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Les agriculteurs bio gardent le moral malgré la crise, selon un sondage

Malgré la baisse des ventes de produits bio, les agriculteurs engagés dans l’agriculture biologique gardent le moral selon un sondage de l’Agence Bio présenté au salon Tech&Bio.

papillon sur une fleur dans un champ
© Christian Gloria

Alors que le secteur connaît une crise, les résultats du premier baromètre du moral des agriculteurs et agricultrices bio qui ont répondu à un questionnaire de l’Agence Bio ont été présentés ce 20 septembre au Salon Tech&Bio (1). Il en résulte qu’ils sont heureux et fiers de leur métier et qu’ils gardent le moral pour l’avenir de leur secteur.

Il apparaît que 86 % des répondants déclarent qu’être en agriculture biologique contribue à leur bonheur et 95 % sont fiers d’être en bio. Plusieurs motivations majeures ont poussé les agriculteurs à se convertir en bio, si l’on en croit le sondage : prendre soin de l'environnement (eau, sols, air, biodiversité) pour 85 %, préserver la santé (la leur, de leur famille, leurs proches, salariés, voisins et consommateurs) pour 77 % et retrouver la fierté de produire des aliments bons et sains pour 55 %.

62 % confiants quant à l’avenir du développement du bio

Ils sont par ailleurs 62 % à exprimer leur confiance quant à l’avenir du développement du bio, un optimisme encore plus marqué parmi ceux engagés en 100 % bio avec 68 % de confiance exprimée. Toutefois, en entrepreneurs avisés, les agriculteurs bio sont aussi très préoccupés par les difficultés auxquels ils doivent faire face.
 

Mais un agriculteur bio sur deux déplore une faible plus-value

Ainsi 50 % déplorent la faiblesse de plus-value sur une ou l’ensemble de leurs productions, 43 % s’inquiètent de la suppression des aides au maintien et 38 % redoutent de devoir faire face à l’alourdissement et à l’augmentation des dépenses liées à la production et la main-d’œuvre.


Des solutions existent, selon les agriculteurs bio

Pour autant selon eux, des solutions existent pour surmonter leurs difficultés et maintenir leur production en bio. Ils en appellent au « collectif, du citoyen-consommateur à la puissance publique » afin de :

• vendre au juste prix la production agricole bio (55 %) ;

• renforcer l’information du grand public sur ce qu’est l’agriculture biologique, ses bienfaits (51 %) ;

• renforcer les aides (46 %) ;

• baisser les charges (40 %) ;

• développer l’organisation des filières (38 %).

Les agriculteurs bio sont-ils formés ?

S’ils sont 72 % à ne pas avoir suivi de formation initiale en agriculture biologique avant leur conversion ou leur installation, ils sont 56 % à déclarer suivre une formation au moins une fois par an. Les agricultrices et agriculteurs bio s’appuient aussi sur différents types d’entraides pour conduire leur exploitation : famille, conjoint, ami, etc. Il est à noter que 78 % se font accompagner par des structures de développement et d’accompagnement (Chambres d’Agricultures, ONVAR, associations ou autres….) pour optimiser leur activité.


Recruter de nouveaux talents dans le bio

Dans un contexte de départs massifs à la retraite dans la prochaine décennie, le bio a la volonté de recruter les nouveaux talents, y compris en dehors du milieu agricole. Ainsi 50 % des agriculteurs bio sont Non Issus du Milieu Agricole (NIMA), réservoir de candidats à la reprise, ce qui tend à prouver l’attractivité des pratiques du cahier des charges bio. De plus, entre 24 et 48 % des candidats à l’installation, suivant les régions, souhaitent s’installer en bio.
 

64 % des plus de 60 ans ont un projet de transmission de leur ferme

La question de la formation et de la communication sur le bio dans l’enseignement agricole et non agricole est donc primordiale pour constituer la relève d’un secteur agricole confronté à un défi générationnel et une fracture entre ville et champs. Il faut souligner que 64 % des plus de 60 ans ont un projet de transmission de leur ferme, et l’enjeu est que ces fermes restent en bio pour l’Agence Bio qui souligne que les « 60 000 fermes bio de France constituent un patrimoine national qui donne à la France sa position de championne européenne de la production bio et qu’il faut préserver à tout prix au nom de la souveraineté alimentaire, et de notre objectif de 18 % de surfaces en bio ».
 

Faciliter l’installation

L’Agence Bio conclut en ces termes ce premier baromètre : « Pour éviter une régression en surface et nombre de fermes bio, qui serait dommageable pour la transition alimentaire et agricole en cours, il est crucial de pouvoir faciliter l’installation et pérenniser des débouchés pour les aspirants au bio. Il est désormais nécessaire de piloter le marché bio autant par l’offre que par la demande et d’avoir un consommation alimentaire cohérente avec nos ambitions de transition agricole ».
 

La Fnab réagit en demandant au gouvernement des « moyens significatifs »

La Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) a réagi à la publication de ce premier baromètre avec un communiqué dans lequel elle estime : « Il est temps que le gouvernement prenne la mesure de la situation et que des moyens significatifs soient enfin débloqués ». « On savait déjà qu’avec 70 millions d’euros sur l’année 2023 le fonds d’urgence était sous doté par rapport aux 150 millions d’euros de pertes chiffrés sur 2022 par le lait, le porc et les fruits et légumes. Mais outre le manque de moyens, la rigidité des critères mis en place bloque de nombreux agriculteurs dans l’accès au fonds », poursuit la Fnab. Elle ajoute : « Il est urgent que le ministère facilite le dépôt des dossiers de demandes d’aides en permettant de la souplesse notamment sur le critère de trésorerie : réintégration des salaires non perçus, réintégration des apports de trésorerie en fonds propres, acceptation des attestations prévisionnelles pour les comptabilités qui se clôturent après le 31 mai ».

« Ce qui fonctionne déjà en conventionnel doit rapidement pouvoir bénéficier à la bio »

Pour développer son argumentaire, la Fnab explique : « En 2023 c’est le tour des grandes cultures de s’enfoncer dans la crise. Sur la seule filière blé tendre, première céréale collectée en France, la perte moyenne se situe actuellement entre 100 et 150 euros la tonne, ce qui représente jusqu’à 60 millions d’euros de perte sur cette seule production ». « On voit bien qu’on ne peut plus se contenter de mesures pansements, il faut un soutien massif pour passer le cap et réfléchir à tous les outils de régulation dont on dispose pour soutenir les filières bio : achats des stocks par l’Etat, financement du déclassement en dernier recours... Ce qui fonctionne déjà en conventionnel doit rapidement pouvoir bénéficier à la bio » conclut Philippe Camburet, président de la Fnab.

  1. Une enquête envoyée à l’ensemble des 59 481 agricultrices et agriculteurs bio de France. 11 625 répondants à un questionnaire en ligne du 12 avril au 09 mai 2023, soit 20% de taux de réponse. Suivi de 28 entretiens téléphoniques pour approfondir les mécanismes en jeu à travers des verbatims entre le 25 juillet et le 11 août.

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