sont-elles et comment lutter ?

Bien que décrite depuis l’Antiquité, l’esca est une maladie du bois de la vigne dont le mécanisme d’action n’est pas encore totalement élucidé. Ce dépérissement est associé à un cortège de champignons, dont Phaeomoniella chlamydospora, Phaeoacremonium minimum, Eutypa lata (aussi responsable de l’eutypiose) et Fomitiporia mediterranea. Les derniers travaux de l’Inrae pointent vers ce dernier comme principal responsable des symptômes foliaires.  

Pour plus de détails sur la responsabilité de Fomitiporia, c’est ici : Dépérissements de la vigne, la recherche avance 

La contamination initiale du cep se fait par les plaies de taille, portes d’entrée pour les spores de ces champignons. L’incubation est assez longue, de 5 à 8 ans. 

Identifié en France depuis 1999, le black dead arm (BDA) est associé à plusieurs champignons de la famille des Botryosphaeriaceae. Les symptômes du BDA, très similaires à ceux de l’esca, apparaissent plus précocement, à partir de la floraison. Toutefois, les travaux récents ont tendance à ne plus distinguer formellement le black dead arm de l’esca. Le BDA pourrait constituer un stade précoce ou une expression partielle de l’esca, en fonction des contextes (climat, cépage, stress...).  

*Le climat : la sécheresse diminue l’extériorisation des symptômes foliaires d’esca. Les étés doux et pluvieux les favorisent, de même que les températures élevées pendant l’hiver.  

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*Le cépage : trois classes de sensibilité ont été établies par l’Inrae. Merlot, pinot noir et syrah sont peu sensibles, tandis que cabernet sauvignon et sauvignon sont très sensibles. Chardonnay, grenache, cabernet franc sont moyennement sensibles.  

Découvrez la classification des cépages vis-à-vis de leur sensibilité à l’esca ici : Dépérissements de la vigne : découvertes en cascade 

*La physiologie de la plante : la vigueur influence l’expression des symptômes d’esca. En cas de faible vigueur, les symptômes sont moindres. Une surfertilisation n’entraîne pas forcément une augmentation des symptômes. En cas de moyenne ou forte vigueur, les symptômes sont plus variables.  

*La taille a une influence majeure sur l’esca : une taille respectueuse du flux de sève limite son expression, de même que la taille mécanique de précision (ou non taille).  

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* Le greffage : bien que des soupçons existent sur l’impact du type de greffe sur l’expression de l’esca, aucune étude scientifique n’a établi ce fait jusqu’à présent.  

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*L’âge des parcelles : l’analyse des données enregistrées depuis 2003 dans toutes les régions viticoles de France a montré que les parcelles entre 10 et 30 ans présentent une sensibilité maximale.  

Extérieurement, lcette maladie du bois la vigne se manifeste par des symptômes foliaires plus ou moins prononcés selon les années (forme lente) ou directement par la mort du cep (forme apoplectique). Mais l’attaque principale des champignons se situe dans le bois, avec la présence d’amadou et de nécroses brunes à l’intérieur du cep de vigne. Ces lésions peuvent se trouver en position centrale ou sectorielle. La présence d’une bande brune sous l’écorce est possible. 

Attention : un pied de vigne ne manifestant pas de symptômes foliaires peut tout de même contenir plus de 60 % de tissus nécrosés. 

La forme lente de l’esca provoque des taches rouges (cépages rouges) ou jaunes (cépages blancs) sur les feuilles à partir de la véraison, qui s’agrandissent en forme de tigrures, bordées d’un liseré jaune. Puis les feuilles deviennent marron et se dessèchent entre les nervures.  

Si le mécanisme précis de leur formation n’est pas encore élucidé, ces symptômes foliaires sont associés avec la présence de gels et de thylloses dans les vaisseaux de la sève brute, qui diminuent la conductivité de la plante.  

Dans la forme lente, l’esca peut entraîner un retard de maturité des baies ou leur flétrissement. La forme sévère entraîne le dessèchement partiel ou entier des ceps atteints.  

Quel est l’impact de cette maladie du bois sur les rendements ? 

