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Le rendez-vous Experts IFV
Les principes d’une pulvérisation réussie en vigne

La pulvérisation pose des défis techniques que le viticulteur devra relever : identifier les moments opportuns pour traiter, s’assurer du bon réglage de l’appareil, choisir la dose de produit adaptée aux conditions du traitement, limiter les risques de dérive tout en réduisant le temps du chantier de traitement. Voici des conseils pratiques pour y parvenir.

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La qualité de la pulvérisation est essentielle pour maximiser l'efficacité de la protection. Elle ne passe pas seulement pas la qualité du pulvérisateur lui-même mais aussi par son bon réglage et son bon entretien.
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1 Choisir le pulvérisateur adapté aux caractéristiques de son vignoble.

Le choix du pulvérisateur se détermine, avec les réglages, la qualité de la pulvérisation, c’est-à-dire la capacité à mettre un maximum de produit pulvérisé sur la cible, mais également à répartir le produit de la manière le plus homogène possible. La qualité de pulvérisation est essentielle pour maximiser les chances de succès de la protection. Pour l'atteindre, il est indispensable de traiter chacune des deux faces des rangs de vigne directement. Autrement dit, chaque face de rang doit être directement ciblée par les diffuseurs.

On évitera donc les pulvérisateurs uniface. Si les conditions de topographie le permettent, on s’orientera vers des pulvérisateurs traitant la végétation face par face. Les pulvérisateurs de technologie jet porté, c’est-à-dire avec des buses, sont à privilégier par rapport à la technologie pneumatique (sans buses, mais avec des éclateurs) qui ne permet pas de dissocier air et liquide, de choisir la taille des gouttes et génère beaucoup de dérive.

Bon à savoir. Pour guider les viticulteurs dans le choix des matériels de pulvérisation les plus efficaces, l’IFV, l’Inrae et les chambres d’agriculture ont développé, en collaboration avec Axema (le syndicat des agroéquipementiers), la qualification Performance pulvé. Il s’agit d’un dispositif de qualification des pulvérisateurs viticoles selon leur performance en termes de qualité de pulvérisation et de réduction des intrants phytosanitaires. Les machines qualifiées sont recensées sur une plateforme en ligne accessible à l’adresse : performancepulve.fr. En complément, un guide rédigé par l’IFV et les chambres d’agriculture, intitulé Guide du pulvérisateur en vignes larges, a été publié en 2021. Il est téléchargeable depuis le site Internet de l'IFV et donne les clés pour le choix de son appareil en fonction des conditions d’exploitation.

 

2 S’assurer du bon réglage

Positionnement des diffuseurs

La position et l’orientation des diffuseurs par rapport à la végétation ciblée sont des éléments essentiels du réglage. Pour les appareils face par face, veillez à conserver une distance entre les diffuseurs et la végétation comprise entre 30 et 50 cm. Au-delà de 50 cm, pour la plupart des appareils, la qualité de pulvérisation est dégradée.

Dans le cas des voûtes pour lesquelles les canons sont loin de la végétation, il faut savoir que les pertes de produits entre l’émission (diffuseur) et la cible sont importantes. Ces pertes sont d’autant plus importantes que la température est élevée, que l’hygrométrie est faible et que l’on choisit de réaliser cette application avec un volume par hectare faible.

Choix des buses

Pour les appareils à jet porté, on privilégiera l’utilisation de buses à injection d’air ou à chambre de décompression qui permettent de concilier qualité de pulvérisation et réduction de la dérive. Ces buses doivent être utilisées dans la bonne plage de pression (entre 2 à 3 bars pour les buses AD90° de Lechler, 3 à 6 bars pour les buses IDK90° Lechler, entre 8 et 12 bars pour les buses TVI80° d’Albuz, …).

Une filtration de la bouillie adaptée à ce type de buses et un entretien régulier (démontage et nettoyage après le traitement) doivent être adoptés pour éviter les risques de bouchage.

Visionnez la vidéo : Vérifier le bon débit des buses de son pulvé

Maîtrise de la dose appliquée

L’étalonnage du volume par hectare et la répartition des débits sont des points clés. Il est important de rester vigilant car tous ces paramètres d’application sont interdépendants : la vitesse d’avancement, le débit au niveau de chacun des diffuseurs, la pression, le volume-hectare ainsi que la surface plantée des parcelles traitées de manière à préparer le bon volume de bouillie à la bonne concentration.

L’étalonnage du volume par hectare du pulvérisateur doit être réalisé en suivant trois étapes :

1/Mesure de la vitesse d’avancement à l’aide d’un chronomètre entre deux jalons positionnés à 50 m d’intervalle. Ne pas se fier au compteur du tracteur souvent mal étalonné.

2/En statique, mesure des débits au niveau de chacun des diffuseurs. Il convient de recueillir le volume pulvérisé dans un broc pendant une minute puis de peser ce volume à l’aide d’une balance.

3/Calcul du volume par hectare en appliquant la formule suivante : Vol/ha (L/ha) = somme des débits (en L/min) * 600/ [largeur traitée (m) * vitesse d’avancement (km/h)].

Lors de cet étalonnage, il est recommandé de veiller à équilibrer les débits dans les divers diffuseurs de l’appareil de manière à ce que tous les rangs reçoivent la même dose et idéalement (cas des face par face) que chaque face de rang reçoive la même dose de produit. La répartition du produit sur la hauteur du rang doit également être homogène sans effets de « zébrage ».

Bon à savoir. Il est absolument nécessaire de vérifier le bon étalonnage de son matériel plusieurs fois dans la saison. C’est une condition nécessaire pour réussir son traitement en mettant toutes les chances de son côté. Cette opération permet d’identifier des dysfonctionnements préjudiciables à la qualité de la protection phytosanitaires (problème de bouchage ou d’usure de buses et/ou pastilles, déséquilibre de débits reçus entre rangs et entre hauteurs sur la végétation, mauvaise pression, problème de régulation…). Cette opération est à faire y compris si l’appareil est équipé d’un DPA (ces dispositifs ayant tendance à masquer certains dysfonctionnements).

 

3 Réduire la dérive

Plusieurs techniques de pulvérisation permettent de réduire très significativement la dérive de pulvérisation sans être antagonistes avec la qualité d’application. Cependant, il s’agit de matériels permettant une application précise, émettant la pulvérisation à proximité de la cible et donc souvent moins maniables que des aéroconvecteurs ou des voûtes.

Les matériels clairement identifiés pour réduire la dérive sont les pulvérisateurs face par face ou à panneaux récupérateurs de technologie jet porté équipés de buses à injection d’air. Par ailleurs, est à l’étude la transformation des voûtes pneumatiques (environ 70 % du parc) en voûte à jet porté équipée de buses antidérive grâce à des kits permettant de placer des buses sur le côté des diffuseurs. Cette technique pourrait permettre de réduire la dérive par rapport à la version pneumatique, sans toutefois atteindre les niveaux de réduction des matériels face par face ou à panneaux récupérateurs.

Bon à savoir. On évitera d’utiliser une assistance d’air trop puissante notamment en début de végétation et on évitera de produire des gouttelettes de pulvérisation trop fines, formant un brouillard trop facilement emporté par le moindre courant d’air.

 

4 Bien entretenir son matériel

Un entretien régulier permet de garder l’appareil en bon état de fonctionnement et réduit les risques de dysfonctionnement : bouchage, mauvaise répartition du produit pulvérisé…

Un soin particulier doit être apporté au rinçage après chaque traitement de l’ensemble du circuit de bouillie afin d’éviter la formation dans les tuyaux de dépôts secs qui boucheraient à coup sûr les diffuseurs lors du traitement suivant. Le système de filtration et les buses requièrent un nettoyage méticuleux.

Bon à savoir. Après chaque traitement les buses doivent être démontées et mises à tremper toute une nuit dans une solution contenant du détergent. Au besoin, il est nécessaire de frotter les buses avec une brosse ou d’utiliser un dispositif de bain à ultrasons.

 

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