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« Un gros Gaec pour la qualité de vie »

Au Gaec de la Moder, dans le Bas-Rhin, le travail est organisé pour que chacun puisse bien vivre son métier. 

Christian, Clarisse, Marc, Martine, Céline et Olivier Guth, Delphine, Jean-Jacques et Julien Schmitt, Vincent Denis le conjoint de Céline et Florian Baltzer, un ami de la famille ancien apprenti... Ils sont onze à travailler ensemble depuis 2012, sur un Gaec qui compte trois sites et cinq ateliers : les vaches traites, les veaux, les génisses et les taries, les volailles et les cultures. Au Gaec de la Moder, on travaille en famille et entre amis, avec le statut d'associé ou de salarié. « C'est suivant l'envie de chacun d'investir ou non dans une installation », indiquent Marc Guth et sa fille Céline, qui vont nous parler de l'organisation du travail.

« On s'est regroupés et associés, avec un même objectif : dégager un revenu tous les mois pour chacun et se libérer du temps libre », plantent les deux associés. Le Gaec, né en 1986, a beaucoup évolué depuis 1997, date du premier regroupement d'exploitations. Notamment avec l'installation en 2012 de Céline, de son frère Olivier et de Florian. L'après-quota a permis au Gaec, en accord avec sa laiterie Alsace lait, d'augmenter fortement sa référence laitière : de 1,7 million de litres en 2014 à plus de 2,5 millions de litres depuis 2016. Et Vincent Denis et Julien Schmitt ont rejoint la société en tant que salariés.

Plusieurs responsables par atelier

« Un Gaec, ça doit être fait pour améliorer la qualité de vie. Sans ça, il y a peu de chance qu'il dure dans le temps », insiste Marc. Le Gaec n'a pas de réglement intérieur écrit, mais les règles sont connues de tous : un versement de revenu chaque mois quels que soient les résultats du Gaec ; un week-end sur deux libre pour chacun ; de quelques jours de congé à deux semaines suivant les envies de chacun. « Les temps libres se prennent souvent par couple, et il y a quatre couples chez nous. D'où la nécessité d'être plusieurs responsables sur chaque atelier ou d'être plusieurs à savoir se servir des robots et de la mélangeuse », indique Céline. Chacun a au moins deux, voire trois responsabilités, et est relativement polyvalent, pour pouvoir réorganiser le travail quand un couple est absent.

Par exemple, Céline a en charge les soins aux veaux, l'administratif et accompagne Delphine, responsable des robots et des vaches, quand le vétérinaire vient pour le suivi de troupeau ; pour conduire la mélangeuse, au moins trois personnes doivent savoir le faire ; trois personnes ont des responsabilités sur l'atelier volaille ; etc.

Un week-end sur deux libre pour chacun

Pour les week-ends, les onze travailleurs forment deux équipes, qui ont un week-end libre sur deux. « L'hiver, nous avons quartier libre le samedi et le dimanche, et l'été nous avons le dimanche. » Les équipes sont composées pour que dans chacune d'elle, il y ait toutes les compétences nécessaires. Par exemple, qu'il y ait au moins une personne qui sache rouler et manipuler la mélangeuse automotrice. « On pourrait faire trois équipes mais cela voudrait dire en faire moins : ne pas nourrir le dimanche par exemple. Notre objectif est certes de se libérer du temps libre, mais aussi de bien vivre au travail. Nous préférons être plus nombreux pour assurer un travail bien fait, sans trop de pression. Et pour permettre à une ou deux personnes de partir en vacances. »

Pour les vacances, dès que quelqu'un veut en poser, il trace les jours souhaités et marque son nom sur le calendrier mural qui ne sert qu'à cela. « Pour le Nouvel an et Noël, on tourne, pour en profiter chacun à tour de rôle. »

Quand un responsable est en vacances, il laisse ses consignes sur les tableaux. Comme il y a au moins deux responsables par atelier, qui ne sont pas en couple, il reste toujours un responsable en poste. « Le travail est réorganisé entre ceux qui restent. Même pour les week-ends, c'est gérable vu qu'on est nombreux ; on travaille un peu plus. »

Une spécialisation en lait

Le Gaec a arrêté l'atelier taurillons en 2015 et a préféré saisir les opportunités pour augmenter la production laitière et ne faire qu'un seul nouveau bâtiment. Il a ainsi pu investir dans une nouvelle stabulation, avec de l'automatisation. Le travail a donc pu être rationalisé sur le troupeau laitier.

La nouvelle stabulation est pensée pour améliorer les conditions de travail. Elle est sur caillebotis et dotée d'un robot racleur. Le choix du robot de traite ne s'est pas imposé de lui-même. Tous les associés et salariés ont fait des visites et le choix final a été le fruit d'un consensus global. Le robot apporte une souplesse des horaires de travail qui permet de rationaliser le travail sur d'autres tâches. Par exemple, quand tout le monde doit se rendre disponible pour nettoyer les bâtiments des volailles, c'est possible ; et en deux jours tout le travail de nettoyage est accompli, et correctement. 

Un code couleur et des tableaux partout

Il y a quatre robots, et donc quatre lots de vaches traites. Chaque lot a son code couleur : bleu, jaune, orange et vert. « C'est très pratique et efficace en termes de communication. » Chaque lot a son espace avec un tableau où sont notées par exemple les vaches à inséminer, pour l'inséminateur.

Et il y a un panneau à chaque logement : pour les petits veaux en case individuelle, pour les veaux en box collectif, pour les génisses et pour les taries. Devant la mélangeuse, le panneau indique le nombre d'animaux à programmer pour la distribution de la ration. La personne responsable de la mélangeuse programme la machine avec le menu pour les vaches traites, les génisses et les taries. Et « le SMS est un super outil de communication entre nous ».

Il y a un hic. Ce sont les trois sites. « Parfois, on ne voit pas certaines personnes pendant plusieurs jours. » Donc, une réunion une fois par semaine avait été instaurée. « Finalement, au fil des mois, les réunions sont devenues moins fréquentes, et on ne s'oblige plus à en faire régulièrement. On en fait quand il y a vraiment besoin. Cela suffit pour que le Gaec tourne bien. » Par contre, « ramener les veaux et les taries sur le site des vaches traites apporterait un vrai plus », souligne Marc Wittersheim, conseiller BTPL.

Chiffres clés

7 associés et 4 salariés
275 vaches traites pour 310 vaches au total
350 génisses
450 ha de SAU dont 340 ha de terres labourables
2 bâtiments de volailles de chair de 1 500 m2 chacun

Le support papier offre une lecture directe et globale

Les éleveurs tiennent encore beaucoup au support papier : des fiches individuelles par vache avec leur historique, le disque pour le calendrier repro, un cahier où toutes les interventions sont notées avant de les saisir sur Est élevage (outil web pour gérer l'élevage et les données administratives des bovins). « C'est une sécurité en cas de panne informatique. Le disque repro offre une lecture directe et globale du troupeau », indique Céline Guth. « Cela demande de se donner un peu de peine pour remplir les fiches, cahiers..., mais au final, cela aide tout le monde à ne rien oublier et à y voir clair », souligne Marc Wittersheim, conseiller BTPL.

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