En perturbant la conductivité des vaisseaux et la photosynthèse, l’esca conduit à des baisses de rendement et à un affaiblissement du cep qui peut aller jusqu’à sa mort pour la forme apoplectique. 

Quel est l’impact de la maladie sur la qualité des raisins et du vin ? 

L’esca affecte le processus de maturation du raisin, entraînant une diminution des teneurs en sucres, une acidité plus élevée et une teneur en azote fermentescible supérieure. La présence de baies flétries, irrégulières et amères, est préjudiciable à la qualité du vin (tanins astringents, arômes herbacés). L’esca impacte le profil organoleptique des vins, avec une perte de fruité, une évolution prématurée des arômes, une perte de typicité. 

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Avant de passer à la complantation pour remplacer les pieds morts, plusieurs techniques curatives actuellement reconnues pour leur efficacité peuvent être mises en œuvre. 

La taille durable. Trois principes doivent guider le geste du tailleur : adapter la charge à la vigueur du cep, laisser un chicot lors de la coupe, de manière à éviter la formation d’un cône de dessèchement du bois en profondeur, respecter les flux de sève, avec un premier œil toujours orienté vers le bas ou vers l’extérieur du cep. 

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Le curetage. L’opération consiste à retirer le plus possible d’amadou des ceps malades, sans rogner le bois sain, à l’aide d’une petite tronçonneuse. Le taux de réussite atteint régulièrement 90 à 95 %, avec de meilleurs résultats sur vignes jeunes. Il faut 2 à 15 mn pour cureter un pied, pour un coût estimé à 2,50 € HT/cep. Divers essais montrent que le retour en production intervient dans l’année ou la suivante. 

Voir aussi : Le curetage et la complantation de la vigne, des pratiques rentables contre l'esca ; Maladies du bois : quelle cureteuse fonctionne le mieux ? ; Comment cureter un cep de vigne atteint d'esca ? TUTO VIDÉO 

Le recépage. Le but du recépage est de rajeunir les troncs. Deux techniques sont possibles : conserver un pampre et le tronc initial jusqu’à ce que le pampre soit bien installé, et alors couper le vieux tronc. L’autre méthode consiste à couper directement les troncs malades à l’automne et à former un nouveau tronc avec les pampres qui poussent au printemps. Dans les deux cas, le recépage est toujours moins coûteux qu’un remplacement. Les taux de réussite peuvent varier entre 15 % et plus de 90 %. 

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Le regreffage en fente. Cette technique permet de conserver les racines adultes saines tout en remplaçant la partie aérienne malade. Elle nécessite une préparation pendant l’hiver, pour prélever les greffons et les conserver dans de bonnes conditions (dans un endroit frais à l’abri de la lumière, l’extrémité dans l’eau ou emballés en chambre froide). Le greffage se pratique avec une petite hache pour fendre le tronc et y insérer le greffon, après réhydratation. La réussite de l’opération dépend beaucoup de la capacité à faire coïncider le cambium du greffon et du porte-greffe.  

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Le curetage et la complantation de la vigne, des pratiques rentables contre les maladies du bois 

Quels sont les produits conventionnels pour lutter contre l’esca ? 

Depuis l’interdiction de l’arsenite de soude en 2001, le seul produit conventionnel homologué contre l’esca est le Tessior, association de boscalide et pyraclostrobine, à pulvériser sur les plaies de taille. Il n’est toutefois plus commercialisé en France depuis 2022. 

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Existe-t-il des produits de biocontrôle pour traiter contre cette maladie du bois de la vigne ? 

En lutte biologique contre cette maladie du bois de la vigne, deux produits à base de Trichoderma atroviride sont homologués contre l’esca/BDA en protection des plaies de taille : Esquive (souche I-1237) et Vintec (souche SC1). Une association de deux souches de Trichoderma gamsii et Trichoderma asperellum (Escalator) est aussi homologuée.  

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Comment traiter la vigne contre l’esca en viticulture biologique ? 

Les produits de biocontrôle à base de Trichoderma sont utilisables en AB.  

Quelles sont les pistes d’avenir dans la lutte contre l’esca ? 

