17 000 ETP en moins : pourquoi la réforme de la PAC a fait chuter l’emploi agricole en France en 2023 ?
La chute de l’emploi agricole s’est accentuée en 2023, selon des estimations récemment publiées par le ministère de l’Agriculture. Une baisse à mettre en lien avec le critère d’agriculteur actif introduit dans la PAC 2023. Explications.
La chute de l’emploi agricole s’est accentuée en 2023, selon des estimations récemment publiées par le ministère de l’Agriculture. Une baisse à mettre en lien avec le critère d’agriculteur actif introduit dans la PAC 2023. Explications.

En France métropolitaine, l’emploi agricole a perdu 16 990 équivalents temps plein (ETP) en 2023 pour atteindre 663 190 ETP, soit un recul de 2,5% après une hausse de l’emploi de 1,2% en 2022. Une chute bien plus marquée que la tendance à la baisse observée sur l’ensemble de la période 2010-2022.
Voilà ce qui ressort des estimations de l’emploi agricole publiées début août par Agreste, à partir des données 2020 du recensement agricole et des déclarations MSA pour les années suivantes. Et cette baisse de l’emploi agricole entre 2022 et 2023 « est en partie liée à la nouvelle programmation 2023-2027 de la PAC qui a introduit un critère « d’agriculteur actif » pour être éligible aux aides de la PAC, notamment aux aides directes », explique la publication Agreste. Pourquoi les auteurs arrivent-ils à cette conclusion ?
Relire : Combien restera-t-il d’exploitations agricoles en France en 2035 ?
Quelles catégories d’actifs agricoles voient leur volume de travail diminuer ?
Quasiment toutes les catégories d’actifs agricoles voient leur volume de travail diminuer entre 2022 et 2023, comme les saisonniers ou occasionnels (-1,8%), les ETP de prestations externes par les ETA et Cuma (-1,8%) ou en encore les conjoints ou autres actifs non-salariés (-10%, dans la continuité de la tendance très marquée observée depuis 2010). Mais ce sont surtout les ETP au sein des chefs d’exploitation ou coexploitants dont la chute, de 13 330, s’accélère (à -3,5% contre -1,4% en moyenne entre 2010 et 2023).
Emploi agricole en 2023 selon la catégorie d’actif
Nombre d'ETP | Evolution (%) | ||||
Catégorie d'actif | 2023 | Solde 2023 - 2022 | Moyenne annuelle entre 2010 et 2023 | 2023 / 2022 (%) | 2024 (p) / 2023 (%) |
Chef d'exploitation ou coexploitant | 369 850 | - 13 330 | -1,4 | -3,5 | -1,9 |
… sous statut individuel | 141 220 | - 10 200 | -3,3 | -6,7 | -3,2 |
… sous statut sociétaire | 228 630 | - 3 130 | 0,0 | -1,4 | -1,1 |
Conjoint ou autre actif non salarié | 21 070 | - 2 340 | -9,3 | -10,0 | -8,3 |
Salarié permanent (1) (2) | 177 350 | +450 | 1,8 | 0,3 | 2,5 |
Saisonnier ou occasionnel | 77 200 | - 1 440 | -0,2 | -1,8 | 0,7 |
ETA, Cuma | 17 720 | - 330 | 3,3 | -1,8 | 3,2 |
Tous actifs | 663 190 | - 16 990 | -1,0 | -2,5 | -0,5 |
Champ : exploitations agricoles de France métropolitaine
(1) À l'exclusion des chefs et coexploitants salariés
(2) Y compris les conjoints salariés et les autres actifs familiaux salariés
(p) données provisoires
Source : Agreste - Recensement agricole ; MSA ; traitements SSP
Pourquoi la baisse de l’emploi agricole non-salarié est liée à la définition des agriculteurs actifs ?
Entre 2022 et 2023, le nombre de cotisants non-salariés à la MSA a reculé de 3,6%, après -1,1% en 2022 et -1,1% en 2021.
En analysant de plus près les chiffres, la publication Agreste souligne qu’environ deux tiers de ce surplus de baisse de 2,5 points du nombre de cotisants non-salariés MSA (par rapport aux années passées) s’expliquent par une diminution du nombre de cotisants de plus de 67 ans ou n’étant pas redevables de l’Atexa.
Ainsi le nombre de cotisants MSA non-salariés de plus de 67 ans et non redevables de l’Atexa aurait diminué de 8 295 (contre -4768 en 2022 et -4866 en 2021).
Soit une population « affectée par la réforme de la PAC ».
Des aides directes de la PAC réservées aux agriculteurs actifs
Pour rappel depuis 2023, pour percevoir la plupart des aides de la PAC, dont les aides directes, un exploitant agricole doit être « un agriculteur actif ». Les exploitants de plus de 67 ans ayant fait valoir leurs droits à la retraite et ceux non affiliés à l’Atexa (c’est notamment le cas lorsqu’ils n’atteignent pas 40% de la surface minimale d’assujettissement) ne sont ainsi plus éligibles à ces aides.
Ce changement dans la PAC « aurait ainsi accéléré la cessation d’activité de nombreuses microexploitations, en particulier, celles détenues par les retraités de plus de 67 » comme le soulignait déjà une note Agreste de juin 2025 intitulée « enquête sur la structure des exploitations agricoles en 2023 ».
Lire aussi : Agriculteur actif et PAC 2023 : quels sont les critères à respecter pour toucher les aides ?