Aller au contenu principal

Dur de se passer de cuivre en viticulture

Quelles sont les alternatives au cuivre disponibles ? C’est la question à laquelle l’Inra a tenté de répondre durant 24 mois, à la demande de l’Itab. Et sans surprise, elles ne sont pas pléthoriques.

© J.-C GUTNER

« L’accumulation du cuivre dans les horizons superficiels du sol pose problème, a planté Didier Andrivon, pilote scientifique de l’Inra, lors du colloque de restitution de l’expertise scientifique sur « Peut-on se passer du cuivre en protection des cultures biologiques ? ». Cela a des impacts aigus ou chroniques, tant sur la microflore du sol, que sur sa microfaune. » Pour cette raison, plusieurs pays du Nord de l’Europe, tels que la Hollande ou le Danemark, ont déjà interdit son usage et militent depuis pour une extension de sa proscription au niveau communautaire, afin d’éliminer toute distorsion de concurrence. Le cuivre se retrouve donc sur la sellette, et ce d’autant plus que l’avis de l’Efsa (European Food Safety Authority), tombé le 16 janvier, va dans le sens d’une toxicité pour l’homme et pour les organismes aquatiques et terrestres, qu’ils soient vertébrés ou invertébrés. Dès lors, la réapprobation de la molécule en juin n’est pas acquise, même si le ministère de l’Agriculture français devrait plaider pour son autorisation, le PDG de l’Inra, Philippe Mauguin ayant affirmé qu’à l’heure actuelle, « il est dur d’envisager sa suppression ».

Néanmoins, si les doses autorisées venaient à être diminuées, ou pire, la molécule interdite, les vignerons n’auraient d’autre choix que de s’adapter. Les experts de l’Inra ont donc identifié plusieurs leviers, ayant un niveau de rupture plus ou moins fort par rapport au « standard actuel ». L’adaptation doit débuter par l’utilisation de produits biocontrôle et d’OAD, de type Mildium, permettant une gestion optimale de la protection phyto. Mais là où le bât blesse, c’est qu’il n’existe pas de produit de biocontrôle efficace et autorisé contre le mildiou de la vigne.

En revanche, dans l’hypothèse d’une substitution partielle du cuivre, les vignerons pourront employer des substances naturelles biocides et de stimulateurs de défenses naturelles des plantes (SDP). Dans la première catégorie, les experts citent la prêle, les extraits d’écorce de saule, l’ortie, les lécithines, ou encore les préparations à base d’huile essentielle d’agrumes. Ces dernières sont d’ailleurs les seules à être commercialisées (Essen’Ciel, Limocide, Prev-Am).

De bons résultats d’extraits naturels interdits en France

D’autres substances telles que les huiles essentielles de thym, les extraits de yucca, d’ail, de sauge officinale, de réglisse, de margousier, les huiles végétales, ou encore les lipopeptides bactériens semblent donner de bons résultats, mais ne sont pas homologuées en France.

Heureusement, la catégorie des SDP est plus fournie. L’Inra a recensé plusieurs substances actives ayant une efficacité en conditions de production : l’acide béta-aminobutyrique, le chitosane, le COS-OGA (distribué par Syngenta), l’extrait de penicilium, les rhamnolipides et les parois de levures (autorisation de mise en marché obtenue par Agrauxine).

Enfin, si le cuivre venait à totalement disparaître de la pharmacopée disponible, le vigneron devrait, en plus de tout cela, planter des variétés résistantes, opter pour un mode de conduite prophylactique (comprenant une taille plus aératrice), et éliminer les litières infectées de spores par ramassage. Une opération tout sauf aisée…

voir plus loin

Extraire le cuivre des sols pour le réutiliser

La société Biomédé expérimente depuis quelque temps la phytoremédiation sur sols viticoles. " Il s’agit de semer un mélange de quatre plantes dans l’interrang, ou plus souvent, sur la parcelle nue après arrachage de la vigne, indique Ludovic Vincent, de l’entreprise. Ces plantes hyperaccumulatrices vont extraire le cuivre du sol, pour le stocker dans leurs feuilles et dans leurs tiges. Il faut cinq ans pour traiter un sol moyennement pollué au cuivre. " Les variétés doivent être semées en mars, pour un "ramassage" en juillet. Elles sont ensuite séchées et le cuivre en est extrait, pour être ensuite réemployé sur vigne " en traitement d’appoint", précise Ludovic Vincent. "On peut récupérer environ 400 mg de cuivre par kilo de matière sèche. " Biomédé a finalisé ses preuves de concept chez des vignerons pilotes et espère travailler avec une quarantaine de viticulteurs cette année. Compter 1 000 euros l’hectare pour une cartographie des niveaux en cuivre du sol et la fourniture des graines.

Plus d’infos : contact@biomede.fr ou 06 51 93 83 36.

Les plus lus

<em class="placeholder">Tracteur New Holland T4.120.F AutoCommand et benne à vendange et machine à vendanger</em>
New Holland - La transmission à variation continue arrive sur les tracteurs spécialisés T4F

New Holland intègre désormais la transmission à variation continue sur ses tracteurs spécialisés.

<em class="placeholder">Lien QRcode permettant de postuler au concours de la meilleure astuce.</em>
Postulez au concours de la meilleure astuce viti-vinicole de Réussir Vigne

La rédaction de Réussir Vigne lance le concours de la meilleure astuce, ouvert du 15 octobre au 15 novembre 2025.…

<em class="placeholder">Cédric Guy, viticulteur sur 5,30 ha et ETA à Sainte-Gemme, dans la Marne</em>
Dans la Marne : « L’ETA m’a permis d’amortir rapidement mon matériel viticole »

Cédric Guy, viticulteur sur 5,30 hectares et ETA à Sainte-Gemme, dans la Marne, s’est lancé dans la prestation pour…

[Vidéo] En Côte-d'Or : « Le système de protection des vignes de Bienesis est un outil d’avenir »

Une toile qui se déplie pour protéger les vignes des aléas, c’est le dispositif imaginé par l’entreprise Bienesis et que teste…

[Vidéo] Rentabilité : « Mon meilleur investissement sur mon exploitation viticole est un châssis de travail du sol »

Joël Fugler, vigneron coopérateur de la cave du Vieil Armand à Soultz-Wuenheim, en Alsace, a investi dans un Acolyte de…

<em class="placeholder">Tracteur spécialisé Massey Ferguson MF 3 dans un verger</em>
Massey Ferguson - La transmission à variation continue sur les tracteurs spécialisés

Massey Ferguson propose désormais sa transmission Dyna-VT sur les deux modèles les plus puissants des gammes de tracteurs…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole