Un lot homogène réduit le risque de picage du canard
Viser un lot homogène par un bon démarrage et maintenir des conditions d’élevages uniformes contribuent à limiter le risque de picage du canard de Barbarie, comme l’explique la firme services MG2Mix.
Viser un lot homogène par un bon démarrage et maintenir des conditions d’élevages uniformes contribuent à limiter le risque de picage du canard de Barbarie, comme l’explique la firme services MG2Mix.
On aurait pu penser l’inverse mais en matière de picage chez le canard de Barbarie, ce sont surtout les petits individus qui ont tendance à piquer leurs gros congénères. Le picage sévère intervient essentiellement sur deux périodes d’élevage, en lien avec la cinétique d’apparition des plumes. La première, vers 21 jours, cible surtout la zone du croupion. La seconde phase à risque, entre 5 et 7 semaines, se traduit par un picage au niveau des ailes. Plus fréquente et plus problématique, elle peut occasionner des taux de mortalité élevés et pénaliser la croissance et l’indice de consommation. Elle correspond à une période où le GMQ est très élevé (et donc les besoins nutritionnels).
Atteindre le poids objectif à 7 jours
Adossée à sa station expérimentale de Domagné, la firme services a développé plusieurs approches, en plus du levier nutritionnel, pour mieux comprendre les troubles du comportement du canard et tenter de les limiter. Elle a réalisé deux enquêtes en élevage pour mettre en évidence les facteurs influençant. Au-delà du statut sanitaire (importance du nettoyage et de la désinfection), de la qualité de l’eau, de la densité (sur lequel l’éleveur peut difficilement agir), la qualité du démarrage est ressortie comme un facteur clé. « Il est primordial d’atteindre le poids objectif à J7 et à J21 et une bonne homogénéité de lot. » Les petits et gros individus n’ont pas les mêmes besoins nutritionnels au même moment. L’écart de poids entre congénères augmente le risque de comportement de picage venant des petits canards, plus nerveux. « Une étude réalisée en 2018 l’a démontré : dans les élevages à risque de picage, le coefficient de variation du lot atteignait 13,8 % à J7 contre 12,6 % pour ceux n’étant pas à risque. L’écart d’homogénéité entre les deux groupes d’élevages se creusait à 2,3 % à 28 jours. »
Attention à la teneur en CO2 au démarrage
La maîtrise de l’ambiance est également ressortie comme un facteur influençant, en particulier lors de la première semaine : maintenir une température adaptée, une concentration en CO2 inférieure à 2 500 ppm, éviter de sous-ventiler… Le nombre de parcs disponibles joue également. « Plus il est élevé, plus le nombre d’animaux par parc est réduit et plus on arrivera à empêcher que le phénomène de picage ne s’étende à tout le bâtiment », justifie Baptiste Ruel. Dans les élevages à risque, il conseille de maintenir les parcs des mâles jusqu’en fin d’élevage, les femelles étant très rarement sujettes au picage.
Éviter les flashs lumineux
Le type de bâtiment clair ou obscur n’est pas ressorti comme un facteur influençant. « Le risque de picage est plus élevé au printemps et durant l’été, mais cela s’expliquerait plus par un effet chaleur (baisse de la consommation et donc risque de carence) que par l’augmentation de la durée du jour. » Il n’y a pas de règles préétablies concernant le programme lumineux, les pratiques sur le terrain étant très diverses. En revanche, mieux vaut ne pas modifier les réglages en cours de lot, tout changement brutal pouvant être source de stress pour le canard (heure d’allumage, vitesse d’allumage, coupure ou pas de nuit).
C’est d’autant plus vrai en début de picage. « Il faut maintenir des conditions d’élevage les plus stables possibles et éviter tout facteur de stress supplémentaire. Mettre la pénombre dans le bâtiment aide à calmer les canards mais la luminosité doit être suffisante pour que l’éleveur puisse surveiller le lot sans avoir à l’augmenter subitement. » De même, il est conseillé de maintenir le même rythme de passage quotidien de l’éleveur. « Le premier canard piqué doit être isolé dans une infirmerie le plus tôt possible. Attirés par le sang, les congénères reproduisent vite le même comportement. Si le picage a pris trop d’ampleur, il faut alors éviter les mouvements de panique liés aux interventions, qui risquent d’amplifier le phénomène. »
Le levier enrichissement à investiguer
En cas de picage sévère, une pratique courante consiste à distribuer un aliment démarrage, plus riche en protéines. « C’est une solution efficace mais coûteuse », poursuit Anaëlle Faouen. À l’inverse de la poule pondeuse, les éleveurs de canards ont peu recours à des solutions d’enrichissement, à titre préventif ou curatif. Pour MG2Mix, ce levier reste à investiguer même si les premiers essais en station se sont révélés peu efficaces pour stopper le picage. Trois enrichissements ont été distribués à partir de 22 jours : de la ficelle suspendue ainsi que la luzerne et la paille. « On a ciblé deux consommables qui s’effilochent, en s’inspirant du comportement naturel du canard qui tire les herbes, qui fouille, mais qui ne picore pas. » Le temps d’exploration a été le plus élevé avec la luzerne, mais il diminue au fil du temps (de 6,5 % à 5 semaines à 2 % à 9 semaines). « Le canard se lassant vite, il faudrait changer toutes les semaines le type ou l’emplacement de l’enrichissement, sans que cela ne soit trop chronophage pour l’éleveur. »
MG2Mix entame aussi des essais en station, sur la modulation des courbes d’alimentation avec cette fois-ci des animaux non débecqués. Les attentes de solutions sont nombreuses de la part des organisations de production, qui doivent se préparer à l’interdiction du débecquage en élevage même si cette pratique est de plus en plus remplacée par un épointage au couvoir.
Un lien entre troubles digestifs et picage
L’outil MGBox permet d’étudier le lien entre la qualité des fientes et la survenue du picage. MG2Mix s’intéresse désormais au rôle du microbiote.
Le saviez-vous
En canard, la problématique du picage concerne essentiellement l’espèce Barbarie. Le mulard et le pékin sont peu sensibles, du fait d’un effet génétique et probablement de l’enrichissement du milieu.