Plusieurs projets de recherche sur l’esca ont été lancés depuis 2016 dans le cadre du Plan national dépérissement du vignoble (PNDV). L’endothérapie végétale a, par exemple, été testée en Alsace.  

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Aucune solution pouvant remplacer l’arsenite de sodium n’a émergé mais les connaissances sur la maladie ont progressé. L’impact des techniques culturales, comme la taille, l’antagonisme avec la sécheresse et le rôle de la vigueur ont été précisés, apportant des leviers d’action aux viticulteurs. 

À plus long terme, la sélection de variété résistantes à l’esca n’est pas exclue, puisqu’une composante génétique à la moindre sensibilité à l’esca a été mise en évidence.  

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L’eutypiose est une maladie du bois de la vigne causée par un champignon Eutypa lata formellement identifiée en France depuis les années 70.  

Ce champignon est largement présent dans l’environnement puisqu’il a été identifié sur au moins 89 plantes hôtes. Il se conserve sous forme de mycélium ou de périthèces dans le bois. À la faveur d’une pluie de printemps, il libère des spores qui pénètrent dans le cep par les plaies de taille.  

Les symptômes d’eutypiose apparaissent à la fin du printemps. Cette maladie du bois se caractérise par des rameaux nanifiés avec des feuilles chlorotiques (jaunes) et des nécroses sectorielles (en forme de V) dans le bois.  

Les inflorescences peuvent se dessécher avant la floraison ou sinon produire des grappes avec de petites baies. Comme pour l’esca, un cep infecté peut extérioriser des symptômes une année et paraître sain l’année suivante. 

En attaquant les parois des cellules ligneuses, l’eutypiose rend le bois cassant. La maladie se traduit, in fine, par la mort du bras. Elle peut donc provoquer une réduction du rendement et la perte de potentiel de production. La qualité des vins est dépréciée par rajeunissement excessif ou une hétérogénéité de la parcelle. 

*La présence de bois mort hébergeant le champignon dans les parcelles est le facteur prépondérant du développement de la maladie.  

*Le climat : les hivers doux et pluvieux favorisent la production et la dissémination des spores. Une pluviométrie inférieure à 250 – 300 mm/an est peu favorable à l’eutypiose. 

*La sensibilité à l’eutypiose varie selon les cépages : cabernet sauvignon, chasselas, chenin, cinsault, mauzac, muscadelle, négrette, sauvignon et ugni blanc sont très sensibles. À l’inverse, carignan, gamay, malbec, mourvèdre, pinot meunier sont peu sensibles. Aligoté, grolleau, merlot, petit verdot, sémillon, sylvaner sont même tolérants, n’exprimant que rarement de symptômes.  

*La taille : plus le nombre et l’importance des plaies de taille est élevé, plus les contaminations sont favorisées. 

La stratégie de lutte contre l’eutypiose est essentiellement prophylactique : 

*diminuer l’inoculum en enlevant les bois contaminés des parcelles,  

*tailler le plus tardivement possible, notamment les cépages sensibles, lorsque les plaies sont moins réceptives. En effet, les pleurs de la vigne gênent l’installation des spores de champignon dans la vigne. 

*Restaurer les souches malades par recépage ou regreffage.  

*Protéger les plaies de taille.  

Bien appliquée, la prophylaxie semble efficace, comme en témoigne le recul de l’eutypiose dans le vignoble de Cognac, par exemple. Entre 2003 et 2006, 20 % des ceps étaient atteints d’eutypiose dans cette région (l’ugni blanc étant très sensible). Ce taux est retombé à moins de 5 % en 2024. 

Quels sont les produits conventionnels pour lutter contre l’eutypiose ? 

Comme pour l’esca, le Tessior est homologué contre l’eutypiose mais n’est plus commercialisé en France.  

Existe-t-il des produits de biocontrôle pour traiter contre cette maladie du bois ? 

Oui, deux produits à base de Trichoderma atroviride sont homologués contre l’eutypiose en protection des plaies de taille, en badigeonnage des plaies ou en pulvérisation : Esquive (souche I-1237) et Vintec (souche SC1).