Aller au contenu principal

3 leviers pour limiter le cuivre dans les vins sans réduire le potentiel aromatique

Les résidus cupriques dans les moûts nuisent aux cinétiques de fermentation et aux profils aromatiques des vins blancs et rosés. Trois pratiques œnologiques permettent de limiter ou éliminer le cuivre, tout en maximisant l’extraction de ces composés aromatiques.

40 à 80% de cuivre est piégé dans les bourbes. Un traitement au chitosane doublé d'une filtration permet d'assainir les bourbes en vue de leur réincorporation dans le jus clair.   © P. Cronenberger
40 à 80% de cuivre est piégé dans les bourbes. Un traitement au chitosane doublé d'une filtration permet d'assainir les bourbes en vue de leur réincorporation dans le jus clair.
© P. Cronenberger

Si le meilleur moyen d’éviter d’avoir des teneurs en cuivre excessives dans les moûts reste de limiter son utilisation à la vigne, plusieurs actions peuvent être réalisées au chai pour corriger le tir. L’un des volets du projet Biocuvitiœno, mené par l’IFV Occitanie entre 2018 et 2020, a permis d’identifier quelques pistes intéressantes.

Lire aussi " AromaLoc préserve les arômes fermentaires "

1 Les macérations pelliculaires

Contrairement aux idées reçues, les macérations pelliculaires ne favorisent pas le transfert du cuivre des raisins vers le moût. C’est ce qu’ont démontré les chercheurs de l’IFV Occitanie dans leurs essais sur des rosés des Costières-de-Nîmes et des vins blancs de Gaillac. « Les macérations pelliculaires favorisent l’extraction des thiols, des terpènes, et dans une moindre mesure des esters et acétates. Mais elles n’ont pas d’effet significatif sur une hausse des teneurs en cuivre dans les moûts après pressurage », rapporte Audrey Petit, chercheuse à l’IFV. Pour Laure Vatin, cheffe produit à l’Institut Œnologique de Champagne (IOC), le seuil de 1 mg de cuivre par litre dans les moûts est à ne pas dépasser pour éviter de compromettre la production de thiols.

Lire aussi " Le cuivre, ennemi des thiols ? "

2 Le débourbage

D’après les chercheurs de l’IFV, le débourbage permet d’éliminer entre 40 et 80 % des teneurs en cuivre du jus de pressurage. « Mais les bourbes sont riches en précurseurs aromatiques donc il peut être intéressant d’en réincorporer une partie dans les jus avant fermentations alcooliques. Dans ce cas, il est fortement recommandé de coller et de filtrer les bourbes au préalable », commente Laure Vatin.

Lire aussi " Le débourbage par flottation se perfectionne "

3 L’ajout de chitosane

« Les propriétés chélatrices et antiradicalaire du chitosane lui confèrent une action efficace pour éliminer le cuivre résiduel ainsi que le fer », rapporte Laure Vatin. Son pouvoir est d’autant plus important lorsqu’il est associé à la protéine de pois ou aux écorces de levures. « L’efficacité est maximale lorsque le chitosane est ajouté avant débourbage », ajoute Laure Vatin.

[1] Le chitosane existe sous deux formes chimiques, il s'agit ici de celle destinée au collage, et non au traitement microbiologique

voir plus loin

80 à 90 % du cuivre est éliminé pendant la fermentation alcoolique

D’après les essais de l’IFV, les teneurs en cuivre chutent de 80 à 90 % entre la fin du pressurage et la fin des fermentations alcooliques (FA). À elle seule, la FA permet d’éliminer entre 50 et 60 % du cuivre. « Les deux modalités étudiées correspondaient à une stratégie à 6 kg/ha/an et 4 kg/ha/an. Dans les deux cas, les teneurs en cuivre en fin de FA se situaient entre 0,1 et 0,4 mg/l, soit des teneurs quasiment nulles », explique Audrey Petit, chercheuse à l’IFV. Elle remarque que les cinétiques de fermentation sont peu impactées par la présence de cuivre lorsque les moûts ont été ensemencés avec des levures commerciales. Mais un temps de latence plus important est observé en fermentations spontanées. « À partir de 10 mg/l dans les moûts, il y a un impact sur la perte de viabilité de certaines souches en début de FA et sur la production d’acidité volatile », complète Laure Vatin, cheffe produit à l’IOC.

Les plus lus

Le Biogel d’AquaGreen Protect est pulvérisé sur la vigne sous forme de mousse. En séchant, cette dernière protégerait la vigne du gel.
Lutte contre le gel de la vigne : deux nouveaux produits un peu givrés

Deux firmes viennent de lancer des produits visant à lutter contre le gel de la vigne via la création d’une gangue protectrice…

Le poudrage est souvent réservé à la période sensible.
Soufre poudre ou mouillable : les critères de choix en vigne
Bien que le soufre mouillable ait de nombreux avantages en termes d’emploi, la forme en poudre n’est pas à négliger. Elle permet…
Le Dyna-Drive est un outil de travail du sol auto-animé réalisant un mulchage en superficie.
« Le Bomford Dyna-Drive est un outil interrang entre le rolofaca et le rotavator »

Jérôme O’Kelly utilise depuis quatre ans un outil de travail du sol auto-animé.

Fabien Marie, viticulteur en Charente-Maritime : « La rogneuse traînée est incomparable en termes de maniabilité dans les tournières. »
« Je gagne en débit de chantier avec ma rogneuse traînée »

Viticulteurs et entrepreneurs en Charente-Maritime, Laurent et Fabien Marie sont équipés de deux rogneuses traînées. Un…

René Becker, consultant et formateur indépendant, spécialiste de la biodynamie.
« En 100 ans, la viticulture en biodynamie n’a jamais été aussi actuelle »
René Becker, consultant et formateur en biodynamie, dresse un bilan et des perspectives pour la biodynamie à l’occasion du…
Certains constructeurs combinent une tondeuse à une rogneuse.
Les rogneuses traînées, synonymes de productivité

Les rogneuses traînées sont des machines offrant de bons débits de chantier, adaptées à des surfaces minimales de 30 à 40…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole