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Comment bien réussir sa plantation de vigne ?

Lors d’un webinaire organisé par l’ATV49 le 3 février, Perrine Dubois, conseillère à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, a prodigué ses conseils pour une plantation de vigne réussie.

Une plantation réalisée dans les règles de l'art permet un bon enracinement et une meilleure résistance de la vigne aux aléas climatiques.
Une plantation réalisée dans les règles de l'art permet un bon enracinement et une meilleure résistance de la vigne aux aléas climatiques.
© P. Cronenberger

« Il est indispensable de favoriser l’exploration racinaire dans toute la réserve utile du sol, pour que les racines puisent des minéraux et des oligoéléments, a replacé Perrine Dubois, conseillère à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, lors d’un webinaire dédié à l’eau et au changement climatique. Le zinc, le fer et le molybdène sont des cofacteurs de réaction enzymatique pour synthétiser les molécules de défense naturelle contre les pathogènes. »

Une bonne exploration racinaire, tout en favorisant la longévité de la vigne, permet des débourrements plus tardifs et limite donc les dégâts de gel.

1 Soigner l’arrachage

Avant de songer à la plantation en elle-même, il est souhaitable de réaliser un arrachage le plus propre possible. Pour ce faire, Perrine Dubois recommande d’avoir recours à un godet d’arrachage avec peigne, plutôt qu’à une arracheuse en U. Le premier, s’il nécessite 15 heures par hectare, permet d’extraire davantage de racines et évite toute intervention pour ôter les racines de la parcelle. À l’inverse, avec une arracheuse en U, cette dernière opération nécessite environ 25 heures par hectare, qui s’ajoutent au temps de travail de l’arracheuse (environ 1 heure et demi par hectare).

La conseillère préconise ensuite de laisser le sol se reposer au minimum un an et demi, et deux ans et demi pour un effet optimum. « Lorsque les racines de la prairie envahissent les racines mortes des anciens ceps, c’est bon signe, déclare-t-elle. On peut alors replanter. » Dans le cas de vigne atteinte de court-noué ou de pourridié, un repos de sept ans est indispensable, sous peine d’avoir sa nouvelle plantation contaminée.

2 Fertiliser juste après l’arrachage

Une fois la vigne arrachée, une fertilisation soignée est de mise. « Il faut mettre de grosses quantités de matière organique avant d’implanter un couvert, conseille Perrine Dubois. Et non juste avant la plantation de la vigne. » En effet, les racines du couvert permettent une répartition homogène et profonde de la matière organique, rendue biodisponible par l’intermédiaire de la décomposition des racines. Par ailleurs, Perrine Dubois préconise de ne pas enfouir la matière organique pour éviter toute fermentation qui pourrait être toxique pour les racines.

En ce qui concerne le choix du couvert, tout dépendra de la parcelle. En règle générale, on optera pour des espèces annuelles, avec un mélange de 50 % de légumineuses (pois fourrager, vesce de Narbonne, féverole, vesce commune, voire lupin jaune et lentilles), 40 % à 50 % de graminées (avoine, triticale, seigle, orge, alpiste des Canaries) et 0 à 10 % d’autres plantes, à l’instar du lin, du sarrasin, du colza, du pavot de Californie ou encore du tagète.

En cas d’historique de court-noué, Perrine Dubois dissuade d’employer du sarrasin, de la phacélie, du chanvre et du sorgho. Pour lutter contre le pourridié, il faut favoriser l’orge et bannir le blé, la fève, le haricot, le maïs et le rosier. Enfin, si le sol est « pollué » en cuivre et/ou zinc, la plantation de moutarde blanche et de tournesol seront bénéfiques, à condition de sortir les parties aériennes de la parcelle.

3 Éviter les semelles de labour

« Souvent, on constate que les racines de la vigne ne descendent qu’à 25 cm de profondeur, alors que le sol a une profondeur importante, avec une bonne réserve utile, et qu’il est meuble », regrette Perrine Dubois. Cela provient généralement d’un blocage des racines par une semelle de labour laissée à la plantation. Lorsque les racines sont arrêtées entre 40 et 60 cm, cela provient d’une semelle de défonçage. « Tout cela est traumatisant pour les sols », prévient la conseillère.

Afin d’éviter ce phénomène, Perrine Dubois préconise d’enchaîner plusieurs opérations. « Il faut tout d’abord utiliser un outil à dents, de type covercrop, pour mélanger le fumier et le couvert », explique-t-elle. Puis il est utile de passer un chisel, qui créera de la terre fine. « Ensuite, il est indiqué de travailler avec un vibroculteur et un rouleau casse motte pour niveler et affiner la terre », note-t-elle. À l’inverse, il faut éviter les rotavators, les herses rotatives ou encore les charrues. Le sous-solage avec une dent droite à 80 cm de profondeur peut être effectué mais dans des conditions particulières : il faut passer l’outil en lieu et place des futures rangées de vigne, sur sol ressuyé à sec. Mais attention : « un passage, ça va, deux passages, bonjour les dégâts ! » met en garde Perrine Dubois.

4 Bien choisir son matériel végétal

La bonne adéquation entre le porte-greffe et le type de sol est bien sûr indispensable. Ainsi, dans les zones sèches, le 44-53 Malègue, le 140 Ru, le 110 R, le 1103 Pa, le 333 EM, le 196-17 Casel, ou encore le RSB1 seront particulièrement indiqués. À l’inverse, le RGM, le Vialla, le 3309 C et le 101-14 MGt sont très sensibles à la sécheresse.

5 Adapter la longueur des racines au mode de plantation

« Soyez présents le jour de la plantation, exhorte Perrine Dubois. C’est indispensable pour vérifier le bon positionnement des racines, le réglage du soc de la machine, etc. »

Dans le cas d’une plantation manuelle à la fourchette, elle préconise de laisser des racines de 1 à 2 cm de long. « Et il faut relever légèrement le plant pour bien positionner les racines », poursuit-elle. Avec une pioche, si le trou est profond, on peut laisser des racines jusqu’à 10 cm. Avec une plantation machine, le soc ouvreur doit être réglé à 40 cm de profondeur. Il faut opter pour des racines de 5 cm de long, bien disposées « de façon verticale et si possible en étoile » détaille la conseillère. Il faut veiller à ne pas mettre le talon du cep, qui se trouve à 15-17 cm de profondeur, sur une zone compacte. Le greffon doit dépasser du sol de 2 à 5 cm.

6 Prendre soin du plantier

Une fois la vigne en place, et durant les trois premières années, il est primordial de maîtriser l’herbe de manière mécanique sur la totalité de la plantation. Et ce, durant toute la période végétative. De même, il faut veiller à ne pas laisser trop de charge, car les raisins concurrencent alors les racines. « Je conseille d’éclaircir jusqu’à la quatrième feuille », avance Perrine Dubois. Selon la vigueur de la vigne, on pourra ainsi laisser deux à quatre grappes par pied en troisième feuille et quatre à six grappes l’année suivante.

 

Les porte-greffes et la thyllose

La thyllose est une maladie physiologique au niveau des vaisseaux xylémiens du porte-greffe. Des genres de bouchons, nommés thylles, obstruent les vaisseaux, provoquant un folletage (excès de transpiration par rapport aux capacités d’absorption d’eau de la plante) et un flétrissement des feuilles. Les porte-greffes les plus concernés sont le 161-49 C, le SO4, le 3309 C et le 5BB.

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