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Les mauvaises herbes, miroirs du sol

Prenez le temps d’observer les adventices présentes sur vos parcelles. Elles sont une photographie, à un instant donné, de l’équilibre de votre sol.

Pour vous, les mauvaises herbes sont des ennemies, à éradiquer coûte que coûte ? Certes. Mais pas uniquement. Elles sont aussi de formidables alliées dans la connaissance de votre sol. C’est ce qu’ont démontré des chercheurs, il y a plus de vingt ans de cela. Depuis, le diagnostic du sol par les plantes bio-indicatrices s’est vulgarisé. Promonature et Vini Vitis Bio proposent des formations ou des audits sur la thématique. Voici comment procéder, si le sujet vous intéresse.

En premier lieu, la période la plus favorable pour réaliser un diagnostic se situe au printemps, vers les mois de mai et juin. L’automne (septembre) peut également s’y prêter. D’ailleurs, Perrine Dubois, de l’ATV 49, qui a adapté les enseignements de Lionel Ducerf, de Promonature, à la viticulture recommande de réaliser deux inventaires, l’un au printemps, l’autre en septembre. Ensuite, il faut effectuer un observatoire des plantes présentes sur chaque parcelle ou bloc de parcelle, « en dissociant bien l’inter-rang du cavaillon, précise la conseillère. Ce dernier point est important, car lorsque les pratiques sont différentes sur ces deux zones, les plantes le sont également. » Pour chaque adventice, elle préconise d’indiquer son taux de couverture, par un « coefficient de présence », situé entre 1 et 5. Perrine Dubois indique ensuite pour chaque plante : sa capacité de fixation des éléments (matière organique ligneuse ou azotée), si elle se développe sur sol calcaire ou acide, si elle est un signe de compactage ou d’aération, d’engorgement en eau ou non. Elle réalise une moyenne et obtient un « profil » de la parcelle. En fonction de quoi, des actions d’entretien du sol peuvent être entreprises.

Un diagnostic complémentaire des analyses du sol et autres tests

Mais attention, le diagnostic par les plantes bio-indicatrices n’est « qu’un outil dans une boîte à outils, insiste Perrine Dubois. Il n’est pas suffisant car les plantes ne se développent que sur les vingt premiers centimètres du sol. Elles ne sont pas un indicateur de ce qui se passe au niveau des racines de la vigne. Mais il est complémentaire d’autres observations, comme une analyse du sol ou un test bêche ».

Ce que confirme Daniel Noël, fondateur de Vini Vitis Bio. Le conseiller, aujourd’hui à la retraite, intervenait la plupart du temps sur des parcelles ayant connu un désherbage chimique intégral depuis de nombreuses années. Dans ce cas de figure, avant de pouvoir faire le moindre diagnostic, il conseille de « régénérer les sols » ; et sur deux ans, afin de ne pas trop déséquilibrer le sol. La première année, il préconise un enherbement un rang sur deux avec un semis composé de 100 kg/ha de céréales (avoine ou blé ou triticale), 40 kg/ha de féverole en sol basique ou 40 kg/ha de lupin en sol acide. La seconde année, il recommande d’en faire de même sur le second rang. Ces enherbements doivent être couchés (rolofaca) ou broyés, afin de favoriser la levée de dormance des plantes. Un inventaire botanique peut alors être réalisé, afin de « comprendre le fonctionnement du sol » et d’adapter ses pratiques. Voici les principales adventices présentes dans nos sols viticoles, et leur signification.

témoignage

« Un signe du compactage des sols »

« Nous avons réalisé un diagnostic de sol basé sur les plantes bio-indicatrices en 2008, lors de notre passage en bio. Avec Daniel Noël, de Vini Vitis Bio, nous avons fait un tour de toutes les parcelles. À chaque fois, nous avons regardé les espèces présentes, et avons dressé un genre de carte d’identité. Nous avions notamment du chiendent, des chénopodes, quelques chardons et amarantes. Cela démontrait un compactage du sol. Nous avons donc semé de l’avoine ou du triticale, selon ce que l’on trouvait, dans l’inter-rang, pour restructurer et rééquilibrer nos sols. À présent, nous implantons de la féverole, pour trois raisons : elle empêche les autres mauvaises herbes, et notamment le chiendent, de s’implanter, ses racines aèrent le sol et favorisent la vie microbienne, et une fois couchée, c’est un bon engrais vert. Nous réalisons les semis juste après les vendanges, et couchons les tiges fin avril. En trois semaines, tout est dégradé. Le reste de la saison, nous tondons l’inter-rang, et passons des lames interceps. Depuis que nous travaillons de la sorte, la terre est plus souple, elle donne l’impression d’avoir davantage de volume. »

(((Verdier)))

 

Plantes se développant en situation de compactage

Chiendent : se développe sur des sols compactés, humides ou non. Mais il recherche la sécheresse du sol, qu’il aggrave.

Érigéron du Canada : il aime les sols compactés et est un signe d’aérobiose. Il affectionne l’azote et la chaleur.

Grand plantain, ou plantain majeur : apprécie les sols tassés, compactés et riches en éléments minéraux.

Pissenlit : se trouve sur les sols compactés, riches en azote et présentant une forte minéralité.

Plantes présentes sur des sols riches

Chénopode : présent sur sols à faible structure et compactés. Il révèle la présence d’azote. S’il devient rouge, il indique une carence en potasse.

Géranium disséqué : il germe sur les sols caillouteux et secs, mais riches en minéraux.

Liseron sauvage : affectionne les sols argileux légers et est un signe de sol riche en éléments minéraux.

Trèfle intermédiaire : est présent sur des sols argileux ou limoneux, moyennement secs à frais, avec présence d’humus de type mull.

Renoncule âcre : s’implante sur les sols argilo-limoneux, moyennement secs à frais. Elle affectionne les sols riches en bases et éléments nutritifs.

Plantes hydrophiles

Épilobe : se plaît sur des sols riches en substances minérales et en humus avec présence d’eau.

Plantain lancéolé : se développe sur sols argileux ou sablonneux, compactés, humides et lourds. Il indique la présence d’eau stagnante en profondeur et nécessite de drainer les sols.

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