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Viticulture en biodynamie : une démarche, deux marques

La biodynamie a le vent en poupe depuis quelques années. Les vignerons qui veulent s’engager dans la démarche ont le choix entre deux marques, Demeter ou Biodyvin. Le point sur les principales similitudes et différences.

Le nombre de vignerons en biodynamie croit de plus de 10% par an. Les deux marques qui se proposent pour certifier la démarche offrent quelques différences. Leur fusion n'est pas envisagée pour l'instant. © J.-C. Gutner/Archives
Le nombre de vignerons en biodynamie croit de plus de 10% par an. Les deux marques qui se proposent pour certifier la démarche offrent quelques différences. Leur fusion n'est pas envisagée pour l'instant.
© J.-C. Gutner/Archives

Les deux associations Demeter et Biodyvin ne totalisent à elles deux qu’environ 700 adhérents vignerons en France mais avec une forte progression dans les demandes d’adhésion. « On a clairement un engouement, le nombre d’adhérents croît de plus de 10 % par an depuis cinq ans », rapporte Hélène Darras, chargée de communication chez Demeter. Même dynamique chez Biodyvin : « on avait 30 demandes d’adhésion en 2017, et 60 en 2019 », confirme Bernadette Blatz, secrétaire générale de Biodyvin. Si les deux marques certifient toutes les deux des domaines en biodynamie, elles diffèrent cependant sur plusieurs points.

Demeter plus ancienne, plus internationale, avec plus d’adhérents

L’association Demeter a vu le jour en 1932 en Allemagne et en 1979 en France. Elle totalise plus de 7 300 adhérents, toutes cultures agricoles confondues, répartis dans près de 60 pays. En France, on compte 900 adhérents dont 550 viticulteurs (430 certifiés, 120 en conversion). Quant au syndicat Biodyvin, il n’est apparu qu’en 1995 pour certifier uniquement l’activité vitivinicole. Il atteignait 149 adhérents en France fin 2019 et 9 à l’étranger.

Les deux organismes organisent des évènements et salons spécifiques. La marque Demeter est souvent citée comme étant plus connue à l’international. Biodyvin propose davantage d’échanges, de formations et d’expérimentations.

Une adhésion sur dégustation des vins chez Biodyvin, pas chez Demeter

Les critères à respecter pour adhérer à l’association s’avèrent plus sélectifs chez Biodyvin que chez Demeter. D’abord, seuls les vignerons certifiés en bio, ou au minimum en troisième année de conversion, peuvent y déposer un dossier de demande d’adhésion alors que Demeter accepte les demandes de vignerons en conventionnel, s’ils s’engagent parallèlement dans une conversion à l’agriculture biologique.

Ensuite l’adhésion Biodyvin s’obtient par approbation du comité de direction de l’association après une visite du domaine candidat et après une dégustation de trois vins du domaine. L’an dernier, seuls 12 candidats sur 45 ont pu adhérer. Biodyvin ne se dit pas élitiste pour autant, « nous proposons des vins à tous les tarifs ».

Chez Demeter, l’adhésion se fait sur dossier sans visite ni dégustation. Les deux marques acceptent dorénavant les domaines uniquement viticoles mais Demeter demande la mise en œuvre d’un plan biodiversité pour 10 % des surfaces.

Après adhésion, suit une période de conversion de trois ans, qui peut être raccourcie en fonction de l’antériorité en biodynamie et en bio.

Un coût fonction du chiffre d’affaires chez Demeter

Pour les deux marques, les certifications sont délivrées par les associations après une visite annuelle de tous les domaines. Biodyvin a recours à l’organisme de contrôle extérieur Ecocert, Demeter envoie soit des contrôleurs internes, soit des contrôleurs d’organismes externes.

Le coût de l’adhésion à Biodyvin est basé sur un forfait de 200 € par an auquel s’ajoutent 20 €/ha (plafonné à 40 ha) et le coût d’Ecocert. Chez Demeter, le coût de la certification varie en fonction du chiffre d’affaires : en plus du forfait d’adhésion, l’adhérent certifié doit verser un droit de marque de 0,4 % du chiffre d’affaires réalisé avec la marque Demeter, « pour mutualiser les cotisations entre agriculteurs ».

Un cahier des charges plus détaillé chez Demeter

Le cahier des charges Biodyvin se résume à trois pages tandis que celui de Demeter en compte plus de 20. À la vigne, les deux marques demandent l’ajout de composts et la pulvérisation des préparations biodynamiques de base : la 500 ou la 500P (à base de bouse de vache) sur les sols, la 501 (à base de silice) sur la vigne, à dose homéopathique (moins de 100 g/ha). Biodyvin insiste sur la préparation Maria Thun.

