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« Les exosquelettes donnent des résultats encourageants en viticulture » Romain Balaguier, président d’Opti’mouv

Romain Balaguier, président d’Opti’mouv, une société spécialisée dans l’activité physique et la santé au travail, revient pour nous sur ses essais d’exosquelettes dans les vignes.

Romain Balaguier est président d’Opti’mouv, une société spécialisée dans l’activité physique et la santé au travail.
Romain Balaguier est président d’Opti’mouv, une société spécialisée dans l’activité physique et la santé au travail.
© R. Balaguier

Quand avez-vous commencé à vous intéresser aux exosquelettes ?

Nous avons commencé à nous pencher sur les exosquelettes un peu avant la crise du Covid. Je dirige une entreprise de santé au travail, dont l’une des solutions est la mise en place d’activités physiques. Les exosquelettes me semblaient complémentaires de nos travaux. Dans nos statuts, nous avons une obligation de R & D sur la santé au travail et nous restons donc à jour sur les solutions préventives. Les exosquelettes rentrent dans ce cadre.

Que pensez-vous de ces dispositifs ?

Les études en laboratoire prouvent que l’activité musculaire diminue pour le muscle qui est soutenu par l’appareil ; il est moins sollicité. Ce qui, logiquement, devrait diminuer le risque de se faire mal. Mais il n’y a jamais eu de réelle étude de terrain de menée.

Quels exosquelettes avez-vous testés ?

Sur le marché, peu d’exosquelettes sont vraiment adaptés à la vigne. Nous avons testé le Hapo d'Ergosanté, le Liftsuit d’Auxivo, et le Laevo, ainsi que la ceinture Ottobock, les ressorts dorsaux de Hilti et les t-shirts avec sangles élastiques Percko.

Qu’avez-vous observé ?

Nous avons notamment évalué l’inconfort et les douleurs engendrés par les exosquelettes. Cela va s’améliorer car nous avons testé les premiers appareils, mais nous avons observé une hausse assez significative de l’inconfort sur les zones de contact entre l’humain et l’exosquelette. Pour certains dispositifs, cet inconfort est assez rédhibitoire. Par exemple, les tiges métalliques du Hapo s’appuient sur la poitrine des femmes, ce qui n’est pas tenable.

De même, les t-shirts Percko ne donnent pas de bons résultats : les utilisateurs transpirent davantage, les t-shirts leur collent à la peau. S’ils veulent l’enlever, ils doivent ôter tous les vêtements au-dessus, et surtout, ils ne ressentent aucun effet sur leurs douleurs.

Les autres exosquelettes testés ont donné des résultats encourageants même si les essais doivent être poursuivis. Ils diminuent les douleurs ressenties dans des conditions plutôt favorables.

Ces dispositifs peuvent-ils être un handicap ?

Ils ne sont pas forcément adaptés pour les travaux du chai. Quand on a besoin de beaucoup marcher et de manipuler des objets, cela génère des frottements, des gênes par peur de coincer une sangle ou un ressort quelque part. Dans ces conditions, les opérateurs ont préféré la ceinture Ottobock.

Par ailleurs, ces systèmes prennent du temps à être installés et retirés. Or il ne faut pas que cela impacte la productivité de la personne. Dans les essais que nous avons suivis, nous n’avons pas noté d’amélioration ni de diminution de la productivité, ce qui est plutôt positif pour une toute nouvelle technologie.

Autre point, nous n’avons pas évalué les systèmes en condition de pluie. Nous ne savons donc pas comment ils interagissent avec l’eau, les vêtements de pluie. Nous n’avons pas de notion de comment cela impacte leur durée de vie, ni de connaissance sur la durée de vie des exosquelettes.

Pour quelles taches recommandez-vous leur usage ?

Nous les avons surtout testés lors de la taille, du liage ou du pliage, ainsi que durant l’épamprage. Mais cette année nous allons les évaluer pendant les travaux en vert et au chai.

Quelles autres solutions s’offrent aux viticulteurs pour diminuer leurs douleurs ?

Il y a quatre volets principaux pour améliorer la santé au travail. L'un concerne les exosquelettes, un autre les outils (sécateurs électriques, etc.). Un troisième aspect a trait à l’organisation. À ce niveau-là, je recommande de laisser les personnes concernées dire ce qu’elles préfèrent. Certaines préfèrent varier les taches, même si c’est un peu compliqué car à une même période de l’année, ce ne sont pas vraiment des zones distinctes qui sont sollicitées. D’autres préfèrent réaliser toujours la même opération car leur corps s’habitue.

Le dernier volet concerne l’activité physique. Le mal de dos est par exemple corrélé à l’endurance des muscles du dos. Or l’activité des vignerons ne développe pas leur capacité physique. L’objectif est donc de muscler les zones concernées pour limiter l’impact du travail sur le corps. Nous avons mis en place des programmes d’activités physiques. Les 200 viticulteurs qui les suivent ont augmenté la capacité physique de leur dos et ont observé une diminution des douleurs dans les zones concernées.

Un dernier point important à signaler ?

Oui. J’aimerais aborder la formation des jeunes. On leur apprend beaucoup la finalité du geste, comment et pourquoi bien tailler par exemple. Mais on leur enseigne très rarement comment bien se positionner pour effectuer cette tâche de manière à limiter les douleurs. Il faut travailler là-dessus et expliquer aux jeunes à bien se placer par rapport aux ceps.

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