Pour le reste, Biodyvin tolère tous les produits phytosanitaires figurant sur le cahier des charges bio comme le pyrèthre, le bacillus thurengensis, les tisanes ainsi que le soufre et le cuivre jusqu’à 4 kg/ha/an lissés sur sept ans. Demeter limite le cuivre à 3 kg/ha/an lissés sur sept ans mais tolère 4 kg sur dérogation et tolère aussi soufre mouillable et soufre fleur, pyrèthre et bacillus. Les fumiers d’origine conventionnelle sont acceptés par Demeter s’ils proviennent d’élevage extensif et sont compostés au moins 6 mois avec des préparations biodynamiques.

Un peu moins de SO2 chez Demeter

Les deux marques autorisent mais limitent le SO2 total dans les vins. À titre d’exemple Biodyvin tolère 80 mg/l dans les rouges secs, 105 mg/l pour les blancs et rosés. Demeter est un peu plus strict et n’autorise que 70mg/l dans les rouges secs et 90 mg/l dans les blancs et rosés. Mais des dérogations sont possibles jusqu’à 100 mg/l pour les rouges et 120 pour les blancs secs chez Demeter et jusqu’à 110 et 135 mg/l pour les vins élevés plus de neuf mois chez Biodyvin.

Globalement, à la cave, l’objectif de Biodyvin est de produire un vin sans aucun ajout, ni aucun retrait mais sans pour autant le perdre. Tous les intrants et pratiques du cahier des charges bio sont donc exceptionnellement tolérés si besoin, sur justification. Demeter est plus strict sur les intrants acceptés ou refusés mais, là encore, des dérogations sont possibles. À titre d’exemple, azote, CO2, sucre, albumine d’œuf, pois, bentonite, caséine, et même charbon sont autorisés. Les levures et bactéries commerciales sont autorisées pour la prise de mousse et sur dérogation en cas d’arrêt de fermentation. Acidification et désacidification sont tolérées seulement sur dérogation. La filtration sur membrane stérilisante est autorisée ainsi que le chauffage de la vendange et des vins mais limité à 35 °C maximum.

Par ailleurs, Biodyvin a décidé l’an dernier de ne plus tolérer de mixité, à savoir de vinification conventionnelle et biodynamique dans un même chai.

Témoignage : Jean-Paul Zusslin, domaine Valentin Zusslin en Alsace

« Une double certification depuis vingt ans »

« J’ai d’abord adhéré à Demeter en 98. J’ai ajouté Biodyvin en 2000, à sa création, car la structure nous permettait d’échanger davantage sur les problématiques spécifiquement viticoles et de nous former. Actuellement je suis en pleine réflexion pour garder les deux marques ou pas, par soucis de cotisation et d’alignement de logos sur les bouteilles. Je ne vois pas trop de différence entre les deux marques à l’export, Demeter était plus connue mais Biodyvin l’est de plus en plus. En revanche, je ne suis pas entièrement d’accord avec le mode de calcul de la cotisation Demeter sur le chiffre d’affaires car en viticulture, si le CA est important, cela ne veut pas dire que l’on gagne plus que d’autres cultures.

Sinon, les deux cahiers des charges sont de bonnes bases pour commencer mais, pour moi maintenant, ils ne sont pas assez restrictifs. On arrive très bien à diminuer le cuivre à moins de 2 kg même en forte pression avec des tisanes, huiles essentielles et teintures mères. »

Pas de fusion dans l’immédiat

La fusion des deux associations n’est pas à l’ordre du jour. Le vice-président de Demeter France, Frédéric Geschickt, s’y montre pourtant favorable : « Si Biodyvin veut nous rejoindre, j’en serai ravi. Je regrette que le travail de rapprochement entamé il y a quelques années n’ait pas abouti. Avoir une seule certification serait moins confus pour le consommateur. » En revanche Biodyvin s’y oppose. « Pourquoi est-ce qu’il n’y aurait qu’un seul syndicat, qu’une pensée unique ? Historiquement Demeter ne voyait pas d’un bon œil les domaines en culture spécialisée. Même si ce n’est plus le cas maintenant en France, cela perdure un peu au niveau de Demeter International. »

À noter qu’il existe d’autres petites associations en biodynamie comme Terra Dynamis en Gironde (site : dynamis.tv).

 

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